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mon bonheur est dans la ville
21 mai 2011

LIFEBOAT, d'Alfred Hitchcock

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Titre français = idem

 

Idée originale d’Alfred Hitchcock, scénario écrit par Jo Swerling en collaboration avec  Alma Reville (Mrs. Hitchcock), Patricia Collinge, McKinlay Kantor & Ben Hecht

 

Un sous-marin et un navire se sont détruits mutuellement  au milieu de l’Atlantique nord ; huit rescapés – Américains et Anglais – se retrouvent à bord d’une chaloupe de sauvetage. Un 9ème rescapé, un Allemand, monte à bord – le débat à son sujet est houleux, cependant l’un des rescapés estime que l’homme doit être considéré comme un prisonnier de guerre et l’homme peut donc rester lui aussi.

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Très rapidement, un jeune enfant meurt et sa mère, désespérée, se suicide par noyade.

 

Peu à peu, les rescapés tentent d’organiser la vie à bord, les rations sont divisées honnêtement, chacun et chacune  coopèrent, tentant de rester optimistes quant à un possible sauvetage, en mettant le cap sur les Bermudes.

 

Bien vite, la frustration due au rationnement, la déshydratation et  le désespoir de ne rien voir venir, vont commencer à peser lourd sur la chaloupe – les différences de nationalité, de religion, sexe, classe sociale, couleur de peau, vont surgir et ébranler la courtoisie des débuts. Le vernis de la « bonne éducation » se fendille peu à peu. Pourtant face à la gangrène qui s’installe chez l’un d’entre eux, ils serrent à nouveau les rangs.

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Pendant ce temps, le rescapé allemand (le « prisonnier politique ») a une idée bien à lui qui va totalement ébranler la situation. Que faire  avec des êtres qui trahissent ?

 

Dans le très intéressant livre « Hitchcock  by Truffaut », dont j’ai l’édition révisée et complétée  (publié pour la 1ère fois en 1967),  et qui reprend toute la filmographie d’Hitch, mais surtout les interviews d’Alfred Hitchcock par François Truffaut en 1955 lorsqu’il travaillait encore aux Cahiers du Cinéma, Alfred Hitchcock explique avec son habituel humour caustique comment il parvint à réaliser sa classique apparition « cameo » dans un film situé au milieu de l’océan où généralement il y a peu de passants - chapitre 7 de cette formidable anthologie sur Alfred Hitchcock – un must pour tout cinéphile qui apprécie le maître du suspense – (les apparitions « cameo » du grand Hitch se faisaient généralement parmi une foule de passants qu’il précédait ou suivait).

 

A l’époque, Alfred Hitchcock suivait un régime sérieux pour tenter de perdre 50 kgs – il apparaît donc en page d’un journal que lit l’un des naufragés de « Lifeboat ». En dehors de ce petit clin d’œil humoristique, inutile de dire que « Lifeboat » est une histoire intensément dramatique, étouffante, en huis-clos (renforcé par l'infini de l’océan).

 

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La distribution réunit d’excellents comédiens =

Heather Angel est la jeune mère en état de choc qui se tue par désespoir ; Canada Lee est Joe, le steward du bateau coulé par le sous-marin allemand ; noir de peau, il n’est pas traité avec respect par certains membres de la chaloupe, c’est un homme profondément croyant, persuadé que dieu les sauvera.

 

Talullah Bankhead, excellente actrice qu’Hitchcock sortit du relatif oubli où elle était tombée, interprète une romancière qui a réussit, qui n’a pas voulu se séparer de certains de ses précieuses possessions – elle représente la femme qui a réussit, plusieurs fois divorcée, profondément égoïste (un cliché des années 40 et au-delà = une femme indépendante qui a réussit ne peut être que profondément égoïste). Cette actrice a toujours interprété ce type de femme à la perfection.

