PETER'S FRIENDS, de Kenneth Branagh
Un groupe de jeunes comédiens exécute une performance de fin d’études au cours de la soirée de nouvel-an – plutôt guindée, voire coincée - dans la propriété du père de l’un d’entre eux, Peter. En coulisses, ils se taquinent gentiment sur le manque d’enthousiasme rencontré par leur prestation.
Dix ans plus tard, chacun étant allé son chemin, tous ont reçu une invitation de la part de Peter ; il a envie de revoir ses amis pour les fêtes de fin d’année, pour un dernier weekend dans la maison familiale, qu’il va vendre.
Arrivent les premiers Sarah, devenue styliste d’avant-garde, accompagnée de son nouveau petit ami, comme d’habitude un homme marié, le beau Brian qui commence à se fatiguer de servir d’étalon ! - avec Maggie l’éditrice très excitée à l’idée de revoir Peter pour qui elle nourrit un tendre sentiment.
Puis les concepteurs de jingles publicitaires, Roger et Mary, qui à l’évidence ont des problèmes ; elle n’arrive pas à décoller du téléphone afin de savoir comment va leur petit garçon, ce qui agace profondément Roger.
Arrivent bientôt tous les autres amis : Andrew, scénariste connu à Hollywood, ne pouvant plus toucher une goutte d’alcool, accompagné de son excentrique actrice d’épouse, qui ne vit que pour son nouveau régime – et va service de catalyseur à tout ce petit groupe qui va se rendre compte à quel point ils ont tous changé.
« Peter’s Friends » est l’un de ces petits bijoux dont les Anglais nous régalent régulièrement, une histoire simple d’amitié, d’amours déçues, de mariage, de fidélité, de deuil aussi. Le rire avoisine les larmes, on passe de moments proches du loufoques à des moments de malaise ou de tristesse ; les raisons des difficultés du couple formé par Hugh Laurie et Imelda Staunton – tous deux merveilleux – font monter les larmes aux yeux par la façon naturelle dont les comédiens l’expriment.
Je peux voir et revoir « Peter’s Friends » sans me lasser un seul instant et pourtant j’ai déjà vu le film plusieurs fois, mais je ne résiste jamais à cette expression de tendresse, de mauvaise humeur aussi, où l’amitié l’emporte pourtant sur tout le reste. Cette histoire, ce film, sont un régal pour le cœur et l’esprit en ces temps où internet galvaude complètement les termes d’amitié et de sincérité. Les amis de Peter n’ont rien en commun avec les amis de « facebook », vous pouvez m’en croire !
Comme je l’ai dit, les comédiens sont à la hauteur de leur rôle ; à côté du couple formé par Hugh Laurie et Imelda Staunton déjà mentionné, il y a Emma Thompson en éditrice complexée qui aimerait bien que Peter, alias Stephen Fry, jette les yeux sur elle, bien que lui ait de toutes autres préoccupations. Kenneth Branagh, à la fois acteur, réalisateur et producteur du film, est parfait en ex-écrivain existentialiste sans succès, ayant trouvé la célébrité et la fortune à Hollywood, y compris les A.A. où il a rencontré Carol, son épouse actuelle – leur couple est le pendant comique de celui formé par Laurie/Staunton. Carol et Andrew passent leur temps à s’envoyer des rosseries à la tête tout en prétendant s’adorer. Elle est là pour faire une cure loin d’Hollywood et est au régime strict… enfin, strict pour les autres surtout ! Elle est magistralement jouée par Rita Rudner.
Quant à Branagh, en écrivain raté mais scénariste de « soap operas » à la télé, mettant particulièrement sa femme en valeur, il passe de la méchanceté au pathétique avec son habituel talent.
Il y a encore le couple illégitime formé par la styliste Sarah et Brian ; ils sont interprétés par Alphonsia Emmanuel et Tony Slattery qui est un comédien bien connu à la BBC.
Finalement il y a dans cette comédie douce-amère la gouvernante de Peter, Vera, interprétée par Phyllida Law, maman d’Emma Thompson.
A l’époque du tournage Thompson et Branagh étaient encore mariés ; l’équipe du film ne fait pas qu’interpréter un scénario d’amis qui se retrouvent – la plupart d’entre eux se connaissaient depuis leurs études à Cambridge, comme certains du groupe des amis de Peter = Hugh Laurie, Emma Thompson, Stephen Fry et Tony Slattery étaient dans la même classe, de même que Rita Rudner (Carol) qui est aussi la scénariste du film.
Le thème des copains qui se retrouvent de longues années plus tard a été de multiples fois utilisé au cinéma et pourtant il n’est jamais usé ; « Peter’s Friends » est l’une des meilleures versions de ce sujet.
Hugh Laurie et Stephen Fry feront longtemps équipe à la télévision = après leur passage dans « Blackadder », ils étaient collaborateurs dans « A bit of Fry & Laurie » et ensuite tournèrent l’adaptation des romans de P.G.Wodehouse « Jeeves & Wooster » que je recommande vivement.
Tout comme je recommande vivement, et plusieurs fois si nécessaire, de regarder « Peter’s Friends », dont la B.O. permet de retrouver quelques bonnes musiques des années 80.