THE SILENT POOL, de Patricia Wentworth
Titre français = La Mort au fond du Jardin
Miss Silver reçoit la visite d’une certaine « Mrs. Smith », qui s’avère rapidement être la grande comédienne Adriana Ford, désormais retirée des cintres et vivant dans un manoir surnommé très adéquatement « Ford House », même si l’endroit n’a rien à voir avec sa famille.
Elle consulte Miss Silver car elle pense que quelqu’un, parmi ceux qui vivent à Ford House avec elle, souhaite sa mort. Miss Maud Silver, ancienne gouvernante devenue détective privé, prend note, pose de judicieuses questions. Et puis Adriana Ford la quitte de très bonne humeur, disant que tous ces petits accidents ou incidents étaient probablement des hasards et qu’il faut qu’elle se remette à vivre normalement comme le suggère si bien Miss Silver.
Deux semaines plus tard, « Mrs. Smith » la recontacte : au cours d’une soirée dont la grande Adriana Ford avait le secret au temps de sa gloire, une amie portant son manteau a été retrouvée noyée dans le joli étang au fond du jardin.
Arrivée incognito (c'est-à-dire comme une autre amie perdue de vue), Miss Silver découvre un lot de personnages hétéroclites vivant dans le domaine : un couple de neveux, les Geoffrey Ford dont le mari est un impénitent coureur de jupons et elle la reine des enquiquineuses ; l’ancienne habilleuse d’Adriana et qui lui sert actuellement de femme de chambre ; Meriel une jeune femme adoptée au tempérament soi-disant artistique mais surtout très dramatique pour attirer l’attention, convaincue d’être la fille qu’Adriana a toujours refusé de reconnaître ; une jeune femme sympathique et sérieuse s’occupant de la petite Stella, fille d’une autre jeune nièce et dont le séduisant frère est amoureux.
Y aurait-il parmi ces gens quelqu’un qui souhaiterait la mort d’Adriana qui entretient tout le monde ? En fait pratiquement tout le monde sauf la jeune Janet qui s’occupe de Stella et celui qui est amoureux d’elle, car Adriana Ford a toujours clamé haut et fort qu’elle partagerait équitablement sa fortune entre eux tous et son personnel très dévoué, mais qu’il faudra attendre sa mort. Ce que quelqu’un à l’évidence n’a pas envie de faire.
Si la mort de Mabel Preston a été classée comme accidentelle (mais Miss Silver est persuadée du contraire puisqu’elle portait un manteau appartenant à Adriana), celle qui surviendra très rapidement après son arrivée, à savoir de la jalouse, dramatique et hargneuse Meriel Ford, ne peut en aucun cas passer pour un accident de noyade dans le même étang car elle a été frappée très violemment par un objet contondant et était morte avant de tomber dans l’eau.
Le superintendant Martin, qui a entendu parler de Miss Silver, est tout de même un peu agacé par cette vieille dame calme qui tricote dieu sait quoi en lui exposant ses théories avec tellement de clarté qu’il se demande un peu si sa présence à lui est bien nécessaire !
J’ai apprécié ce « cosy mystery » dont la lecture m’a délassée (ce dont j’ai besoin en ces moment où ma santé me lâche un peu), mais dont le dénouement ne fut en aucune manière une surprise.
Je ne voudrais pas avoir l’air de me vanter une fois encore, mais j’avais tout deviné au tiers du roman et la poursuite de la lecture n’a été effectuée que pour savoir si j’avais raison ou non.
Je reconnais néanmoins avoir été quelque peu aidée dans mes déductions grâce à un roman d’Agatha Christie, dans lequel il y a deux personnages relativement similaires à ceux de « « The Silent Pond ».
Les autres personnages de cette histoire sont très classiques : à commencer par Adriana Ford, l’ex-reine du théâtre – qui ne supporte pas le mot « non », qui aime bien régenter tout le monde, qui a un cœur d’or mais il ne s’agit pas d’abuser. Et qui d’une certaine manière exerce un « pouvoir » sur les autres avec ce testament où elle dit les avoir tous couchés.
Il y a le curé de la paroisse et son épouse (église anglicane), dont l’ambiance au presbytère est très sympathique, malgré leur malheureuse cousine qui a un secret qui mine sa santé physique et mentale. Il y a aussi la « femme fatale » du patelin, objet de tous les cancans, et en première ligne des suspects pour la mort de Meriel Ford.
Sans oublier les fidèles vieux domestiques de Ford House qui en ont vraiment assez d’avoir Edna, la stupide nièce d’Adriana, sur la bosse à longueur de journée pour des détails insignifiants et comme par hasard au plus mauvais moment possible.
Même si j’avais deviné l’assassin, c’était plaisant à lire, pas fatigant du tout ; malgré tout, certaines situations dans ce roman-ci de Patricia Wentworth étaient moins drôles que dans l’autre polar que j’ai lu d’elle.
Sauf le charmant couple Janet & Ninian, lui tenant absolument à la convaincre qu’ils sont faits l’un pour l’autre, elle très ferme dans sa décision qu’il n’est pas assez sérieux pour elle, mais Miss Maud Silver sait déjà qu’elle se trompe complètement. Un exemple assez typique d’ailleurs des enquêtes de Silver ; Patricia Wentworth adore mettre un jeune couple dans des situations un peu compliquées et puis faire en sorte que tout s’arrange pour le plus grand plaisir de tous.
Je dois aussi ajouter que je trouve l'illustration de l'édition française assez mal choisie - elle donne l'impression que cette histoire se situe au 19ème siècle, ce qui n'est absolument pas le cas puisque le roman se situe peu après la guerre.