A NIGHT AT THE OPERA, de Sam Wood

La richissime Mrs. Claypool rêve d'entrer dans le monde des célébrités, Otis Driftwood rêve d'être riche, ils sont donc faits pour s'entendre. Seulement voilà, les choses traînent un peu trop au goût de la brave dame et elle finit par écouter les paroles du directeur de l'Opéra de New York, fort intéressé aussi par la généreusedonation de cette brave personne. Driftwood ne l'entend pas de cette oreille, hélas la décision est prise et Mrs. Claypool finit par décider de partir pour New York après avoir engagé Rodolfo Lasspari, le plus grand ténor !

Cette affirmation n'est guère au goût de Fiorello, ami d'enfance du ténor bien meilleur - mais absolument pas célèbre - Ricardo Baroni. Ce dernier est amoureux fou de la ravissante et talentueuse Rosa, engagée par Lasspari qui espère bien des choses en retour. C'est mal connaître l'adorable fine mouche qui n'aime que son Ricardo.

Finalement, tout ce beau monde quitte l'Europe pour New York, certains avec contrat en poche, d'autres hélas en qualité de passagers clandestins (Tomasso, ancien valet de Lasspari, Ricardo pour suivre sa jolie Rosa, Fiorello parce que où va Ricardo, il va aussi !). Ils trouveront une aide précieuse, même si parfois involontaire, d'Otis Driftwood qui a bien l'intention de récupérer l'affection de Mrs. Claypool, et au passage ses millions de dollars.

Nos joyeux lurons n'hésiteront pas à saboter la représentation du "Trovatore" de Verdi, ce qui permettra enfin à Ricardo et Rosa de prouver leurs talents et conquérir New York.

Et qui dira encore après cela que l'opéra est une chose sérieuse ?

Résumer un film des Marx Brothers, c'est réellement s'atteler à "Mission Impossible".
Raconte-t-on les frasques des Monty Pythons ?
Alors vous pensez, les Marx qui étaient des "Monty" à la énième puissance, c'est une tâche vouée à l'écher. Les gags visuels succèdent aux bons mots à la vitesse grand V.

C'est dans "A Night at the Opera" que l'on retrouve la célèbre scène de la cabine sur le bateau qui va d'Europe à New York, où à peu près tout le monde frappe à la porte de la petite cabine de Driftwood, où même sa malle n'arrivait pas à entrer.
Puis il y a les trois fameux "héros de l'aviation", dont l'identité sera empruntée par les trois passagers clandestins; leur présentation par le maire de la ville est un morceau d'anthologie, comme d'ailleurs la scène de la chambre d'hôtel visitée par le policier à la recherche des trois clandestins.

Groucho, comme toujours, est délectablement odieux, il "bouscule" verbalement son souffre-douleur préféré, l'actrice Margaret DrUmmond qui lui donna la réplique pendant 7 films, au point que Groucho la surnommait "Le 5ème Marx Brother".
On a l'impression que la brave dame a bien du mal à garder son sérieux à chaque réplique vacharde de son "amoureux transi".
On cite souvent le fait que la très gentille et sérieuse actrice ne comprenait pas toujours les blagues de Groucho et lui demandait régulièrement "pourquoi diable les gens riaient-ils ?"

Harpo, l'aîné des frères, interprète comme toujours son rôle muet, répondant d'un coup de klaxon. C'est le plus clownesque des frères, ld plus tendre aussi. Il interprète comme toujours un très joli numéro musical à la harpe, l'instrument dont il tire son surnom.

Chico, celui qui doit son surnom au fait qu’il était un impénitent coureur de jupons, en argot américain « chicken chaser », interprète Fiorello, à l’accent italien très prononcé, ce que le comique fera à travers tous les films des Brothers. Chico était un pianiste de talent, ce que l’on peut aussi constater dans « A Night at the Opera» ; c’est grâce à ce talent, qu’en tant que jeune, il aidera sa famille à subsister.

Les amoureux sont interprétés par la jolie Kitty Carlisle et Allan Jones, tous deux ayant une voix superbe, c’est grâce à sa performance dans « Night at the Opera » que l’artiste obtint le rôle de Gaylord dans la version sur scène du musical « Show Boat ».

Kitty Carlisle, qui est récemment décédée – en avril 2007 – était à la fois actrice, chanteuse d’opéra et à Broadway. Agée de 95 ans, elle était suffisamment alerte pour avoir un one-woman show.

Le désagréable Lasspari est interprété par Walter King, un chanteur talentueux qui dès son plus jeune âge chanta dans des églises notamment, afin de gagner de quoi manger. Il montra un réel talent d’acteur et interprète de comédies musicales, mais il fut rapidement relégué au rang de faire valoir dans les comédies des Marx Brothers et de Laurel & Hardy.

Tourné en noir & blanc, et tout studio, en 1935, ce film est plus jeune que certaines superproductions actuelles.

Bref, quand en été on a le bonheur qu’un film des Marx Brothers soit programmé dans des festivals de cinéma, il faut courir les voir car ce sont des moments ininterrompus de fou-rire.

Et on dit « merci » au directeur du cinéma pour les avoir mis au programme et se sortir ainsi d’un été gris et pluvieux, pour éviter la déprime ou la morosité ambiante. On s’évite ainsi une inutile visite chez le docteur pour se faire prescrire des antidépresseurs.