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mon bonheur est dans la ville
1 août 2011

SAINT JUDAS, de Jean Ferniot

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Ecrit en 1984, ce roman de Jean Ferniot n’a pas pris une ride, son style est plaisant à lire, vivant, historiquement adéquat quant à l’occupation romaine en Judée.

 

Cette histoire devrait presque se lire en parallèle avec celle d’Eric-Emmanuel Schmidt « l’Evangile selon Pilate ».

 

Pour les deux écrivains - à 16 années d’écart – l’essence de l’histoire de jésus christ est identique = sans Judas, Jeshua le Nazaréen n’aurait pu accomplir sa destinée de fils de dieu. C'est donc à ce disciple préféré que sera demandé le plus lourd de tous les sacrifices.

 

Jean Ferniot s’éloigne totalement de l’iconographie classique dont on dépeint Jésus ; il en fait un homme du peuple, pas blond, n’ayant pas les traits purs d’un Aryen, comme on l’a toujours représenté.

 

Par ailleurs, j’ai également été frappée par la manière dont le romancier décrit les relations de Jeshua avec sa famille = il l’a quittée sans aucun regret, ne ressentant strictement rien pour Joseph et le reste de sa fratrie, sauf le jeune Jacob.

 

Même ses relations avec sa mère, Myriam, sont loin d’être idylliques comme on nous l’a toujours représenté ; elle ne reconnaît plus, en ce jeune homme illuminé d’une grâce qu’elle ne comprend guère, l’enfant avec lequel elle avait un lien qu’elle n’a jamais eu avec ses autres enfants, des maternités qui ont alourdi l’air de « pleine de grâce » comme on la saluait jadis.

Un jour, elle l’a senti, il s’est détaché d’elle comme du reste de sa famille. Personne n’a compris qui était vraiment Jeshua, mauvais charpentier, mais esprit brillant, rejeté par Joseph pour ce manque d’intérêt dans son métier alors qu’il était l’aîné, celui à qui on passe le flambeau.

 

Judas est le tout premier disciple, « celui qui sait » - il connaît sa destinée, il sait qu’il n’a pas le choix sinon celle de son ami, son frère en dieu, ne pourra s’accomplir.

C’est un poids énorme que le Nazaréen a posé sur ses épaules, un manteau de doutes, de chagrin et de la haine future de tous les peuples à venir, car il sera désormais « le traître ».

 

A côté de ces deux personnages emblématiques de la religion chrétienne, on retrouve tous les disciples, tous les personnages des évangiles, dans une réécriture qui les rend nettement plus intéressants, parce que totalement humains.

 

De Qumran à Jerusalem, il  sera court le chemin de la destinée de Jeshua ben Joseph et de son ami Judas, l’Iscariote qui le vendit pour 30 deniers d’argent, qui serviront à créer un cimetière pour les non Juifs.

Oui le chemin sera court et long à la fois, car l’agonie du fils de dieu sera atroce, renvoyé des uns aux autres par un Pilate refusant cette responsabilité. 

 

De miracles, il n’y en eut point, Jean Ferniot nous les raconte à sa manière, avec une explication bien prosaïque que j’apprécie énormément.

 

Comme l’explique Judas à Kephas « le roc » (Simon dit Pierre), on racontera un jour cette histoire d’une manière tellement enjolivée qu’il faudra être fanatique pour y croire, « déjà Matthias le disciple qui l’a peu connu, enjolive l’histoire au fur et à mesure qu’il la raconte dans les villages où ils passent tous les 13 ».

 

Quant à l’agonie du christ, rien n’est laissé au hasard de notre imagination : Jean Ferniot la décrit telle qu’elle fut probablement = atroce (c’est à croire que le livre inspira Mel Gibson !).

 

Un  moment de lecture vraiment intéressant, un livre court qui se lit d’une traite, une réflexion sur un sujet historique, pour s’éloigner des dogmes.

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