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mon bonheur est dans la ville
24 juillet 2009

STAGECOACH, de John Ford

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Alors que la cavalerie s’inquiète de la progression des Apaches sur le sentier de la guerre sous la direction de Geronimo, la diligence arrive au poste venant de Lordsburg. Une dame enceinte en descend saluée par une amie et son époux ; ensemble ils entrent à l’hôtel, où ils croisent un joueur célèbre. Mrs. Mallory se rend à Lordsburg où elle veut rejoindre son époux militaire.

Dans le bureau du marshall, Buck le sympathique  conducteur de la diligence souhaite rencontrer l’adjoint qui doit l’accompagner pour le protéger ; impossible car le shériff-adjoint poursuit Ringo Kid, qui s’est échappé de prison où il a été injustement condamné à cause des Plummers. Suite aux paroles de Buck, le marshall décide de l’accompagner jusqu’à Lordburg.

Pendant ce temps, le banquier reçoit le coffre comprenant la paie des mineurs tandis qu’un groupe de dames « bien » amènent la belle Dallas à la diligence. Une prostituée n’a pas sa place dans leur ville ; de son côté, le docteur Boone se fait expulser de son hôtel, comme à l’accoutumée il est légèrement saoul et à la jeune Dallas, désespérée, il confirme que des gens comme elle et lui n’ont pas leur place parmi des bigotes raidies dans leurs préjugés.

Dans le bar, Doc n’est plus tellement le bienvenu non plus, vu son ardoise et c’est là qu’il rencontre Mr. Peacock, un petit homme sérieux, représentant en spiritueux – ils sont faits pour s’entendre, le représentant sobre et celui qui est prêt à « tester ses produits ».

Le banquier qui semble en avoir plein le dos de sa dame patronnesse d’épouse a d’autres plans que de revenir dîner à midi pile ! le voilà qui s’embarque aussi dans la diligence, en emportant ce qui ressemble furieusement à la paie des mineurs.

Quant à Lucy Mallory, malgré les remarques venimeuses de ses amies à l’égard de Dallas et de son « état », elle monte aussi dans la diligence. Tout comme le joueur, le doc, le représentant. Cinq personnes plus deux : Buck le conducteur et le marshall Curly qui veut retrouver Ringo. Et le banquier, qui les arrête au bout du village afin d’embarquer également ce qui paraît curieux aux yeux du sheriff ; Gatewood prétend avoir reçu un télégramme urgent mais les lignes ont été coupées par les rebelles indiens.

Au moment de partir, un détachement militaire les rejoint, il les escortera jusqu’au prochain poste où il sera relayé,  car le danger d’une attaque indienne est réelle puisque Geronimo a quitté la réserve.

Dans la diligence les conversations vont bon train entre le sympathique petit Peacock, le doc qui ne lâche pas le sac d’échantillons et le banquier.

En route, tout couvert de poussière, voila le Ringo Kid qui les arrête ; son cheval boîte. Il embarque avec eux ; le sheriff lui fait comprendre qu’il est en état d’arrestation. Pendant qu’il s’installe dans la diligence, Buck le conducteur parle avec gentillesse de Ringo ; le Kid apparemment est apprécié de tous, même du sheriff ; parmi les voyageurs, le doc le reconnaît également. On ne peut cependant pas dire que l’ambiance soit joviale dans la diligence, le joueur se sentant visé par les propos parfois moqueur du doc.

Le groupe arrive à la prochaine halte, où Lucy Mallory apprend que son époux a quitté les lieux avec sa garnison ; ils ont été appelés plus loin. Alors que Buck veut rebrousser chemin, le marshall fait voter.

La majorité étant d’accord de continuer la route,  voilà les neuf personnes aussi disparates qu’il soit possible de l’être qui vont devoir poursuivre leur route, cohabiter et se montrer solidaires malgré leurs différences afin de passer à travers un paysage aride, où des Indiens hostiles les guettent.

Le bébé Mallory va s’annoncer un peu plus tôt que prévu, Ringo va traiter Dallas avec un respect auquel elle n’est guère habituée, le doc va devoir se montrer à la hauteur de son métier pour aider le bébé à venir au monde. Ringo n’a qu’une idée en tête : venger la mort de son père et de ses frères et le marshall ne songe qu’à le remettre en prison, le seul endroit où il serait à l’abri des Plummers. Le banquier râle à propos de tout, critique la cavalerie qui ne les escorte plus. Quant à l’adorable Mr. Peacock il va faire preuve d’autorité à la surprise de tous.

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Dans les analyses des années 1970 sur le western, on a beaucoup critiqué le fait que les westerns d’antan, ceux allant des années 30 à 60 étaient trop « propres », manquaient de réalisme concernant les décors, notamment. Je me demande si ces critiques avaient vraiment bien regardé les westerns d’antan, et vu « Stagecoach » par exemple, car la petite ville où arrive la diligence soulève la poussière des rues qui sont en terre battue ; seules les devantures des immeubles en bois – comme c’était le cas à l’époque – sont également en bois permettant de ne pas totalement patauger dans la boue les jours de pluie.

Quant à la traversée du désert, elle n’est pas non plus une partie de plaisir : vent, sable, cahots. Et la diligence devant traverser la rivière dont le pont à été brûlé par les Apaches n’est pas mal non plus.

Sans oublier l’attaque des Apaches et l’arrivée de la cavalerie, deux grands moments classiques des westerns des années où le politiquement correct n’était pas encore obligatoire et que l’on pouvait encore montrer des Indiens attaquant des Blancs.

Et la tout aussi classique « bon » vs. « mauvais », lorsque Ringo affronte les assassins de sa famille, seul face aux meurtriers.

