L'OASIS SECRETE, de Paul Sussman
Titre anglais = The Hidden Oasis
2000 ans avant notre ère – dans le désert d'Egypte, un groupe de prêtres d’Heliopolis commet un suicide collectif afin que ne soit jamais divulgué un secret trop grand pour l’humanité.
De nos jours, l’intrépide alpiniste Freya Hannen rejoint Dahkla afin d’y assister aux funérailles de sa sœur Alex, archéologue, une sœur dont elle s’était éloignée depuis quelques années pour une raison qui lui pèse très lourd sur la conscience – et à présent il est trop tard pour lui dire à quel point elle regrette et elle l’aime. Elle apprend qu’Alex, atteinte d’une maladie incurable, s’est donné la mort – pour Freya c’est totalement improbable, elle est convaincue que sa sœur a été assassinée, mais finalement se rend à l’évidence, rien ne prouve qu’Alex a été tuée.
Lors des funérailles, Freya rencontre les amis d’Alex = Zahir, un Bédouin qui veillait sur elle et l’assistait dans ses fouilles ; Molly Kiernan, une femme plus âgée travaillant pour la CIA, et finalement, Flin Brodie, ex-de la CIA, mais surtout archéologue, obnubilé par l’oasis mythique de Zerzura – obsession qu’il partageait avec Alex Hannen.
Celui qu’elle ne rencontre pas au cours des funérailles, mais qui la suit pas à pas, est l’homme d’affaires Girgis, un soi-disant bienfaiteur de ses concitoyens égyptiens, mais qui sous la couverture d’un philanthrope est surtout trafiquant d’armes, de drogue, de jeunes femmes, etc. Il veut récupérer toutes les photos et les notes qu’Alex auraient prises sur Zerzura, l’oasis qui cache un secret qui pourrait changer l’histoire de l’humanité.
Difficile de résumer « l’Oasis secrète » car il y a tellement de circonvolutions dans cette histoire que je me demande si j’ai tout compris – mais je crois que oui = y avait des « bons » et des « méchants », l’ennui c’est qu’il n’était pas facile de savoir qui était qui.
Les sentiments de culpabilité de la principale protagoniste m’ont émue, car ils sont décrits avec pudeur et justesse, l’hystérie de l’un des personnages principaux m’a donné froid dans le dos, mais bon les obsédés du pouvoir ne sont pas des enfants de cœur. Là où ça a quelque peu calé pour moi, c’est le moment où l’on se retrouve presque dans un épisode des X-Files – on nage soudain en pleine science-fiction !
Par contre j’ai beaucoup apprécié les descriptions de paysages du désert.
Ce roman est le 3ème écrit par Paul Sussman. Bien que trop long d’au moins un quart de roman (vraiment pas besoin de 600 pages – 400 eussent suffit) en raison des nombreuses circonvolutions utilisées par l’écrivain pour nous faire languir, j’ai apprécié cette lecture délassante, très bien écrite – l’une des raisons pour laquelle je me suis accrochée (il faut croire que pour une fois la traduction était fidèle à l’original, car Paul Sussman écrit dans un très bel anglais).
De ce même auteur j’avais été plus passionnée par « The Lost Army of Cambyses » - j’ai l’impression qu’ici il a utilisé une même trame, tout en la modifiant très légèrement.
En dehors du plaisir de lecture d’une belle écriture, il n’en reste pas moins qu’un livre trop long reste « trop long ». C’est évident que lorsqu’on lit un thriller on s’attend à avoir des rebondissements, des tas de surprises sur les personnages, mais ici il y en a tellement de ces surprises que l’on finit par se demander si l’auteur n’avait pas fumé sa carpette avant de commencer à écrire.
Je l’ai dit je me suis accrochée, vu que l’écriture était plaisante et puis je voulais connaître la fin de l'histoire, mais aussi parce que pour l’instant je me suis re-plongée dans mes études de civilisations antiques – l’Egypte pour le moment – et je désirais forcément en savoir un peu plus sur la mythique « Zerzura ». Et bien, c’est fait = je n’en sais pas plus et elle reste donc mythique pour moi-même si ce ne fut pas le cas de nos protagonistes.
Zerzura se trouverait dans la région de Guilf el Kebir et avait déjà fait l’objet de recherches – elle est ce merle blanc des archéologues, celle qu’on appelle « l’Oasis des petits oiseaux » ? Quoiqu’il en soit, toutes les recherches se soldèrent par des échecs. Au 20ème siècle, Ralph Bagnold et Laszlo Almasy (le modèle du « Patient anglais ») la recherchèrent ; ce dernier découvrit en avion la vallée de Guilf-el Kebir et prétendait avoir trouvé un tiers de l’oasis secrète.
Bagnold, par contre, estime qu’elle est et restera un mythe.
Je pense lire que l’une de mes prochaines lectures sur le sujet sera le livre de Théodore Monod – bien qu’il date des années 1980. Il s’est également rendu dans ce qui est considéré comme l’une des régions les plus arides et plus mal connues du Sahara = le désert de Lybie. Il s’y était rendu en compagnie d’un géophysicien afin d’étudier la faune, la flore, la roche (et peut être la présence de météorite).
Cependant il ne faudrait pas croire que Paul Sussman ne soit pas sérieux sur ce qu’il écrit dans le domaine de l’Egypte antique – le livre comprend une postface où il relate ce qu’il sait de Zerzura, ainsi qu’un lexique sur les termes égyptiens utilisés (mais selon les puristes, il se mélangerait un peu les pinceaux dans l’ordre des mots – peux pas savoir, je ne connais pas la langue arabe).
Cet écrivain britannique était, au départ, journaliste et égyptologue – ses romans sont considérés comme sérieux du point de vue archéologique par les égyptologues ; il est vrai que Sussman a longtemps été sur le terrain, notamment sur le projet des Tombes d’Amarna.