THE SCARLET CLAW, de Roy William Neill
Titre français = La Griffe Ecarlate
Une aventure de Sherlock Holmes et John Watson
Parce qu’au 19ème siècle, des événements horribles se produisirent dans un petit village canadien, celui-ci reçut alors le nom de « La Mort Rouge ».
Pendant que Lord Penrose donne une conférence sur les sciences occultes – à laquelle assistent Holmes & Watson – les langues vont bon train dans le pub de son village de La Mort Rouge : des faits étranges s’y produisent à nouveau, un être malfaisant semble rôder car l’on retrouve beaucoup d’animaux tués mystérieusement, la gorge tranchée comme par des dents ou des griffes terribles.
Le curé du village n’est guère heureux de ce qu’il considère comme de la superstition – pendant cette conversation, la cloche du village sonne inlassablement, ce que le curé décide d’aller voir de plus près, car il n’y a aucune raison pour que cette cloche sonne ainsi dans le soir.
Inutile de dire qu’à la conférence, Sherlock Holmes n’est pas sympathique aux yeux de Lord Penrose, adepte du surnaturel, alors que pour Holmes il existe une explication très rationnelle à tout.
C’est alors que Lord Penrose reçoit l’avis que son épouse est morte dans d’horribles circonstances, la gorge arrachée comme par des griffes surnaturelles, c’est elle qui dans un dernier sursaut actionnait la cloche de l’église, appelant ainsi au secours.
La conférence est levée et Holmes et Watson se préparent à retourner à Londres. Le réceptionniste de l’hôtel leur donne un message arrivé pendant la conférence = il s’agit d’un télégramme de la part de Lady Penrose, disant à quel point elle était inquiète par les événements insolites qui se produisent à La Mort Rouge, et elle appelle Sherlock Holmes à l’aide.
Trop tard, hélas, puisque la malheureuse est morte entretemps.
Sherlock Holmes annule immédiatement leur retour à Londres, comme il le dit au docteur Watson = c’est la première fois que nos services sont requis par le cadavre en personne !
Watson bougonne un peu d’autant plus qu’il a faim – or chacun sait que Holmes n’a jamais le temps de manger ! Les voilà donc à La Mort Rouge, où malgré leur compassion, ils sont renvoyés comme des malpropres par le lord qui prétend toujours que tout cela est surnaturel et que de toute façon c’est la police du village qui s’en occupe.
Nos deux amis sont bien décidés à faire toute la lumière sur cette sinistre affaire. Surtout qu’Holmes a déjà des indices sur la présence dans le village de quelqu’un qui n’est pas qui il dit être.
Ce film avec Basil Rathbone & Nigel Bruce (à travers toute l’histoire du cinéma et des films sur Holmes & Watson, je garde une petite préférence pour ces deux-là, même s’il y en eut d’autres tout aussi excellents) est la huitième aventure de Sherlock Holmes tournée par les studios américains – il y eut douze films avec les personnages principaux interprétés par ces deux sympathiques acteurs.
C’est vrai, le docteur Watson de Nigel Bruce est un peu trop bedonnant, un peu trop vieux et un peu trop bougonnant par rapport au Watson des romans d’Arthur Conan Doyle, mais il est tellement sympathique – ajoutant cette note humoristique que sa complicité avec Basil Rathbone introduisait dans les histoires, sans même que ce fût nécessaire dans le script – les deux acteurs, grands amis à la ville, s’entendaient comme larrons en foire.
Le très hautain lord Penrose est joué par Paul Cavanagh et la fille de l’aubergiste, Marie Journet, qui tremble de peur, est interprétée par Kay Harding. Son père est joué par Arthur Hohl. Miles Mander interprète le juge Brisson et le sympathique sergent Thompson (un Lestrade canadien) est joué par David Clyde. Il faut encore citer Gerald Hamer dans le rôle du mystérieux Ramson.
L’intrigue est très – mais alors vraiment très – librement inspirée par « The Hound of Baskerville », mais le film est considéré par les amateurs du genre comme l’un des meilleurs de la série des 14 (=> 2 pour les studios Century Fox et 12 pour les studios Universal), avec « The Hound …. » pour l’atmosphère fantasmagorique qu’il véhicule et que le réalisateur a parfaitement intégrée dans l’histoire, et que la photographie noir&blanc accentue encore.
Dois-je ajouter que j’ai beaucoup apprécié cette histoire de l’un de mes détectives « chouchous », toujours aussi sceptique et sarcastique, avec juste ce qu’il faut pour ne pas être complètement insensible.
Pour l’anecdote, le metteur en scène Roy William Neill, bien que citoyen américain – qui réalisa plusieurs autres Holmes & Watson made in USA – était à l’origine du projet de film « The Lady Vanishes » - étant à Londres à l’époque, il avait acquis les droits du roman d’Ethel Lina White et, accompagné de son scénariste, était parti faire des repérages en Yougoslavie ; c’est là que le scénariste se casse la cheville – du coup, au moment de l’accident, le manuscrit fut récupéré par la police qui y trouva quelques commentaires plus qu’ironiques, voire satiriques, sur l’armée yougoslave – et tout le monde fut expulsé du pays manu militari.
Le projet du film fut annulé et c’est ainsi qu’un an après, Alfred Hitchcock reçut la commande du producteur britannique Edward Black de reprendre l’histoire ; Hitch réécrira alors un nouveau scénario et tourna le film « tout studio ».