C’était prévisible = après avoir lu l’essai de Nicole Gotteri sur le « Western et ses mythes », il fallait que je retrouve mes grands classiques du genre. Et rien de tel que ce « Stagecoach » pour m’y replonger.

Une formidable épopée, pleine de rebondissements où les histoires individuelles se mêlent à la survie du groupe. Egalement un regard incisif sur l’Ouest américain et sa société.

Le décor est fabuleux également, il s’agit évidemment de « la piste » classique, celle qui passe à travers Monument Valley, très beau en couleurs, mais encore plus beau photographié en noir et blanc, avec les jeux d’ombre et de lumière.

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700px_Monument_Valley_11

200px_John_FordJohn Ford, le metteur en scène de plus de 130 films, qui « découvrit » John Wayne et lui donna son premier grand rôle dans cette « Chevauchée fantastique », considérée comme l’un des plus grands classiques du genre western. C’est François Truffaut – toujours lui, excellent critique de cinéma – qui disait du metteur en scène John Ford qu’il était le plus moderne des metteurs en scène et qui a inventé le western.

Il faut dire que dans l’imaginaire cinématographique, les personnages de western étaient bien définis ; le « héros fordien » est un dur, solitaire, incorruptible, taiseux et plus à l’aise avec son cheval qu’avec les femmes. Cette réflexion figure dans le billet de la médiathèque, ce film figurant en bonne place dans les cours d’analyse et critique cinématographiques.

Le scénariste Dudley Nichols a adapté la nouvelle d’Ernest Haycox « The Stage to Lordsburg » pour « Stagecoach », nouvelle qui de son côté était librement adaptée de « Boule de Suif » de Maupassant, ce que niera systématiquement Haycox, prétendant qu’il s’agissait de sa part d’un écrit original. (Et dire qu’on se plaint sur les blogs du plagiat de nos avis concernant un livre ou un film !)

En ce qui concerne les Indiens, dans ce film, on en parle tout le temps, ils n’apparaissent pratiquement « en chair » qu’après les trois-quarts de l’histoire par cette technique de Ford appelée « le hors-champ ». Leur présence est simplement signifiée par un village et un pont incendiés et détruits, des signaux de fumée et les conversations des chefs de poste où s’arrête la diligence, ainsi que des militaires.

Le représentation des Indiens dans ce cas-ci date, comme je l’exprimais plus, du temps où le « politiquement correct » n’était pas à la mode. Le peau-rouge, en ces temps-là, était décrit comme un assassin ; ce n’est que avec le film de Delmer Daves « La Flèche brisée » que l’on commencera timidement à réhabiliter les Amerindiens dont on oublie un peu trop vite que les Blancs volèrent toutes les terres.

Traité régulièrement de raciste pour son image des Amerindiens dans ses films, John Ford voulut prouver son adaptation à l’évolution des temps en réalisant « Cheyenne Autumn » où il tente une réhabilitation en dénonçant les massacres d’Indiens dans la conquête de l’ouest.

John_Wayne_in_Wake_of_the_Red_Witch_trailerCôté distribution, il y a donc John Wayne en « Ringo Kid », jeune héros vengeur ; le producteur du film ne fut guère enthousiaste à l’idée de Ford d’engager cet « inconnu » puisque Wayne n’avait tourné que dans des films mineurs, dans des rôles peu convaincants ; il préféra Gary Cooper déjà « bankable » comme on dit actuellement en bon français. John Ford tint bon = « Wayne ou rien ! ». Le producteur céda mais du coup, comme vedette féminine principale, il exigea la présence de Claire Trevor, déjà fort connue à l’époque.

L’alchimie entre Claire Trevor en Dallas et John Wayne est indéniable. Trevor prouve ici son talent, dans le rôle de cette jeune femme que la vie a poussé à la prostitution et qui soudain entrevoit une lueur d’espoir dans ce rancher qui veut l’épouser.

180px_Thomas_Mitchell_in_High_Barbaree_trailerLe meilleur de tous dans le film est indéniablement Thomas Mitchell ; sa prestation en Doc Boone, ivrogne invétéré, philosophe au grand cœur, revenu de tout sauf de sauver la vie des gens, est impeccable et vaut bien l’oscar qu’il obtint cette année-là.

Andy Devine est Buck, le conducteur de diligence, bavard impénitent qui adore raconter ses problèmes conjugaux et n’arrête pas de hurler le nom de ses chevaux. Cela agace fortement le marshall Curly assis à ses côtés et qui prend la direction des opérations.

Le jeune lieutenant qui les accompagne jusqu’au premier relais est interprété par Tim Holt, qui trois ans plus tard sera l’insupportable George Amberson Minafer. Orson Welles adorait « Stagecoach » ; il paraît que durant le tournage de « Citizen Kane », il se passait « Stagecoach » pratiquement en boucle.

Berton Churchill interprète le banquier plein de morgue, qui traite Ringo de gibier de potence alors que lui-même n’est guère honnête. Donald Meek joue le très sympathique Samuel Peacock, totalement abattu et intimidé par Doc Boone, mais qui se révélera un excellent « avocat du diable » lorsqu’il s’agira d’encourage le docteur à aider Mrs. Mallory. Cette dernière, qui représente la bonne société est interprétée par Louise Platt.

L’ancien Sudiste qui se fait son défenseur, son garde du corps, parce qu’ils sont issus de la même bonne société du sud, même si lui a mal tourné, est joué avec talent par John Carradine, père de David, Robert, Keith et Bruce, bien connus du petit et du grand écran.

Et il ne faudrait pas oublier l’humour fordien, plutôt machiste avouons-le, mais qui détend tout de même quelque peu l’atmosphère intensément dramatique de l’histoire.

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