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mon bonheur est dans la ville
7 février 2011

PRINTEMPS TARDIF, de Yasujiro Ozu

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Titre original = BANSHUN

Titre anglais = Late Spring

Scénario de Yasujiro Ozu, Kogo Noda, Kasuo Hirotsu, d’après le roman de celui-ci

ozu5La jolie Noriko, fille du professeur Somiya, est heureuse entre la vie avec son père, les cérémonies du thé, son travail à Tokyo. Elle s’occupe avec plaisir du ménage familial depuis le décès de sa mère, d’autant plus que la santé de son père est relativement fragile depuis les privations dues à la guerre.

Noriko aime son quotidien, qui ne lui pèse en rien. En fait elle ne souhaite nullement changer de vie – malgré sa tante Masa qui insiste parfois lourdement sur le fait qu’elle devrait se marier.

La jeune femme est même assez choquée qu’un collègue de son père, veuf lui aussi, s’est remarié – elle n’hésite pas à lui dire qu’elle trouve cette idée « répugnante », ce qui ne gêne absolument pas le professeur Onodera, au contraire il la taquine lui aussi. Tout comme la taquine son amie Aya, divorcée, qui prétend que malgré un « faux départ », elle est toute prête à re-sauter le pas.

ozuComme elle n’obtient guère de réponse de sa nièce, Masa finit par en parler à son frère et à lui faire comprendre qu’il serait temps que sa fille se marie. Jusqu’alors, le professeur Somiya n’avait pas vraiment réfléchi au problème, aussi se décide-t-il à en parler à la jeune fille. Qui soudain devient renfermée, fait une sorte de crise de jalousie à l’idée que son père pourrait se remarier lui aussi et qu’elle ne serait plus la maîtresse de sa maison. Néanmoins, en fille dévouée, elle accepte le mariage que tient à organiser sa marieuse de tante.

C’est un voyage à Kyoto, rendant visite à leurs amis Onodera, que le père et la fille se parleront avec sincérité.

Celles et ceux qui l’ont lu s’en souviendront sans doute = dans « l’Elégance du Hérisson », Renée et Paloma se lient d’amitié avec le nouveau locataire, le Japonais Kakuro Ozu – homme très cultivé (qui reconnaît d’ailleurs en Renée une « âme-sœur » dans ce domaine et parent éloigné du cinéaste Yasujiro Ozu, que Renée apprécie tout particulièrement.

Du coup, profitant d’une rétrospective consacrée par la cinémathèque de Bruxelles  à ce cinéaste, il m’est venu comme un envie de cinéma japonais et, plus particulièrement de cet Ozu-là.

MV5BMTQxNDExMzEyNF5BMl5BanBnXkFtZTcwMzU3NzIzMQ____V1__SY317_CR5_0_214_317_Quel coup de cœur en tout cas pour moi que ce film, tout en douceur, mélancolie, tendresse.

Qui me permet une fois encore de constater à quel point les liens familiaux sont importants au Japon – qui au moment du tournage se retrouve entre traditions et modernité. J’y ai un peu retrouvé l’ambiance de la pentalogie d’Aki Shimazaki « Le Poids des Secrets », mais en beaucoup moins dramatique.

Une modernité que l’on retrouve dans les panneaux « coca-cola », dans un certain mobilier de style américain que l’on retrouve dans des intérieurs avec coussins et nattes – aussi dans ce que la tante raconte à son frère, en désapprouvant – alors que lui, avec beaucoup de gentillesse trouve normal que les choses évoluent, que les femmes profitent de cette évolution.

ozu2Il ne faudrait pas penser que le film aborde le seul sujet du mariage éventuel de Noriko ; l’occupation américaine est présente elle aussi – sous la forme des panneaux, sous la forme des enfants convertis aux joies du baseball. On sent que le Japon est en train de s’occidentaliser peu à peu – c’est encore imperceptible, mais c’est là. Quant au choix du futur – qu’on ne verra jamais d’ailleurs – il paraît qu’il ressemble à Gary Cooper !

L’intrigue est simple, c’est vrai, mais jamais le film ne m’a paru « simpliste ».

Les scènes sont celles d’une vie quotidienne où les privations dues à la guerre sont encore présentes, d’une fille dévouée mais pas sacrifiée, qui se plaît dans sa vie et qui soudain est confrontée à un problème dont elle n’a guère envie.

Noriko est interprétée avec beaucoup de talent et de naturel par Setsuko Hara, une actrice au sourire très lumineux et au rire communicatif.

ozu4Le professeur, son père, est joué avec sensibilité par Chishu Ryu. J’ai aussi été sous le charme de son interprétation toute en délicatesse et mélancolie.

L’insupportable tante  qui joue les marieuses est interprétée avec humour par Haruko Sugimura.

Quant à l’amie de Norika, Aya, elle est jouée par Yumeji  Tsukioka.

Le metteur en scène Yasujiro Ozu était un réalisateur perfectionniste dont les films véhiculent tous le concept de l’impermanence des choses. C’est aussi évident dans ce film-ci, lorsque le père parle à sa fille. Ozu travaillait aussi régulièrement avec le scénariste Kogo Noda, et avait ses acteurs fétiches, comme Chishu Ryu, que l’on retrouve ici dans le rôle du père de Noriko.

C’est aussi un réalisateur qui préférait l’originalité à la conformité hollywoodienne ; il préférait poser la caméra face aux acteurs, donnant ainsi au spectateur l’impression d’être « dans » l’histoire.

Ozu était proche de la peinture sumi-e et des haïkus. Les intérêts du réalisateur, en dehors du cinéma, étaient d’ailleurs la peinture, la littérature, la musique … et l’alcool. Alors qu’il fut ignoré de son vivant, il prendra le statut de réalisateur culte après son décès à 60 ans.

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