PROMENADES NORMANDES - 8
La journée commence par une visite détaillée du port de Rouen, par mini-croisière privatisée où l’on nous explique jusque dans les moindres détails tous les terminaux (pétrole, lait, huile de colza) ainsi que les silos à grains. Cela s’accompagne de nombreuses explications sur la création desdits terminaux, sur les péniches ou grands bateaux à conteneurs qui s’y promènent, sans oublier les dimensions desdits bateaux, etc etc. Je suppose que vous comprendrez aisément que je n’ai pas tout noté, j’ai trouvé cela d’un certain ennui – non pas que je sois totalement hermétique au progrès technique, mais bon trop de détails finissent pas m’agacer. D’ailleurs certains de mes collègues voyageurs ce sont endormis, c’est vous dire si ce fut passionnant !
Il n’y avait cependant pas d’autre possibilité puisque le car nous attendait à LA BOUILLE, au-delà des méandres de la Seine.
Et pour ceux qui auraient envie de me faire le jeu de mots « La Bonne Bouille », qu’ils sachent qu’ils ne seront pas les premiers – mes 44 autres petits compagnons d’excursion ne l’ont pas raté non plus celui-là !
D’ailleurs cette « Bouille »-là n’a rien à voir avec l’expression « bonne bouille », bouille signifiant « vase, boue ».
De cette charmante petite ville touristique, le car nous emmène vers DUCLAIR (alias ploucville), où le bac nous attend pour passer la Seine. Là on perd carrément deux heures et demie pour le déjeuner – j’espérais m’offrir à nouveau une crêpe, ce fut raté = nous étions jeudi et le seul jour de fermeture de la crêperie était le jeudi. J’ai donc pique-niqué, pendant que les autres étaient au resto, j’ai bouquiné, mais il n’y avait strictement RIEN d’intéressant dans ce patelin-là.
L’ABBAYE DE JUMIEGES, surnommée L’UNE DES PLUS ADMIRABLES
RUINES DE FRANCE (selon l’historien Robert de Leysterie)
Jumièges a été fondée au 7ème siècle par saint Philibert – elle fait partie de l’ordre des bénédictins. Son fondateur imposa une discipline de fer à ses moines = austérité, jeûnes, et même flagellations.
Une fois encore nos Vikings s’en mêlèrent et brûlèrent l’abbaye en 841 ; ils revinrent plusieurs fois car il y avait pas mal de trésors à piller. Du coup les moines s’exilèrent et l’abbaye fut abandonnée pendant 50 ans.
L’abbaye renaîtra grâce au duc de Normandie, Guillaume Longue-Epée, fils naturel de Rollon. 12 religieux venus d’une abbaye de Poitiers occupèrent alors l’abbaye sommairement restaurées.
Jumièges sera un centre économique mais aussi intellectuel de tout premier plan, connu surtout pour son scriptorium.
Après la révolution française, elle est vendue et transformée en carrière de pierres après avoir été une caserne. Le marchand de bois, nouveau propriétaire, fera exploser un tiers de l’église abbatiale afin de vendre les pierres. Le mur de clôture d’origine est resté.
Ensuite le domaine sera racheté – ou ce qu’il en reste – par un banquier parisien qui fait construire une maison en style neo-gothique pour lui et sa famille, et une autre maison en style régional pour son personnel.
Ses descendants la vendent à l’état français en 1947 – elle est désormais site classe, domaine régional – la restauration des ruines est en cours.
Au cours de ces travaux de restauration, on mit à jour une fresque représentant un homme en buste – on pense qu’il s’agit d’une partie de fresque carolingienne, seul vestige du monastère détruit par les vikings.
Par ailleurs on retrouve régulièrement des figures de « l’homme feuillu », une manière semblerait-il d’avoir représenté le christ, protecteur de l’abbaye.
L’écrivain Roger Martin du Gard écrivit sa thèse sur l’abbaye, tandis qu’un oncle de Maurice Leblanc habitait le bureau de poste tout juste en face de l’abbaye. Le romancier et « père » d’Arsène Lupin a mis en scène une aventure du bel Arsène à Jumièges, à la recherche d’un trésor.