CONSTANTIN MEUNIER, SCULPTEUR BELGE NATURALISTE
Né à Etterbeek (banlieue bruxelloise) en avril 1831, décédé en avril 1905, Constantin Meunier commença son parcours d’artiste par la peinture.
Il mourut dans sa maison personnelle, celle que l’on appelle « Musée Constantin Meunier », où il avait son atelier de sculpture et de peinture ; l’artiste put acheter cette maison à l’âge de 70 ans, mais n’en profita malheureusement que pendant 4 années, puisqu’il mourut 4 ans plus tard.
En 1962, il épousa une pianiste française, Léocadie Gorneaux, avec qui il aura quatre enfants (2 fils et 2 filles). Afin d’assurer une vie correcte à sa famille, et une certaine sécurité matérielle, Constantin Meunier tentera une carrière dans l’enseignement artistique, mais n’obtiendra de poste de professeur de peinture à l’académie de Louvain.que vers 1887
Cette maison fut construite par Ernest Delune – architecte belge, faisant partie de ce qu’on a appelé « la 2ème génération d’Art Nouveau », influencée par Horta et Hankar. Cet architecte construisit une grande majorité d’immeubles à Ixelles où il était conseiller communal. La clientèle de la petite bourgeoisie, n’ayant pas les mêmes moyens que la haute bourgeoisie pour s’offrir les services de Victor Horta ou Paul Hankar se tournait plutôt vers lui pour s’offrir une maison Art Nouveau.
Constantin Meunier naquit au sein d’une famille de 6 enfants ; après le suicide de son père, sa mère loua une maison suffisamment grande pour en faire une maison d’accueil d’artistes.
A 14 ans il entre en apprentissage chez Charles Fraikin, afin d’y suivre les cours de sculpture (l’auteur du monument à Egmont & Hornes au Petit Sablon). Il suit les cours du soir de l’atelier Saint-Luc où il fait la connaissance de Charles de Groux par qui il apprend à connaître le réalisme de Millet et Courbet.
Chez Fraikin, le jeune garçon va malheureusement être cantonné dans les basses besognes, sera tenu à l’écart par le sculpteur et quittera l’atelier, pratiquement dégoûté par la sculpture (heureusement pour nous, il changera d’avis ultérieurement).
Il s’oriente alors vers la peinture avec François-Joseph Navez, faisant partie du néo-classicisme belge, qui met l’accent sur l’observation et l’interprétation personnelle de la nature.
Meunier peint dans un style réaliste, mais plutôt conventionnel, des scènes religieuses et historiques – jusqu’en 1875 où l’on situe le moment-clé de sa carrière d’artiste. Il retourne alors vers la sculpture.
Pour améliorer ses finances, il accepte des commandes, dont l’une le fait partir en Espagne pour l’état belge. A Séville, en dehors des œuvres commandées, il peint la procession des pénitents (en cagoule), l’atelier des cigarières, les danseuses de flamenco dans les bodegas.
C’est une première « rencontre » avec un monde du travail, différent de ce que l’on peint à l’époque.
En compagnie de Camille Lemonnier (auteur de romans naturalistes) et du peintre Xavier Mellery, il parcourt la Wallonie, et plus particulièrement le pays noir ; il y découvre les industries comme les verreries (Val St Lambert), et l’industrie métallurgique, ainsi que les briqueteries Cockerill (Seraing). Il ira également à Anvers, observer les dockers. Au cours de ses pérégrinations, il prend de nombreux croquis – ces dessins au fusain ont une force extraordinaire, bien plus de puissance que ne montrent ses peintures.
Il exalte désormais « Le Travailleur » - le réalisme social des travailleurs. Son œuvre choque, car Meunier veut monter le travail sous toutes ses formes, surtout le métier de mineur, dont il veut offrir un portrait positif (plus subjectif qu’objectif). Même le mineur ne se reconnaît pas vraiment dans l’œuvre de l’artiste, car Meunier idéalise le travailleur, en fait un personnage plein de force, de fierté. L’anatomie même des travailleurs est idéalisée.
Constantin Meunier veut leur donner la dignité que ne leur confèrent pas les patrons et le public
C’est en 1896 que grâce à ce thème de la vie des mineurs du Borinage que Constantin Meunier connaît la consécration, non seulement à Paris mais également en Allemagne.
Constantin Meunier n’aura aucune appartenance politique, mais sera apprécié par le POB (parti ouvrier belge qui vient de se créer). L’artiste se veut que son œuvre soit un témoignage, non une revendication, en dehors de toute école ou de tout parti. L’avocat socialiste, Edmond Picard, soutiendra en tout cas Meunier dans des articles remplis de louages à l’égard de son travail ; d’autre part, Meunier contribuera aussi aux salons des cercles progressistes comme « Les Vingt » et « La Libre Esthétique ».
La maison-atelier de l’artiste rue de l’Abbaye à Ixelles
Dès l’entrée on y découvre des reliefs ornés de profils d’enfants (ses filles, et notamment Charlotte qui prit soin de la collection de son père après sa mort).
Le corridor a été aménagé en galerie de dessins, on y découvre dans des vitrines, des petites huiles, ainsi que les palettes de l’artiste. Crayon, pastel, mais surtout fusain, constituent la plupart de son travail – portraits familiaux, scènes bourgeoises et religieuses.
Dans l’atelier de peinture (à côté du jardin) se retrouvent des œuvres ne montrant pas le monde du travail (Séville, scènes de la guerre des paysans, figures mythologiques).
Et finalement, l’atelier de sculptures où se retrouvent des plâtres, projets de ses commandes monumentales – avec les statues que l’on retrouve (en bronze » au Monument du Travail (Laeken, Bruxelles) – hauts-reliefs représentant les 4 éléments de l’industrie = le port, la mine, l’industrie, l’agriculture.
Dans cet atelier figure aussi la maquette du Monument d’Emile Zola, qui ne put pas être achevée par Meunier et qui sera repris, avec d’autres projets par son ami, le sculpteur Charpentier.
Cette maison-atelier - convertie en musée où l’on retrouve une grande partie de ses œuvres sculptées ainsi que quelques peintures – va probablement être fermée dans un futur plus ou moins rapproché, elle n’est déjà plus accessible au public (contrairement à ce qui est indiqué sur la façade), sauf pour des groupes scolaires ou des groupes avec guide, ce qui m’a donné la possibilité de la visiter et faire connaissance avec un artiste dont je « côtoie » certaines œuvres dans Bruxelles (« l’Abreuvoir » se situe dans un joli square non loin de chez des amis) – mais que je connaissais finalement assez mal.
La maison-atelier fait partie des collections des musées des beaux-arts de Bruxelles ; le nouveau conservateur (qui préfère que l’on dise « directeur ») a l’intention de fermer ce petit musée si sympathique dans un futur plus ou moins rapproché pour raisons purement pécuniaires – les œuvres de Constantin Meunier iront dans les réserves. – bientôt on ne connaîtra plus Constantin Meunier que par nos billets de 500 €.
Je remercie une fois encore vivement madame Sarah Cordier, plasticienne /historienne d’art et guide dont l’enthousiasme est communicatif sur les sujets qu’elle présente à ses groupes, (son site ici).
(ma chronique a été basée en grande partie sur les explications de Madame Cordier à propos de l’artiste et sur une biographie succincte distribuée par le musée).