CLARA HASKIL, PRELUDE ET FUGUE, de SERGE KRIBUS
A l’Atelier Jean Vilar, Louvain-la-Neuve
Texte et mise en scène Serge Kribus
Scénographie Jacques Magrofuoco
Costumes Fabienne Damien
Réalisation pour la télévision Julien Bechara, filmé en décembre 2018
Interprétation = Anaïs Marty
En novembre 2017, le dramaturge Serge Kribus décide d’écrire un monologue, racontant toute la vie de la pianiste Clara Haskil, à l’immense talent.
Clara Haskil naquit à Bucarest en 1895 – toute petite, ne sachant pas encore écrire, elle est déjà capable de reproduire les mélodies qu’elle entend.
Ce fut une femme au talent exceptionnel, rongée par un trac maladif qui la prenait avant d’entrer en scène, au point qu’elle refusait d’y aller, heureusement il se trouvera toujours quelqu’un pour l’encourager, elle qui – perfectionniste – trouvait qu’elle ne valait rien.
Depuis l’enfance et la maison qui brûla à Bucarest, à travers deux guerres mondiales et surtout énormément de problèmes de santé, de douleurs physiques dues à une scoliose qui la fera pratiquement bossue dans ses vieux jours.
Un énorme amour pour sa famille, sa mère et ses sœurs, toutes deux talentueuses violonistes. De grandes amitiés aussi avec un musicien roumain, trop tôt disparu, avec Charlie Chaplin, avec Pablo Casals et Arthur Grumiaux, mais admirée par d’autres grands noms de la musique, qu’elle n’osait pas fréquenter de par une timidité maladive. Mais aussi des amitiés avec des mécènes comme la princesse de Polignac, née Singer.
En 1960, Clara Haskil doit venir jouer à Bruxelles avec Arthur Grumiaux, le célèbre violoniste belge, elle tombe dans les escaliers de la gare du midi, elle mourra en décembre de cette année-là, après de nombreux séjours en hôpitaux et cliniques.
Je sens que je parle très mal non seulement de ce fort beau texte, mais aussi de l’immense talent de Clara Haskil.
Heureusement, le texte de Serge Kribus est magistralement défendu par Anaïs Marty, qui par simples changements d’intonations de la voix, nous livre une Clara tour à tour enfant, jeune femme au caractère pas toujours facile, au trac paralysant.
De simples modifications vestimentaires et de coiffure nous montrent une petite fille, puis une jeune fille parfois fort têtue, ensuite la maturité.
Son affection pour la famille, pour sa mère. Sa gentillesse à pardonner à un oncle qui l’emmena à Vienne pour qu’elle apprenne « correctement » la musique.
Il est évident que le dramaturge connaît la vie de la pianiste sur le bout des doigts, et l’a fidèlement retranscrite pour un texte émouvant, avec parfois de légères pointes d’humour, selon les réflexions de Madame Haskil.
Le réalisateur Julien Bechara se spécialise dans la réalisation de documentaires en direct, filmant des pièces théâtrales mais aussi des opéras.
J’ai apprécié, à travers le texte, quelques dessins en noir et blanc illustrant brièvement des passages de la vie de Clara Haskil.
C’est donc grâce à cette pièce filmée – qui est passée à la télévision - que j’ai pu apprécier non seulement un beau texte, mais aussi une talentueuse comédienne.