THE JANE AUSTEN BOOK CLUB, de Karen Joy Fowler
Titre français = Le Club Jane Austen
A Sacramento, Californie, elles sont six, comme les six romans de Jane Austen = cinq femmes et un homme, même si toutes les dames présentes se demandent ce qu’il vient faire là. D’autant plus que le malheureux Grigg se trimballe avec un coffret des six œuvres de la romancière britannique, parce qu’il n’a pas encore eu l’occasion de tout lire et analyser.
Pendant six mois, elles vont se rencontrer régulièrement pour discuter de l’œuvre de Jane Austen, avec les spécificités qui les interpellent le plus.
Jocelyn est l’instigatrice du groupe, le genre « control freak » comme disent les anglophones ; elle a donc créé un club de lecture, uniquement autour des œuvres de Jane Austen. Chaque personne faisant partie de ce club a un roman en particulier d’Austen, qu’elle apprécie ou auquel elle s’identifie.
Par exemple =
Jocelyn, c’est « Emma », indépendante, propriétaire d’un chenil, adorant, comme Emma, réunir des couples. Sylvia est sa meilleure amie, elles se connaissent depuis l’université, récemment séparée de son époux, son livre est « Mansfield Park » ; comme Jocelyn elle a un peu plus de 50 ans et vit mal sa séparation. Sa fille Allegra, qui vient de se séparer de sa compagne Corinne, est revenue chez sa mère.
Allegra ne jure que par « Sense & Sensibility », elle adore les sensations fortes comme le saut en parachute.
Il y a aussi Prudie, jeune professeur de français, dont le livre de chevet est « Persuasion » et qui aime jalonner sa conversation de phrases en français, ce qui amuse beaucoup Bernadette, 67 ans, la personne le plus gentille qui soit au monde, qui a décidé une fois pour toutes qu’elle préférait le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide. Bernadette a été mariée plusieurs fois et est toute prête à recommencer, bien qu’elle ait décidé qu’elle ne ferait plus d’effort vestimentaire ni de coiffure ! – elle aime « Pride & Prejudice ».
Quant au sixième, Grigg, l’homme du groupe, sa présence ne se justifie que parce que Jocelyn a décidé qu’il serait un candidat idéal pour Sylvia – Grigg adore la science-fiction, il est âgé d’un peu plus de 40 ans et a été élevé parmi des filles, donc il ne se sent pas déplacé parmi ces dames, ce sont elles qui sont parfois mal à l’aise par ses opinions sur les romans de Jane Austen (personnellement, je trouve ses opinions très pertinentes, mais bon j’aime bien Jane Austen, mais pas jusqu’à l’idolâtrie). Le roman dont Grigg parle est « Northanger Abbey ».
D’après la romancière, lire Jane Austen guérit de toutes les peines car dans ses romans, même les pires histoires, finissent bien. N’ayant lu que « Sense & Sensibility » et « Pride & Prejudice », je ne peux juger pour les autres livres, mais dans le cas des deux nommés, c’est exact, du moins si l’on se reporte dans l’époque d’Austen – 18ème siècle, là où seul le mariage « sauvait » les filles.
Que ce premier livre de Karen Joy Fowler ait fait l’objet d’un film, cela n’a rien de surprenant, on a l’impression que le livre est conçu comme un scénario.
Ai-je aimé cette histoire ? je ne sais pas – comme certains personnages d’Austen, j’hésite.
Le roman est une lecture détente sans aucun doute, mais je n’ai éprouvé que peu de sympathie pour Jocelyn et ses copines.
Et pourtant, les critiques outre-Atlantique n’ont pas hésité à dire que l’observation de la nature humaine chez Fowler est identique à celle d’ Austen.
Le livre est conçu en multiples « flash-back », chaque personnage à tour de rôle ayant un chapitre lui consacré. Je ne sais pas si ce côté légèrement superficiel est un pastiche à Jane Austen, qui ont aussi un petit côté superficiel et léger à la première lecture. C’est une histoire sur les relations humaines et leur fragilité, ainsi que fragilité humaine, je pense que c’est la raison pour laquelle j’hésite aussi = l’histoire pendule entre une étude sociologique (genre anthropologie) et une histoire qui se veut drôle.
Bref je ne sais pas que penser de ce bouquin, sauf que je trouve son phénoménal succès outre-Atlantique particulièrement surfait.
Et aussi qu’il vaut mieux avoir lu TOUT Jane Austen et être un/une inconditionnel(le) de la romancière ; ceci dit, je reconnais qu’après lecture de « The Jane Austen Book Club », j’aimerais lire les 4 autres romans que je ne connais que de titre.
L'avis de Chaplum