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mon bonheur est dans la ville
17 juillet 2009

PAUL KLEE, THEATRE HERE, THERE AND EVERYWHERE

klee7Beaucoup de visiteurs auraient, paraît-il, été déçus apparemment par l’exposition consacrée au thème du spectacle dans l’œuvre de cet artiste éclectique qu’était Paul Klee, à commencer par mon amie historienne d’art dont la thèse porta d’ailleurs sur Klee.

Il semblerait que l’attente du public portait sur l’œuvre peinte de l’artiste ; c’est oublier qu’il ne s’agit  pas ici d’une rétrospective mais bien d’une exposition THEMATIQUE. Les explications fort intéressantes, dans chaque section de la première partie du parcours de cette exposition,  m’ont permis de rédiger cet article.

Je ne suis guère grande connaisseuse d’art, j’aime l’art « à l’instinct » et je n’aime pas nécessairement l’art sous n’importe quelle forme – je ne suis guère fan d’art conceptuel par exemple – et pourtant, lorsqu’il s’agit de deux génies artistiques tels Alechinsky et Paul Klee, je me laisse totalement conquérir par l’ironie, l’humour et l’humanité de leur œuvre.

Intellectuel, observateur, avant-gardiste et pourtant parfois conservateur mais se voulant toujours hors de tout style et groupe, bref un artiste à l’expression artistique individuelle, à la fois dessinateur, peintre, philosophe, poèe mais aussi musicien et grand amateur de théâtre.

L’exposition intitulée LE THEATRE DE LA VIE présente l’œuvre de Paul Klee sous deux aspects particuliers : sa relation à la musique et sa relation au théâtre.

Klee percevait le monde comme une vaste scène ; dans ses compositions imagées se retrouvent ses affinités entre langages musical et plasticien.

L’expo permet de suivre la manière dont l’artiste a traité l’opéra, la danse, le cirque et le théâtre expérimental des années 20, de même que les jeux de marionnettes populaires.

La seconde partie de l’exposition est consacrée à Paul Klee vu par Pierre Boulez, liant Klee à la musique.

Boulez, admirateur de Klee a accepté de concevoir les salles consacrées à la musique dans l’œuvre du peintre.

Première partie – les arts du spectacle 

Pour Paul Klee théâtre et théâtralité se confondent ; pour lui, les gens sont acteurs ou marionnettes dans les scènes de la vie quotidienne.

L’homme aimait tous les genres théâtraux y compris carnavals et foires.

Il a également beaucoup annoté et dessiné dans ses livres scolaires avec un humour et une modernité totalement en avance sur son temps. (A ce propos, je signale au passage   ce fait à mes parents qui m’ont sévèrement punie pour avoir fait la même chose ! comme quoi on n’est jamais reconnu à sa juste valeur =  j’eus pu devenir célèbre !)

Paul Klee visitait assidûment salles d’opéra et de spectacles, observant chanteurs, acteurs, dans leurs rôles. Il répertoriait avec ironie les comportements de ses contemporains pour les transposer dans ses peintures. A partir de la gestuelle, il traçait des portraits des « acteurs du quotidien ».

Klee aimait la danse pour ses mouvements ; pour l’une de ses œuvres (un ballet abstrait), il créa même un alphabet, ce que nous appelons parfois actuellement pictogramme, composé de formules de mouvements, vasés sur les différentes formes de rotations. Le peintre s’est fort intéressé à la danse moderne (dite d’expression) et plus particulièrement par la célèbre Palucca, dont les rotations tourbillonnantes du corps se retrouvent dans plusieurs des travaux de l’artiste.

Dans le cirque, Klee aimait le dressage des animaux, l’aérodynamisme des jongleurs et acrobates, les clowns … il y trouvait non seulement de l’amusement mais aussi une parabole sur l’existence même d’un artiste. Les acrobates et funambules, avec leur équilibre défiant les lois de la pesanteur, représentaient pour Paul Klee le risque du créateur exprimant courage et espoir de réussite mais aussi le danger d’une chute.

Les magiciens lui plaisaient infiniment, jouant sur l’improbable et les illusions ; masques et poupées ne pouvaient que lui plaire également. L’artiste fabriquait des jouets pour Félix, son petit garçon, en s’inspirant du traditionnel guignol.

Dans sa jeunesse, Klee s’était intéressé au sens moral du masque = faux camouflage d’un vrai visage ; plus tard, il intégrera les masques dans ses images sous forme de visions parfois comiques, parfois démoniaques. Vers la fin de sa vie, les poupées devinrent pour Paul Klee une métaphore pessimiste de la lente destruction physique.

Lorsque dans les années 20 commence à se développer l’industrie moderne du divertissement et le culte des stars, Paul Klee s’intéressera à ces célébrités même s’il était peu ému par ce nouveau type d’artistes ; néanmoins compte tenu de son intérêt pour tous les genres  théâtraux, il analysa ces nouvelles figures caractéristiques dans ses nombreux dessins.

On pense qu’il eut pour « modèles » des photos dans les illustrés d’époque.

Deuxième partie – la musique 

boulezPierre Boulez découvrit Paul Klee en 1947 ; passionné par son œuvre, il lui consacrera, en 1989, un livre intitulé « Le pays fertile : Paul Klee », jusqu’à présent indisponible et que l’on a eu l’excellente idée de rééditer à  l’occasion de cette exposition.

Dans ce livre, le compositeur met en parallèle la forme et la structure entre la pensée de Klee et son propre travail de compositeur à lui, Boulez.

Voici ce qu’écrit Pierre Boulez à propos de la ligne de Paul Klee et qui est, selon mon amie historienne d’art, l’essence même de l’œuvre de Klee.

Après ce texte,  il ne restera rien d’autre à ajouter à propos de Paul Klee et de cette très intéressante exposition, qu’il faut regarder avec un œil différent de celui avec lequel on regarde une rétrospective.

« Le principe de la variation c’est, à partir d’une ligne mélodique simple, aux contours limités, de déduire des éléments venant de certains pôles qui tournent autour d’elle et l’ornementent, la rendant plus riche, lui donnant plus de sens, l’étendant dans le temps et l’agrandissant dans l’espace.

Paul Klee trace une ligne, puis il l’ornemente = il l’entrelace avec des espèces de voûtes, plus ou moins éloignées, plus ou moins appuyées, les traits allant du plus fin au plus épais. Son dessin est la transcription fidèle d’une ligne mélodique. »

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