A SLIGHT CASE OF MURDER, de Lloyd Bacon

 

Titre français = UN MEURTRE SANS IMPORTANCE

Scénario basé sur une pièce de théâtre de Runyon & Lindsay

L’Amérique fête la fin de la prohibition. Remy Marco, un brasseur dans l’illégalité, décide de se racheter une conduite – désormais lui et sa bande seront d’honorables brasseurs, reconnus par la profession. Au lieu d’être des gangsters, ils seront des représentants de commerce (comme le demande l’un deux (« C’est pas la même chose ? »).

Désormais fini les expressions vulgaires, le manque de soin ; Nora l’épouse de Remy Marco est ravie de changer de registre et leur fille, qui poursuit de coûteuses études à Paris, va pouvoir peaufiner son éducation.

 

Quatre ans plus tard, Marco doit déchanter – personne  n’ayant jamais osé lui dire que sa bière était la plus infecte jamais bue (C’est vrai, chef, on ne voulait pas froisser votre sensibilité !), sa brasserie bat de l’aile au point que la banque est sur le point de la récupérer.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, leur fille a fini ses études et revient avec un fiancé, jeune homme issu d’une riche famille – et qui est flic !

Lorsqu’elle le présente à son père, inutile de dire que Remy Marco en avale son cigare – lui avoir un flic pour gendre ? Jamais !

Comme si cela ne suffisait pas, d’anciens gangsters, anciens associés de Remy Marco qu’il a laissé tomber,  se sont introduits dans sa résidence secondaire, avec la ferme intention de lui régler son compte et lui faire porter le chapeau pour un hold-up qu’ils ont commis ; cependant, ayant aussi l’intention de doubler l’un de leurs complices, ils se font refroidir ; lorsque Marco arrive à la campagne, non seulement il doit s’occuper du richissime père de son futur gendre, ledit futur qui ne sait pas que faire (on n’arrête pas un futur beau-père très facilement tout de même), la fiancée qui râle sur son père, les cadavres des gangsters,  et surtout un sale gosse qui siffle de la bière à 15 ans, a un langage de charretier et s’amuse avec les petits pois à table. Car Remy Marco s’était mis en tête de ramener pour l’été un gamin de l’orphelinat où il passa son enfance – il a choisi le plus mauvais élève afin de lui montrer un bon exemple. Avec des armes à tous les coins et le produit d’un hold-up dans la chambre à coucher, dans une maison remplie de flics, c’est un peu dur d’apprendre les bonnes manières.

Edward G. Robinson dont la carrière fut remplie de rôles de gangsters (des vrais, des durs, sans scrupules) s’auto-parodie et cela fonctionne à la perfection, on sent que l’acteur s’amuse. Avec James Cagney, Humphrey Bogart, George Raft et quelques autres, Robinson était l’un des « tough guys » préférés d’Hollywood et là on est proche du délire par instant, lorsque le malheureux gangster qui veut absolument gagner la respectabilité est confronté à des gangsters de toutes sortes : les vrais qui en veulent à sa vie et les banquiers.

Ruth Donnelly est Nora, l’épouse de Remy qui le soutient à travers tout – tente de garder son sang-froid, notamment lorsqu’on lui présente le fiancé, tente de calmer les esprits. Elle est fort amusante en ex-chanteuse de beuglant qui tente de modifier son langage.

 

Jane Bryan est leur ravissante fille – cette jeune actrice interprétait la plupart du temps des jeunes filles bien élevées, son physique était lisse. Elle eut une brève carrière (4 ans), préférant se marier et sa vie de famille. Elle est décédée récemment à l’âge de 90 ans.

Allen Jenkins interprète Mike le chauffeur, qui se plaint qu’il ne peut jamais s’amuser avec ses copains ex-gangsters car il a été reconverti en chauffeur « de classe ».

Willard Parker est le séduisant fiancé, totalement dépassé par les événements et par son futur beau-père. Son propre père, tout aussi dépassé par les événements, est joué par Paul Harvey, qui fait un bon boulot en homme d’un statut social fort différent de ceux que les circonstances le forcent à fréquenter, ce qui de toute évidence le stresse énormément.

Margaret Hamilton, la méchante sorcière du « Wizard of Oz », joue le rôle de la directrice de l’orphelinat, un rôle qui lui va comme un gant puisqu’elle était institutrice avec de devenir actrice, choisie dans des rôles assez typés compte tenu de son physique.

Cette femme lutta également toute sa vie pour des causes au bénéfice de l’enfance malheureuse, du droit à l’éducation pour tous,  et des animaux.

Edward Brophy et Harold Huber sont deux des acolytes de Marco/Robinson – ces acteurs étaient des spécialistes des rôles secondaires de gangsters, tant dans les vrais films noirs que dans des versions parodiques du « noir », comme ici.

Bobby Jordan en sale gosse est assez bon aussi, même s’il en fait parfois un peu trop.

Alors que la pièce et  le film aient eu très peu de succès à sa sortie, il semblerait que le public actuel le redécouvre, grâce au dvd, et que le film soit désormais fortement apprécié, ce qui ne m’étonne pas. Il est dommage qu’Edward G. Robinson n’ait pas interprété plus de rôles comiques, car il y excelle autant que dans le drame.

Tout le comique du film est basé sur la loi des contrastes entre le gangster qui cherche la respectabilité mais rattrapé par son passé et quelques mauvaises habitudes difficiles à perdre, surtout pour ses acolytes. La maison devient très vite un endroit aussi peuplé que New York, avec des portes qui s'ouvrent et se referment sur des gangsters, des policiers, les Marco tout de mêmes proprios de la maison, la fille et son fiancé qui ne savent plus où donner de la tête.

Le réalisateur Lloyd Bacon a réalisé une série de films de la période noir&blanc, qui connurent un grand succès. Il fut également acteur dans sa jeunesse, interprétant quelques rôles aux côtés de Charlie Chaplin.

Comments

[niki]

il y a un ou deux moments assez rigolos avec lui, notamment à la fin quand il décide que finalement "dans cette baraque y a trop de bruit, je sais pas dormir, je veux retourner à l'orphelinat"

[Teki]

"Bobby Jordan en sale gosse" il a la tête de l'emploi en tout cas !