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mon bonheur est dans la ville
24 juillet 2009

LES WEEK ENDS DE NERON, de Steno

A0010164Titre italien : Mio figlio Nerone

Titre anglais (UK) : Nero’s weekend

Titre anglais (USA) : Nero’s big weekend ou OK Nero

Ah ces Italiens ! qui eut cru qu’il fût possible de faire rire avec Néron ? Et bien, ils l’ont fait !

Il y avait longtemps qu’un peplum ne m’avait autant amusée, littéralement. D’habitude, ils rigolos parce que nanars la plupart du temps, mais ici, Steno a réalisé une véritable parodie comique du genre.

Le scénario est fort simple =

Néron a fui Rome parce qu’être empereur ne l’intéresse finalement pas vraiment. Lui il se considère comme un véritable artiste, il compose, il chante, bref il casse les oreilles de tous.

Y compris de son amante la ravissante Pompée qui s’est débarrassée de deux maris pour devenir la maîtresse de l’empereur, mais surtout dans l’espoir de devenir l’impératrice. Le problème c’est la « Mamma ».

La célèbre Agrippine, mère possessive par excellence, qui a décidé que son fils serait empereur coûte que coûte !

Pendant qu’il compose dans sa villa au bord de la mer et que toute sa cour se prélasse dans des orgies, même Senèque le philosophe se prélasse.

Voilà la reine-mère qui débarque, on lui avait pourtant mis des vipères dans son lit, et elle n’a même pas été piquée ! Agrippine a un but bien précis : son fils doit conquérir la Britannie, d’ailleurs elle lui a amené l’armure de son grand-père. Et son armée germanique, dont le chef n’a qu’une parole : « Alles Kaputt ! »

Néron est horrifié : quoi ! lui l’artiste acclamé de tous (???) faire la guerre, avoir froid en Britannie du Nord, se blesser peut-être ?

Poppée elle réchigne aussi à la venue de sa « future » belle-mère, Néron l’oblige à se cacher car sa mère n’a pas encore donné son accord.

Néron veut donner un grand spectacle dans sa villa, Poppée râle de ne pas être demandée en mariage officiellement et Agrippine complote pour que le spectacle échoue comme ça son fifils fera la guerre.

Senèque lui fait comprendre à tous que cette ambiance est vraiment nocive à un philosophe épris de calme et de paix… mais un peu comploteur aussi. Il déteste Agrippine qui le lui rend bien.

Et comme cela, pendant tout un week-end, les poisons, les vipères vont passer d’un camp (Néron-Senèque-Poppée) à l’autre (Néron-Agrippine) ; bin oui, Néron il est des deux camps selon que parle sa « Mamma » ou le philosophe.

Il y a cependant une chose sur laquelle tous (sauf Néron) sont d’accord : Néron ne sait ni chanter, ni composer – ils ont eu bien tort de dire cela, car il n’en faudra pas plus pour mettre le feu aux poudres … pardon à Rome !

bb_neron_viDans la meilleure tradition des comédies loufoques à l’américaine, on se retrouve dans un film qui n’a rien à envier à un vaudeville à la Feydeau.

La maîtresse qui doit se cacher à l’entrée de sa peut-être belle-mère, le fils capricieux qui se précipite quand même dans les bras de sa manman dès qu’il est contrarié, mais qui n’hésite pas à essayer de l’empoisonner, de lui mettre des vipères dans son lit, de tenter de la noyer en coulant son bateau…

Les mimiques outrancières tant de Gloria Swanson (Agrippine) que celle d’Alberto Sordi (Néron) sont complétées par l’air détaché que se doit d’aborder un vrai philosophe, Vittorio de Sica (Senèque).

Gloria Swanson est une Agrippine réellement tordante … et un peu maléfique tout de même, avec ses poisons et ses vipères. Cette grande actrice américaine, qui venait de triompher dans « Sunset Boulevard » interprète ici son dernier rôle à l’écran avec ses maquillages et coiffures kitsch, assorties à ses tenues, qui ne la rendent même pas ridicule. Elle montre ici un réel talent comique.

Alberto Sordi lui est carrément dans l’outrance du jeu, il fait de Néron un véritable clown, qui se réfugie ou dans les bras de sa maîtresse, ou dans celle de sa maman adorée, qu’il n’hésiterait pourtant pas à faire tuer pour avoir la paix, ne pas devoir partir à la conquête du monde avec les troupes germaniques, et pouvoir composer à l’aise.

Avec sa perruque et sa barbe d’un roux carotte et ses tuniques aussi kitsch que celles de sa mère, il est vraiment fort comique. Il faut le voir devant son orchestre composé de chèvre, âne, lapin, mainate (qui répète d’ailleurs qu’il chante comme une casserole).

Le philosophe Senèque, son mentor, doit tout à l’humour de Vittorio de Sica ; on lui retrouve des allures du chef des carabinieri dans « Pain, Amour et Fantaisie ».

Il complote avec délice contre Agrippine mais lorsqu’elle le dénigre auprès de Néron, il retombe sur les pieds avec des allures de faux-jeton. Il est vraiment excellent lorsqu’il délire, pardon il philosophe, dans de longs discours pompeux.

Quant à Poppea Sabina, c’est la jeune Brigitte Bardot (avant Vadim) qui s’y colle, et fort bien il faut l’avouer.

Elle a à l’évidence été choisée pour sa plastique superbe, dont les tenues transparentes ne cachent pas grand’chose. Elle est également fort amusante en jeune femme désireuse de se faire épouser, qui pique des colères parce qu’elle n’a jamais la paix quand elle essaie de dormir vu le bruit que fait Néron en composant. Et puis, c’est pas marrant de devoir se cacher de la belle-mère. Qu’elle déteste et qui le lui rend bien. Réellement, B.B. ici est mignonne et drôle.

En dehors de cela, les décors sont fort bien faits, les costumes comme je l’ai déjà dit sont fort kitsch. Sans oublier quelques jolies chorégraphies dignes d’une superproduction américaine.

Mais tout cela est formidablement photographié par Mario Bava, qui était scénariste et directeur de la photographie pour des réalisateurs tels Dino Risi, Roberto Rossellini et bien d’autres.

Bava est aussi considéré comme le maître du cinéma fantastique italien.

Mario Bava était aussi particulièrement doué dans la création d’effets spéciaux, comme en témoigne le tournage des « Vampires ».

Après un petit tour dans le cinéma fantastique, il se lancera dans les peplums, mêlant d’ailleurs les deux genres dans « Hercule contre les Vampires ».

Il inspirera pas mal de réalisateurs de la nouvelle génération, comme Ridley Scott par exemple.

Son goût des couleurs flamboyantes se retrouve également ici, dans les belles couleurs de ce week-end loufoque et totalement hilarant.

J’ai beaucoup aimé l’anecdote que raconte Brigitte Bardot à propos de ce film : à savoir la cacophonie dans laquelle il fallait travailler : chaque acteur émettait les dialogues idiots dans sa propre langue, elle Bardot en français, Swanson en anglais et tous les Italiens, forcément en italien, pendant que le metteur en scène enguirlandait son barbier qui venait de lui faire une petite coupure et que les ouvriers s’occupaient du décor en construction.

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