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mon bonheur est dans la ville
1 juillet 2009

UN COEUR ORDINAIRE, de Margarete Jennes

Sur une scène de théâtre, Sylvie est pendue à son téléphone cellulaire ; elle reçoit apparemment les directives du directeur du théâtre où elle doit préparer le décor pour le lendemain. Comme chacune de nous, Sylvie a des problèmes d’argent, elle se cherche donc des boulots, toutes sortes de boulots qui l’amènent à parfois travailler de nuit, comme aujourd’hui. Seulement aujourd’hui c’est pas vraiment un bon jour ou plutôt une bonne nuit pour travailler car le lendemain elle doit se rendre au baptême de Silvio … hé oui comme Berlusconi !

Silvio est son premier petit-fils car notre Sylvie, même si elle ne les fait pas, a atteint la cinquantaine ; elle sait donc que le lendemain elle aura une tête pas possible ! heureusement qu’elle a pensé à prendre son masque bleu, celui qu’on met dans la glacière et qui vous refait des yeux de déesse en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Enfin, elle raccroche et commence à travailler, cherche des boutons on/off pour l’éclairage qui s’allume comme par miracle, mais pas grâce à elle.

Sylvie, pour notre plus grand plaisir, soliloque sur l’âge, les maris qui vous larguent pour une minette, un homme qu’elle a rencontré et qui lui plaît mais qui ne la rappelle pas malgré les multiples messages sur sa boîte vocale ; pourtant il lui avait promis qu’il l’accompagnerait au baptême …

Lorsque, enfin,  sonne le cellulaire, ce n’est hélas toujours pas cet amoureux potentiel mais bien sa maman qui n’arrive pas à s’endormir et qui voudrait bien que sa grande fille lui raconte une histoire ! Suivent quelques petits échanges entre mère et fille, où cette dernière se doit de rectifier tout ce qu’elle dit vu l’interprétation de sa chère génitrice ! A qui elle raconte l’histoire d’une jolie princesse, très grande qui adorait les robes de bal et les diadèmes en diamant jusqu’à ce qu’on la marie à un cousin fort riche mais nain …

Que dire de ce que j’ai ressenti à cette lecture-spectacle portée à bout de bras et de talent par Rosalia Cuevas ? que j’ai adoré ? c’est d’une platitude !
Et pourtant je suis sortie de cette lecture-spectacle,  à laquelle on m’avait si gentiment invitée,  avec une sensation de flotter de bonheur ; vous savez bien : cette impression que soudain vous voilà montée sur des petits ressorts, que le monde est un chouette endroit où vivre parce que les gens sont gentils, vous marchez en sautillant parce que vous vous sentez très gaie, vous avez la joie au cœur et vous avez envie d’embrasser tout le monde.

Dans un véritable feu d’artifice de mots, la volubile Sylvie est tour à tour tendre, énervée, agacée, rigolote ou pathétique ; l’âge, les hommes, les parents, les enfants, tout y passe.

logo_rosaliaElle était, comme je l’ai dit, interprétée par Rosalia Cuevas avec un talent et un abattage formidables. J’ai retrouvé ici le dynamisme de la jeune comédienne qui, à ses débuts au théâtre des Galeries, « cassa la baraque » dans « L’Education de Rita » où là aussi elle faisait des étincelles, comme dans ce « Cœur Ordinaire » de Margarete Jennes qui signe également  la mise en scène. J’ai, et de beaucoup, préféré Rosalia Cuevas dans le rôle de Sylvie plutôt que dans celui de Madame Duplay qu’elle interprète au théâtre du Parc dans la pièce « Robespierre ». Bien sûr, « Robespierre » ne respire pas vraiment la joie de vivre et n’incite pas exactement  à la pétulance et la bonne humeur, reconnaissons le.

Je le répète, voir cette pièce courte, à la fois drôle et touchante fut un vrai cadeau.

Je suis toujours très heureuse d’assister à une lecture-spectacle du M.E.T. (Magasin d’Ecriture Théâtrale), où les comédiens interprètent le texte qu’ils découvrent en le lisant devant les spectateurs. Un réel tour de force d’ailleurs, car non seulement faut il donner les justes intonations au bon moment, tout en jetant un coup d’œil au texte.

J’ai un tout petit, vraiment tout petit bémol : j’ai été légèrement déçue d’entendre discuter,  dans le foyer, la comédienne et l’auteure de la pièce à propos des vieilles dames qui vont au théâtre… il ne faut pas être aussi condescendant à l’égard des personnes âgées qui n’arrivent pas toujours à suivre les modernités d’une mise en scène. Certaines personnes supportent mal que le théâtre ne soit pas nécessairement « classique ». Je n’écoutais pas la conversation, mais j’étais assise tout près et les voix portent parfois au-delà de ce que l’on voudrait.
Je suis entrée dans un passage de ma vie où je ne suis pas très éloignée  de ces « vieilles dames », j’adore le théâtre, j’adore les novations, j’ai eu le bonheur de découvrir (grâce à des copains comédiens) des compagnies dans les années 70 qui innovaient des nouvelles conceptions théâtrales,  mais j’aime bien aussi parfois le théâtre conventionnel ; j’ai eu ma part de « modernité » grâce aux nombreuses invitations que je reçus du temps où Philippe van Kessel était au National. Là je vous le dis tout net, y a eu des jours où j’ai vraiment dû m’accrocher pour rester assise ! Et je n’étais pas encore « une vieille dame », même si je rêve d’en devenir une « indigne ».

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