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mon bonheur est dans la ville
23 juillet 2009

THE DEVIL'S APPRENTICE, d'Edward Marston

51TN4WSCHBL__AA240_Ceux qui lisent “Les aventures de Tintin” vous le diront : on les lit surtout pour les frasques du Capitaine Haddock, pour les inventions de ce doux hurluberlu de Tryphon Tournesol et pour les déguisements des Dupond et Dupont. Je dirais même plus et je le confesse sans fausse honte : désormais je lis « les aventures des Westfield’s Men » pour les joutes verbales entre les deux principaux directeurs de la troupe, ainsi que des querelles entre Margery et Lawrence Firethorn, sans oublier les états d’âme amoureux de l’écrivain de la troupe, Edwin Hoode ou les lamentations du tavernier Marwood de l’auberge The Queen’s Head.

Ce qui n’enlève évidemment rien au charme ni à la compétence du héros principal de la troupe élisabéthaine, le très vaillant Nicholas Bracewell, toujours très résolu à sortir la troupe de toutes les ornières où elle se trouve, que ce soient celles des routes ou celles dues aux pièges qu’on lui tend régulièrement.

Dans leur onzième aventure, les ornières sont multiples. A commencer par le chômage technique occasionné par un hiver particulièrement rigoureux qui éloigne les spectateurs de la cour d’auberge qui est leur scène théâtrale privilégiée ce qui permet une fois de plus au propriétaire du lieu de se plaindre de la banqueroute qui le guette !

Pour les troupes de théâtre, ne pas pouvoir se produire est la pire de toutes les catastrophes car pas de représentation signifie pas de paiement et ceux qui n’ont pas une autre qualification que celle de faire partie de la troupe vivent dans une extrême indigence. Pour les directeurs-acteurs principaux ou pour l’écrivain, c’est différent, il y a toujours les salons privés où ils peuvent produire un monologue, écrire des homélies et donc ramener quelqu’argent, mais pour les autres une troupe sans emploi est synonyme du risque de mourir de faim ou de froid.

Heureusement, comme pour les ivrognes, il y a un dieu pour les comédiens et cette fois encore, les Westfield’s Men ont de la chance, un ami de leur mécène les invite à se produire dans son château mais à deux conditions : accepter d’engager le fils d’un ami en qualité d’apprenti-comédien et représenter une pièce totalement inédite, écrite spécialement pour ces représentations exceptionnelles. En d’autres temps, Lawrence Firethorn se serait récrié et aurait fait remarquer qu’on ne dicte pas sa conduite à un acteur tel que lui, mais en ces temps de misère, fi de l’orgueil mal placé !

Grâce à un juriste, dégoûté de son métier et écrivain amateur, la pièce est toute trouvée ; à lui d’accepter de collaborer avec Edwin Hoode afin d’y apporter les aménagements nécessaires. Quant à l’engagement de l’apprenti, le problème semble être le jeune garçon lui-même, il ne montre guère d’enthousiasme, acceptant seulement d’être engagé pour faire plaisir à son père, un riche marchand prétentieux. Ceci inquiète Bracewell, mais comme le gamin est doué, on avisera plus tard !

Hélas, trois fois hélas, ce « plus tard » se présente plus vite que prévu, le jeune gamin sous des dehors polis semblant semer la zizanie parmi les jeunes membres de la troupe. Par ailleurs, il a une certaine propension à fuguer au moment le plus inopportun, bref tout le monde râle même le régisseur, ce qui est assez rare chez cet homme à l’humeur égale. Sans oublier les différents maux qui commencent à frapper Firethorn pendant les répétitions.

Lorsque, lors de la première représentation de la nouvelle pièce, un membre de l’audience meurt empoisonné, les comédiens qui sont des gens superstitieux y voient un très mauvais présage. Bracewell pour sa part va mener une enquête qui l’amènera à rencontrer celle que dans le village on considère comme une sorcière vu ses compétences en potions destinées à soigner. Sa connaissance des herbes pourrait très bien l’avoir amenée à fabriquer d’autres types de potions, mais comment le prouver. Et pour Nicholas il ne fait aucun doute qu’il y a une conspiration dont le jeune Davy Stratton pourrait très bien être une victime d’autant plus qu’il a une fois de plus disparu.

Cette fois encore Nicholas Bracewell aura fort à faire afin de maintenir le moral de la troupe au beau fixe ; sa propre vie sera à nouveau menacée pendant l’enquête qu’il mènera pour retrouver le jeune apprenti mais également pour démasquer le ou les assassins.

Et cette fois encore, je me suis beaucoup amusée à la lecture de ce polar dans le monde du théâtre élisabéthain où un petit morceau d’histoire de la vie théâtrale se mélange subtilement aux aventures de la troupe des Westfield’s Men. Un régal de lecture d’autant plus qu’Edward Marston écrit dans un anglais superbe.

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