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mon bonheur est dans la ville
22 janvier 2010

LE PAVILLON DES ORCHIDEES

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Le titre de cette exposition – dans le cadre d’Europalia Chine – fait référence à une œuvre calligraphique de l’an 353 de notre ère. Elle est considérée comme un idéal de perfection. Son auteur, Wang Xihzi, a été honoré du titre de « Prince des Calligraphes ».

La calligraphie chinoise n’est pas à proprement parler une « belle écriture », c’est en fait un « Art de l’Ecriture » ; c’est l’accouplement visuel et esthétique du caractère écrit chinois.

On distingue 7 types d’écriture =

1.    Oraculaire – toute première forme d’écriture, sur os ou carapace de tortue ; c’est l’écriture des rituels sacrés, divins

2.    Inscription sur bronze

3.    Ecriture sigillaire

4.    Ecriture des scribes

5.    Ecriture régulière

6.    Ecriture courante, celle de tous les jours

7.    Ecriture cursive ou rapide : caractères très abréviés, réduction du coup de pinceau impulsif de son auteur

Pour chaque caractère, divers types et variantes d’écriture existent donc, ce qui est démontré au visiteur de l’exposition via l’idéogramme « SHU », signifiant = écrire, écriture, calligraphie, livre, offrant 5 versions de ce caractère.

C’est au 6ème siècle que l’écriture chinoise atteint sa maturité grâce à 4 grands maîtres sous la dynastie Tang. Verticales, horizontales, obliques, pointes et crochets la constituent (pas de courbe).

Ce sont les goûts esthétiques de l’empereur qui s’imposent ; création aussi d’une « Académie de la Forêt des Pinceaux » (les mandarins se doivent de suivre ces cours afin de grimper les échelons de l’administration).

L’exposition consiste en une infinité de rouleaux, carnets ou feuilles représentant poèmes, lettres d’accompagnements, préfaces aux poèmes, ainsi que des commentaires religieux (odes aux déesses et dieux).

Le pinceau est l’instrument du pouvoir politique, comme la calligraphie est l’expression même de la culture chinoise.

Il est donc évident que les relations sociales ou la nature humaine y sont exprimées. Le rapport « calligraphie/politique » est fondamental, elle est pratiquée par les fonctionnaires de l’administration qui sont testés en fonction de leurs capacités calligraphiques (et ce jusque fin du 19ème siècle).

La calligraphie est entourée d’une aura mystique, sa pratique a aussi servi d’échappatoire aux lettrés en désaccord avec le pouvoir.

Calligraphie et religion

Pour l’homme, l’écriture a toujours opéré comme un élément de magie ; en Chine, au deuxième millénaire avant notre ère, cette « magie » prit la forme de l’écriture. Les caractères gravés semblaient être considéré comme la volonté des dieux et des ancêtres. A partir du 10ème siècle, le bouddhisme Chan (zen) inspire une esthétique nouvelle et féconde en calligraphie, l’accent sera mis sur l’individualisme.

Calligraphie et littérature

La particularité de la langue chinoise est qu’un seul caractère constitue une idée ; il est donc investi d’un sens – il y a une relation physique entre forme et contenu de chaque signe et entre objet visuel et sens du mot. L’objectif de l’artiste sera de transformer les deux identités de fait en des identités esthétiques.

Calligraphie et trait du pinceau

La formation du calligraphe repose sur l’écriture et la connaissance. Il doit apprendre un certain nombre de caractères par cœur.

Le métier consiste dans la maîtrise du trait = tenue du pinceau en position verticale, mobilisant la pointe de celui-ci dans toutes les combinaisons des caractères et leur enchaînement. La souplesse, l’élasticité de la touffe des poils de la pointe sont primordiales.

Calligraphie et peinture

Après m’avoir réjoui le cœur et les yeux avec le très bon et long rouleau sur les « Douze Vues d’eau » par Ma Yuan (artiste sous les empereurs Zong) et illustrant toutes les formes de l’eau (vagues, eaux calmes ou tourmentées), je peux alors passer dans la partie de l’exposition qui m’interpelle le plus = celle où calligraphie et peinture sont étroitement mêlées.

Tous les peintres chinois sont calligraphes. Au cours de leur apprentissage, le peintre acquiert un répertoire des formes graphiques (traits composant les caractères) ; il y puisera une partie du registre plastique (pour la production picturale).

Lorsque l’écriture devient l’apanage de l’élite cultivée, la calligraphie et la peinture deviennent les exercices d’expression spirituelle. On ne peut apprécier la peinture chinoise sans tenir compte de la calligraphie permettant au peintre d’exprimer (écrire) sa vision mystique et sereine de la nature.

pict_198200C’est ici que l’exposition prend tout son charme à mes yeux = de grands rouleaux muraux sur lesquels sont peints des paysages et des scènes de la vie courante (travaux des champs, faune et flore).

En dehors des rouleaux calligraphiques exposés, l’exposition met également en scène (« en vrai ») le bureau d’un lettré, avec de très beaux meubles, dans un style dépouillé, en bois précieux ; le lettré est entouré de ce qu’il lui faut pour écrire : pierre d’encre, pinceaux, papier, quelques étagères avec des livres de références, un lit de repos.

(Je n’aurais évidemment pu rédiger cette chronique sans toutes les intéressantes explications murales du musée des arts anciens que j’ai adaptées et résumées.)

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Commentaires
N
personnellement, cette exposition s'adresse pratiquement aux personnes connaissant le chinois car des mètres de calligraphies quand on n'y comprend rien, c'est un peu fastidieux - heureusement qu'il y avait la partie avec calligraphie & peinture.<br /> <br /> je ne suis pas une grande fan non plus de tout ce qui touche à la chine, sauf l'art, les aquarelles. C'est pour cela que des trois expos vues dans le cadre d'europalia, c'est celle consacrée aux "TROIS REVES DU MANDARIN" qui m'a le plus intéressée et vraiment touchée.<br /> <br /> les autres ont satisfait ma curiosité naturelle, sans plus.
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D
Je vais lire avec plus d'attention ton billet. Je n'ai rien vu de Europalia Chine car j'avoue , et c'est un tort sans doute, que je ne parviens pas à m'intéresser à l'art asiatique ! Cela me laisse froid ! Je suis pourtant né en Chine mais ne parviens pas à trouver un intérêt pour ce pays. Le seul pays d'Asie qui me tente est le Vietnam. Les goûts sont comme ça ! On ne sait pas trop pourquoi on est attiré par certaines choses et pourquoi l'on en rejette d'autres !
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