 

John Hodiak est l’un des marins qui travaillaient à bord du bateau, il représente la classe laborieuse et ses convictions ne sont pas loin du communisme. Henry Hull est « Ritt », un self-made man qui estime que les autres doivent faire ce qu’il dit, qu’il sait ce qui est mieux pour les autres.  Hume Cronyn – un acteur que j’apprécie particulièrment - est Sparks, l’opérateur radio de bord, il est calme et est la voix de la raison lorsque les esprits s’échauffent.

Miss McKenzie, l’infirmière de bord, est interprétée par Mary Anderson – elle aimerait bien rester en dehors des choix à faire, mais lorsqu’elle est mise au pied du mur, elle finit par prendre ses décisions avec fermeté. William Bendix, un habitué des films noirs, joue Gus, le marin blessé – il n’a pas beaucoup d’éducation, est orgueilleux et parano. D’origine allemande, il rejette ses racines en raison de la guerre.

 

Et finalement Walter Slezak, dans un de ces rôles de faux-jeton dans lesquels il excellait, interprète l’officier allemand du sous-marin coulé,  toujours prêt à trahir ceux qui l’ont sauvé.

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C’est Alfred Hitchcock qui  était à l’origine de l’idée du film ; il avait demandé à quelques écrivains (dont A.J. Cronin et Ernest Hemingway) d’écrire le scénario – finalement il confia le projet à John Steinbeck qui n’avait jamais écrit de fiction pour le cinéma ; l’auteur avait l’intention d’en écrire un roman, mais ses éditeurs rejetèrent la nouvelle l’estimant peu « intéressante » à publier.

Finalement l’épouse d’Hitchcock et d’autres écrivains adaptèrent la nouvelle, avec une fin réécrite par Ben Hecht. 

 

Le film nous questionne = comment réagirions-nous dans de telles circonstances, jusqu’à quand parviendrions nous à conserver notre calme, nos « bonnes manières », quand notre égoïsme primaire prendra-t-il le pas sur la solidarité ? Pourrions nous conserver notre humanité  ?

 

Lorsque les passagers réalisent qu’ils ont été joués par l’Allemand, ils se muent en une véritable meute – et cela me fait toujours penser à ces histoires où celui qui est différent est rejeté – pas de place au sein de la meute si on ne s’y conforme pas.

Je ne prends nullement la défense de Will/Slezak, au contraire, mais l’effet de « meute » me fait toujours très peur, car un groupe « bien soudé » a toujours tendance à exclure ceux qu’il considère comme différents.

 

Un très bon film, un thriller psychologique qui prend aux tripes – chaque personnage, en y regardant bien, répondant à un archétype de la société = la réussite sociale, les soins aux autres, être au service des autres, ceux qui sont différents, ceux qui n'ont aucun scrupule.

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Commentaires
N
je le connaissais de titre uniquement et il m'intriguait depuis longtemps - j'ai donc été contente de le trouver en VO<br /> c'est une histoire très prenante, très questionnante<br /> <br /> et c'est vrai que si je n'avais pas lu mon "Hitchcock by Truffaut" j'aurais été moins attentive à son apparition cameo
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M
Je ne connaissais pas du tout l'existence de ce film de Hitchcock. Il a pourtant l'air vraiment bien. On ne doit pas remarquer facilement son apparition "cameo" quand on voit le film, si? Ça doit passer très vite! C'est une bonne idée en tout cas.
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N
c'est aussi un style que j'aime - le film n'avait pas encore été édité en VO jusqu'à présent, c'est pour cela que j'ai mis un certain temps à le découvrir - mais j'ai bien aimé
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J
C'est bizarre parce que cela me dit quelque chose et en même temps, je ne suis pas sûre de l'avoir vu, ce film ! Mais comme si je l'ai vu, c'était il y a vraiment très longtemps, ça peut expliquer ma mémoire incertaines ;) J'aime ce genre de huis-clos où les gens sont confrontés à leurs propres réactions et à celles des autres !
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N
on ne peut pas tout connaître tout le temps - il y a quelques films de lui que j'ai vus il y a tellement longtemps que j'ai oublié, et que j'aimerais revoir - mais ce "lifeboat" par exemple, je ne connaissais pas du tout et il m'intriguait ;)
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