PROMENADES DANS DES JARDINS ANGLAIS - 3
FINCHCOCKS MANOR & GARDEN
Dans un beau domaine entouré d’un parc forestier, Finchcocks Manor abrite un merveilleux musée d’instruments baroques.
Ce manoir georgien en briques rouges possède une façade le faisant ressembler à un théâtre et comportant une petite statue de la reine Anne, épouse de George Ier d’Angleterre (famille de Hanovre).
Telle qu’elle se présente actuellement, la maison qui date de 1725, ne diffère pas beaucoup de l’original.
Mais tout l’intérêt de ce lieu est l’extraordinaire collection de pianos anciens et l’enthousiasme de ses propriétaires. Mrs. Burnett nous fit une petite introduction en français, ensuite passa la parole à son époux.
Richard Burnett, musicien spécialiste de pianos anciens, a racheté le manoir en 1970 et malgré l’âge et l’arthrite qui déforme ses mains, cet homme plein de vie et d’humour n’a pas perdu sa dextérité aux claviers, comme il nous le prouvera au cours d’une passionnante leçon de musique et d’histoire.
J’ignore si je parviendrai à vous faire partager mon enthousiasme à travers ma petite chronique, mais croyez-moi, rencontrer une personne pareille est un vrai cadeau.
Les Burnett ne vivent que dans une très petite partie de la maison (10%), les instruments y occupant un maximum d’espace ; ce qui a commencé comme une simple collection privée d’instruments est devenu au fil du temps, grâce à des dons d’instruments, un vrai petit musée.
Avec énormément d’humour, Mr. Burnett nous a parlé de certains instruments et exécuté sur certains d’entre eux des airs de Purcell, Tomasson, sonates italiennes et autres musiques baroques (Haydn, Mozart) ainsi que des airs de Grieg, Mendelssohn et Chopin (qui paraît-il détestait jouer sur un piano Pleyel – la Rolls des pianos – car les touches étaient trop dures à ses doigts délicats !).
Beaucoup des noms de ces instruments étant anciens ou allemands, Mr. Burnett nous expliqua avec drôlerie de ne pas se fier à sa prononciation ! Il nous fit également rire lorsqu’il nous expliqua qu’il allait nous jouer les sonates italiennes dans leur entièreté – pendant un bref instant nous nous sommes demandés comment il allait pouvoir caser tout cela en 1 heure d’explications. Ce fut très simple, avec un petit clin d’œil à la fin de chaque sonate, il nous fit comprendre de ne pas avoir peur = elles ne durent qu’une minute et demie !
Le « Rondo à la turque » de Mozart fut un vrai choc ! en effet, Mozart ayant composé ce rondo pour se moquer un peu des musiques turques, il avait adjoint au piano un tambour et des cymbales. L’effet est surprenant vous pouvez m’en croire et Mr. Burnett fut très content de l’effet produit sur ses visiteurs.
De Schubert nous eûmes droit à un morceau inspiré des musiques populaires hongroises, que le musicien avait composé pour le comte Esterhazy qui l’employait à l’époque (en Hongrie).
Il y avait également un petit piano portable, qui s’emmenait lorsque l’on rendait visite à des personnes ne possédant pas de piano – ainsi pouvait-on « faire plaisir » à ses hôtes en leur jouant quelque chose (qu’ils l’aient demandé ou pas !).
La fin de la visite se termine par une promenade dans le jardin de Finchcocks – je n’ai hélas pas rencontrer les trois chats du domaine, chats qui ne portent pas n’importe quels noms évidemment = Mozart, Bach, Beethoven.
Façade arrière
Plafond d'entrée
Après un très agréable 5 o’clock tea, la visite se poursuivit vers l’étage où l’on peut découvrir un peu d’histoire des célèbres « Pleasure Gardens ».
Le « Pleasure Garden » anglais était généralement un grand parc, parfois privé, mais ouvert au public à certains moments. C’était des jardins de récréation, différent d’autres jardins publics par le fait qu’ils étaient surtout destinés à la musique – ils comportaient aussi des zoos ou des ménageries.
Aux 18ème & 19ème siècles, à Londres, leur vogue fut immenseLes plus connus étaient « Vauxhall Gardens » et les « Ranelagh Gardens ». S’y produisaient régulièrement musiciens et chanteurs. Leur décoration était à l’antique, avec petit temple et statues.
En plus des promenades musicales, on y trouvait un « tea garden ». Ceci pour les jardins publics.
Pour les privés, on dit que les « Pleasure Gardens » n’étaient qu’une partie des SIX parties que devait comporter le parfait jardin anglais du 18ème siècle (orangerie ou serres, ménagerie, serres, parc, vergers et « kitchen garden »). Inutile de vous spécifier, je suppose, que cela concernait surtout les « rich & famous » de l’époque.
En résumé, FINCHCOCKS n’est pas seulement un musée de pianos anciens, c’est un musée vraiment vivant grâce à ses propriétaires, où se produisent régulièrement des concerts soit en plein air dans les jardins, soit dans la salle du bas.
On peut aussi y organiser des fêtes privées (mariages, réceptions familiales).