THE HUMAN STAIN, de Robert Benton

Coleman Silk,doyen d'une université en Nouvelle-Angleterre, brillant professeur de lettres classiques, constate que depuis le début de l'année académique deux élèves inscrits ne sont toujours pas présents aux cours.
Il demande tout haut aux autres élèves s'il s'agit de "fantômes" et ce simple commentaire qui a l'air anodin déclenche le lent mais certain déclin de cet homme peu diplomate.
Traduit devant le conseil de l'université, il réalise que lesdits élèves, qu'il n'a jamais vus, o­nt porté plainte pour commentaire raciste, car "fantôme" est un terme aussi péjoratif que "negro" !
Or comment Silk eût pu le savoir ne les ayant jamais vus ? Furieux et cachant un secret depuis plus de 50 ans, il démissionne.
En rentrant chez lui, il l'annonce à son épouse aimante qui prend fait et cause pour lui, s'emballe en discutant et meurt d'une embolie dans ses bras.

Plusieurs mois plus tard, il devient le voisin de Nathan Zuckerman, jeune écrivain en panne d'inspiration. Les deux hommes sympathisent, l'écrivain étant conquis par l'intense fougue de vivre que dégage Silk; celui-ci finit par lui avouer sa relation avec une femme de 30 ans plus jeune que lui, Faunia, un peu femme de ménage, un peu fermière, mais surtout très tourmentée.

Alors que pour l'ancien professeur, l'attachement est tendre et sincère, elle ne veut pas mélanger sexe et sentiments.
Elle aussi traîne un passé aussi sordide que tragique et, de plus, est harcelée par un ex-mari, ancien vétéran du Vietnam, intensément violent. Lester Farley va les poursuivre de sa méchanceté jusqu'à provoquer un accident qui leur coûte la vie.
C'est alors que Nathan, fidèle à son ami, en tentant de reconstruire la biographie de cet homme aux sentiments sincères, découvrira cette vérite que ce dernier cachait depuis plusieurs décennies.

Anthony Hopkins est ici au mieux de son talent, celui qui nous avait conquis dans "Le silence des agneaux", "the Remains of the day", "Howard's end".

J'aurais aimé que le rôle de l'écrivain soit plus développé, d'autant plus que Gary Sinise lui apporte beaucoup de sensibilité.

Quant à Ed Harris, aussi épatant qu'à son habitude, il campe un Lester Farley des plus inquiétants, ne reculant devant rien, même pas le crime. Ses apparitions sont courtes mais très fortes.

La seule qui ne m'a peu convaincue dans son rôle de jeune femme à la vie sordide est Nicole Kidman, qui n'est pas très crédible en névrosée, fumant cigarette sur cigarette, utilisant un langage vulgaire pour bien montrer qu'elle appartient à un monde socialement différent de celui de Silk et pour lui prouver qu'elle refuse tout attachement sentimental. Par instant, elle frise le ridicule. Il paraît que l'actrice s'est rendu dans un refuge pour femmes battues afin de mieux interpréter son rôle, qu'aurait ce donné sans cela ?

La trame du film est bonne mais j'ai l'impression que le roman de Philip Roth, qui l'a inspiré, doit être plus profond, surtout en ce qui concerne le thème racial.

On retrouve toutefois ce thème récurrent de l' auteur, à savoir que le sexe n'a rien à voir avec l'amour.