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mon bonheur est dans la ville
24 juillet 2009

HEAVEN CAN WAIT, d'Ernst Lubitsch

Heavencwaitposter

Un homme élégant arrive dans l’antichambre de l’enfer ; il y est reçu par « son excellence », le diable en personne, un homme tout aussi élégant et qui a fort à faire.

Il est cependant intrigué par ce Henry van Cleve qui prétend avoir toutes les raisons de se trouver là ; d’habitude ceux qui arrivent à la porte de l’enfer ont tendance à prétendre qu’ils n’ont rien à faire à cet endroit.

Or van Cleve prétend qu’il ne fit rien de bon de toute sa vie et que sa place est donc bien là. Du coup, son excellence décide de lui consacrer quelques minutes de son temps précieux et lui demande de raconter cette vie « dissolue ».

Dès sa naissance, Henry sut qu’il plaisait aux femmes ; déjà sa mère et sa grand-mère se disputaient autour de son berceau. Même les petites filles qu’il croisait au parc étaient prêtes à l’autoriser à se promener avec elles, à condition qu’il leur donne une bonne raison, désobéissant ainsi à leurs mères. Le charme d’Henry était sans limites et comme chez lui, chacun faisait tous ses caprices, il se sentait irrésistible.

Lorsqu’apparut « Mademoiselle » dans sa vie, il prit quelques agréables leçons de français, et dans la foulée apprit même à boire du champagne à l’occasion de son 17ème anniversaire, ce qui fut imputé à la jolie bonne française.

Toute la famille van Cleve est vraiment triste qu’Henry soit un garçon si peu sérieux, contrairement au cousin Albert, toujours premier de classe, toujours sérieux. Bref l’ennui personnifié, mais si sage !

Le seul à apprécier le jeune Henry est le grand-père.

Lorsqu’Henry atteint ses 25 ans, il est la coqueluche de toutes les jeunes actrices de music-hall, mais n’arrive toujours pas à se fixer et à avoir envie de fonder une famille. Jusqu’à cet anniversaire de 25 ans, où une fête est organisée à son intention et où le cousin Albert à l’intention de leur présenter son adorable fiancée venue tout droit du Kansas avec ses parents.

Pour le joli cœur-séducteur, c’est le coup de foudre immédiat, instantané. Et la douce Martha partage ce coup de foudre. Il n’en faut pas plus à Henry pour enlever la jolie jeune fille et l’épouser au grand dam de toute la famille. Le cousin Albert joue les nobles cœurs, les parents Strable décident de fermer leur porte à leur fille unique, les parents van Cleve sont mortifiés. Seul Grand-papa est enchanté, enfin un peu d’animation dans cette famille sérieuse !

Pendant plus de 25 ans, Henry et Martha seront heureux, malgré les incartades d’Henry, toujours attiré par les jeunes actrices. Même lorsque Martha sera fatiguée de fermer les yeux, il arrivera à la reconquérir, l’enlevant une fois encore sous le nez des parents Strabel chez qui la jeune femme s’est réfugiée. Toujours en compagnie de Grand-papa en pleine forme ; décidément, avec ce garnement d’Henry, la vie est pleine d’imprévus.

Après leur 25ème anniversaire de mariage, qui correspond aux 50 ans d’Henry, il découvre que Martha a des problèmes de santé ; elle mourra peu après, pendant qu’Henry poursuivra sa vie sous la surveillance de leur fils Jake, désormais directeur de leur société. C’est parce que la très jolie infirmière de nuit a fait monté sa tension un peu trop fort, qu’Henry van Cleve se retrouve à 60 ans dans l’antichambre de l’enfer. Où le diable estime que la vie de cet homme, même si légère et dissipée, ne mérite pas les affres de l’enfer ; il est convaincu que son collègue « d’en haut » prêtera aussi une oreille indulgente à ses frasques et qu’il pourra attendre au purgatoire qu’une place se libère. D’ailleurs, il aura là-haut une charmante avocate prête à plaider sa cause. Oui, sa Martha l’attend sûrement. Pour qui s’imagine le diable avec cornes, pattes de bouc, trident et rire sardonique, oubliez donc toute cette imagerie populaire ! Le diable d’Ernst Lubitsch est un homme d’affaires débordé, extrêmement élégant, possédant une technologie de pointe afin d’envoyer les damnés rôtir à l’étage du dessous.

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« Heaven can wait » est l’avant-dernier film réalisé entièrement par Ernst Lubitsch ; deux films suivront encore, mais l’ultime sera achevé par Otto Preminger. Il suscitera pas mal de controverses  parmi les ligues bien pensantes totalement dépourvues d’humour, l’histoire n’étant pas vraiment « politiquement correcte ».

Les ingrédients de la « Lubitsch Touch »  - un genre inimitable et inégalé à ce jour - se retrouve bien entenu dans cette histoire légère où sont égratignés avec élégance les défauts de la bourgeoisie élégante de New York au début du 20ème siècle.

Précision, virtuosité dans la mise en scène, joie de vivre parfois teintée d’amertume, Lubitsch était un 230px_Don_Ameche_in_The_Feminine_Touch_trailerformidable directeur d’acteurs et Don Ameche, dans le rôle d’Henry van Cleve trouve là l’un des rôles les plus intéressants de sa carrière. Il peut à loisir prendre des mines contrites ou séductrices, qui ne dupent plus sa tendre épouse.

300px_Gene_Tierney_in_Ghost_and_Mrs_Muir_trailerCelle-ci est jouée avec beaucoup de grâce par la très belle Gene Tierney, qui de jeune fille plutôt naïve et effarouchée devient une jeune femme que les excuses de son époux amusent mais ne convainquent pas.

150px_Marjorie_Main_in_Meet_Me_in_St_Louis_trailer_croppedLes parents d’Henry sont joués par Spring Byington et Louis Calhern et dans le rôle des parents de Martha, on retrouve le truculent Eugene Pallette et Marjorie Maine. Les premiers passent leur temps à se consoler mutuellement des frasques de leur rejeton; les seconds passent leur temps à se disputer et à se parler par butler interposé !

Les deux couples de parents valent le déplacement, tout comme le grand-père interprété de main de maître par l’excellent Charles Coburn qui a vraiment l’air de beaucoup s’amuser.

180px_Charles_Coburn_in_Rhapsody_in_Blue_trailer

180px_Laird_Cregar_in_Blood_and_Sand_trailerJe voudrais encore citer Laird Cregar dans le rôle du diable. J’avoue que si le diable existe et qu’il lui ressemble, j’exige de descendre illico presto aux enfers !

L'histoire se situant au début du 19ème siècle à New York, les costumes - des dames notamment - sont très élégants.

vign_jaquette_8706_ciel_peut_attendre__le___1943___1  vign_jaquette_8706_ciel_peut_attendre__le___1943___1b  vign_jaquette_8706_ciel_peut_attendre__le___1943___1c  heaven  jaquette_14448

Le titre « Heaven can wait » provoque apparemment une certaine confusion et c’est assez logique.

Le film d’Ernst Lubitsch était le premier à porter ce titre.

Il ne faut surtout pas le confondre avec un autre « Heaven can wait », qui fut réalisé en 1978 avec l’acteur Warren Beatty.

Ce film-là est un remake d’un film de 1941 : « Here comes Mr. Jordan ». Le sujet de ce film fut repris dans la comédie « All of me » avec Steve Martin et Lili Tomlin.

Ces films n’ont donc strictement aucun point commun avec le film de Lubitsch, sauf le titre du premier remake. Je sais, c’est confus, mais c’est la faute aux remakes.

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