ECHAPPEES NORDIQUES

De Bruxelles à Lille il y a un peu plus d’une heure de route, aussi lorsque je découvris sur le tek’site, les informations relatives à une exposition consacrée aux « Echappées Nordiques » ou « les maîtres scandinaves et finlandais en France de 1870 à 1914 »,  ma curiosité fut titillée par la jolie affiche, qui me semblait d’influence impressionniste, un genre que j’aime bien en peinture. Je me suis donc mise en route avec mon petit bolide, bénéficiant de l'une de ces superbes journées d'automne, sous un ciel lumineux et sur une route dans la nature aux couleurs automnales.

La peinture choisie pour l’affiche et le catalogue est de Georg Achen et comme j’ai pu le découvrir dans le très complet petit guide de visite,  a été prêtée – comme pas mal d’œuvre exposées – par le musée d’Orsay à Paris.

Je ne connais que très peu d’œuvres de peintres nordiques.

A part Edvard Munch, le peintre norvégien surtout connu pour son œuvre « Le Cri » et l’aquarelliste Carl Larsson, j’ai découvert d’autres artistes venus d’ailleurs que de France ou d’Angleterre.

Je mentirais aussi en prétendant avoir tout aimé, mais comme je l’ai déjà souvent répété, on n’est pas obligé de tout aimer mais il est important de garder l’esprit ouvert.

Voici donc un petit tour d’horizon de l’exposition, basé sur le guide de visite.

Vers 1870 des artistes venus des pays scandinaves et de la Finlande descendirent sur Paris afin d’expérimenter d’autres styles, de se former aussi auprès de peintres comme Puvis de Chavanne, Manet, Gauguin, Bastien-Lepage, etc., et éventuellement d’exposer leurs travaux dans les salons et galeries.

Ils vont ainsi cheminer sur les routes de la campagne française en Picardie, Ile-de-France, ainsi que le long des côtes de Normandie, Bretagne, sans oublier la côte d’Opale.

Ces artistes vont découvrir et adapter l’impressionnisme, le symbolisme. Cette colonie nordique va créer son propre langage, son esthétique personnelle en s’inspirant de la nature et de la vie quotidienne.

Ils vont créer ce que l’on appellera le « plein-airisme », un mode de peindre privilégiant la nature, les paysages, la couleur naturelle.

Ce « plein-airisme » va devenir leur principale source d’inspiration. Il représente les pays du Nord, un monde tout à fait réel, proche de la terre, de la mer, des arbres, des champs. Dans ces paysages, on retrouve souvent des personnages, notamment de jolies jeunes filles aux joues roses et rebondies.

Toutefois, l’âme nordique est, selon Strindberg – l’auteur de la « Danse de mort », qui je le découvrirai par cette exposition était également peintre et sculpteur – empreinte de mélancolie et très vite les œuvres des artistes du nord se teintent d’un symbolisme parfois fort sombre.

Les portraits exposés sont souvent austères, contrastant fortement avec ces jeunes paysannes dans les champs.

J’ai aussi découvert le très célèbre portrait de Pasteur, dont j’ignorais totalement qu’il fût le travail d’Albert Edelfelt, peintre finlandais qui fit une carrière exceptionnelle et qui obtiendra d’ailleurs un grand prix à l’Exposition universelle de 1889.

L’exposition permet surtout de découvrir des paysages enneigés, des villages, des pêcheurs et des agriculteurs.

On parle aussi, lorsqu’on évoque les peintres nordiques, des représentations de l’âme scandinave exprimées par deux termes : le « längsel » et le « stämning ». Pour qui connaît un peu d’allemand, le premier terme signifie une sorte d’aspiration, quasi toujours mystique, une manière de se complaire dans la mélancolie, c’est une attente mais toujours d’ordre spirituel.

Le  « stämning » peut également se comprendre si l’on connaît un peu d’allemand ; il exprime l’ « ambiance » - en réalité la disposition psychique d’une personne, qui recherche une ambiance spirituelle et protectrice ; c’est un lieu intérieur et extérieur à la nature humaine, favorisant l’étrange et le mystérieux.

En dehors d’Edvard Munch, Carl Larsson déjà cités, l’exposition offre au public des travaux de Strindberg en tant que peintre, Albert Edelfelt, Anders Zorn, Hugo Salmson, Boberg, Grimelund, sans oublier les sculptures de Ville Vallgren. Cette liste n’est pas exhaustive.

En conclusion, une découverte des plus intéressantes sur des artistes peu connus pour moi, à part comme je le disais les très connus Munch, Larsson et Strindberg.

Pour finir, cette exposition peut être complétée par un beau livre d’art, le catalogue d’une autre exposition « Impressions du Nord », par William  Hauptman et P. Norgaard Larsen. Il réunit une centaine d’œuvres d’artistes finlandais, suédois, norvégiens et danois. On y parle d’une peinture qui au 19^ème siècle s’est développée de manière originale, empreinte d’un symbolisme mélancolique, tout comme les œuvres d’Ibsen, Strindberg pour la littérature ou Sibelius et Grieg pour la musique.