THE CRUSADES, de Cecil B. DeMille

Titre français = les Croisades

Jerusalem est tombée aux mains des infidèles ;  ceux qui ne sont pas massacrés sont envoyés en esclavage – les femmes surtout sont maltraitées.

Pour la jolie Bérangère de Navarre, Richard Cœur de Lion ne peut être qu’un ange envoyé du ciel – un ange qui va d’ailleurs se lancer à l’assaut des infidèles en terre sainte.  Si seulement elle connaissait la vérité, cette douce enfant. Enfin, quand on dit « douce », c’est assez théorique car Bérangère est dotée d’un certain caractère !

En réalité, Richard est supposé épouser Alys de France, l’orgueilleuse fille de Louis VII et de sa seconde épouse.  Promise au fils du roi d’Angleterre, elle fut envoyée à la cour d’Henri II en qualité de pupille du roi. Et comme Richard n’a aucune envie de se marier, il préfère s’en aller se battre. Il faut dire qu’il n’est pas vraiment sympathique, c’est un querelleur, buveur, trousseur de jolies filles. Quant à Alys, elle n'hésite pas à comploter l'assassinat de son fiancé.

A court de vivres, Richard accepte d’épouser Bérengère – mais aucun amour ne les lie, la jeune fille ayant soudain compris que son idole avait des pieds d’argile.

Saladin est devant Acre et la cause semble bien perdue pour les croisés ; c’est alors que Bérengère, très malheureuse de ce mariage qu’elle avait rêvé autre, est blessée et faite prisonnière de Saladin, qui s’avère courtois et séduisant, l’emmenant à Jerusalem. Mais on n’est pas une princesse chrétienne pour rien, et notre jolie future reine d’Angleterre ne cède pas à la tentation.

Lorsque les croisés arrivent à Jerusalem où de multiples batailles seront menées jusqu’à ce que Saladin propose une trêve. Lorsque les portes de Jerusalem s’ouvrent, Richard ne peut y entrer, mais peu lui importe, il est tombé amoureux de  Bérengère et elle de lui.

Faisons confiance à Cecil B. DeMille – grand catholique devant l’éternel – pour adapter l’histoire à sa façon, c’est-à-dire en en respectant le moins possible.

Mais soit, c’est du cinéma, pas un livre d’histoire, mieux vaut oublier ce que l’on sait de tout cela, sinon on râle sec sur les erreurs. A commencer par l’âge d’Alys de France.

Interprétée de manière sulfureuse par la fille du metteur en scène, la superbe Katherine B. DeMille ; elle est une princesse de France toute prête à faire assassiner son futur.

La très jolie et très volontaire Bérengère de Navarre est jouée par Loretta Young, teinte en blond platine pour faire plus « princesse de conte de fées ». Elle est sympathique, surtout lorsqu’elle remet Richard de Lion à sa place. Elle irradie de la douceur et de la bonté auprès de ceux qui la respectent, y compris Saladin.

Quant au dénommé Richard en personne, c’est Henry Wilcoxon qui s’y colle – il interprétait Marc Antoine dans le « Cleopatra » de Cecil B. DeMille, et on a l’impression qu’en dehors du changement de costume, il joue le même rôle. Sauf à la fin, lorsqu’il se tourne enfin vers dieu – et quand je dis « se tourne », s’est littéralement, il passe la fin du film appuyé à un arbre à regarder le ciel.

Ian Keith qui interprète un élégant Saladin, est un acteur qui sera employé dans deux autres  importantes productions de DeMille = « Cleopatra » et « The Sign of the Cross ».

Blondel, le troubadour, est joué par Alan Hale, un habitué de films de cape et d’épée, ou historiques. Blondel est le troubadour qui représente Richard Cœur de Lion à son mariage. Quant audit mariage = un échange de bétail pour une jeune fille, elle donne lieu à une scène plutôt amusante.

Bref, la troisième croisade comme elle n’eut jamais lieu ! 

Et si le film n’est pas vraiment mauvais,  la manière dont l’Histoire est maltraitée (vraiment très maltraitée) en fait hélas une histoire un peu ridicule qui prête plus à rire qu’autre chose.

Compte tenu du catholicisme outrancier de Cecil B. DeMille, la manière dont sont présentées les victimes des infidèles est assez caricaturale également.

Quant au scénario, ils s'y sont mis à trois pour l'écrire, parmi lesquels Dudley Nichols, un homme qui n'hésita pas à refuser un oscar, estimant que cette cérémonie était truquée !

« Kingdom of Heaven » est un bon film sur les croisades – relativement exact sur beaucoup de points.

En 1954, un autre film  fut réalisé qui ressemble fort au film de B. DeMille = « King Richard and the Crusaders », dans lequel Rex Harrison  interprétait Saladin. En scope et en couleurs avec George Sanders, en roi Richard.

Cette réalisation de David Butler était l’adaptation d’un roman de Sir Walter Scott « The Talisman », mais le scénario se rapprochait fortement des « Croisades ».

Il est évident que je suis devenue plus difficile que lorsque j’avais dix ans et que je ne connaissais pas encore très bien l’Histoire ; l’aspect romantique d’un film me touchait beaucoup plus que la vérité historique.

Comments

[niki]

je peux te dire que pour non respect historique, on est gâté ici !

[Joelle]

Je crois que le côté religion m'agacerait avec ce film ! Plus encore que les libertés prises avec l'Histoire (vu qu'à cette époque, le souci de véracité n'était pas prioritaire pour les scénaristes et les réalisateurs ! mdr !)