PARDONABLE LIES, de Jacqueline Winspear
3ème enquête de Maisie Dobbs, psychologue et détective-privée
Septembre 1930 – Maisie Dobbs est contactée par l’inspecteur en chef Stratton ; la police londonienne vient d’arrêter une toute jeune fille, Avril Jarvis. Elle est couverte de sang, a un couteau à la main avec lequel elle a probablement tué son « oncle » (autrement dit un souteneur). Avril refuse de parler à qui que ce soit, or l’inspecteur voudrait qu’elle puisse avoir une défense correcte, il demande donc à miss Dobbs de la rencontrer et tenter de la faire parler.
Avec toutes les ressources qu’elle a apprises de son mentor et ami Maurice Blanche, Maisie arrive à faire un peu parler la jeune fille, qui dit ne se souvenir absolument de rien mais puisqu’elle avait le couteau à la main, elle a bien dû s’en servir non ?
Lorsque Maisie Dobbs rencontre l’avocat commis d’office, elle réalise que la jeune Avril n'a que peu de chance, elle ne sera peutt-être pas pendue, mais finira ses jours en prison.
Elle envoie Billy, son assistant, à Taunton, la petite ville d’où vient Avril Jarvis, afin qu’il glane autant d’informations que possible.
Maisie Dobbs est ensuite contactée par un maître du barreau, sir Cecil Lawton. Il demande à la détective privée et psychologue de faire des recherches concernant la mort pendant la guerre (14-18) de son fils Ralph.
Peu avant mourir son épouse avait arraché à son époux la promesse qu’il ferait tout pour retrouver leur fils, la pauvre femme étant convaincue que Ralph était vivant. Elle avait d’ailleurs été en rapport avec plusieurs mediums, liseuses de tarot, considérées par tout le monde comme des charlatans profitant de la détresse des autres.
Maisie accepte cette mission et, futée comme elle l’est, négocie ses tarifs demandant l’aide de sir Cecil de s’occuper de la défense d’Avril Jarvis. Voilà déjà, pour la détective, un certain soulagement.
Elle se rend, après cela, à un rendez-vous avec son amie Priscilla Partridge (née Evernden), elles ont partagé bien des souffrances lorsqu’elles travaillèrent comme infirmières dans le corps des volontaires au front.
Priscilla est un véritable « tourbillon » d’énergie, une bonne humeur qui cache pourtant aussi des blessures – ses trois frères sont morts pendant la guerre, comme une grande partie de la jeunesse masculine britannique, si heureuse d’aller défendre son pays, persuadée qu’à noel 1914 tout serait terminé, le cauchemar dura encore 4 années.
Priscilla a eu la chance, après avoir failli devenir alcoolique après les horreurs de la guerre, de rencontrer un écrivain – depuis, mariage et trois garçons ont presque stabilisés la jeune femme.
Lorsque Priscilla apprend que, dans le cadre de ses recherches pour Lawton, Maisie va se rendre en France, pour vérifier ce qui est advenu du jeune pilote, elle demande à miss Dobbs de se renseigne à propos de son frère aîné, Peter Evernden, lui aussi tombé au combat.
Pour Priscilla, il y a une zone d’ombre sur la mort de son frère et puisque Maisie est dans le nord de la France, peut-être pourra-t-elle découvrir quelque chose.
De plus, Priscilla arrache à son amie la promesse qu’elle viendra leur rendre visite à Biarritz où la famille Partridge est installée. Maisie hésite, mais il est vrai qu’un peu de repos lui ferait du bien.
A partir du moment où Maisie Dobbs a accepté la mission pour retrouver ce qui est arrivé à Ralph Lawton recherchant ceux qui l’ont connu dans ses moments de jeunesse, avant la guerre, il semble bien qu’elle ait donné un coup de pied dans un nid de frelons, car des « accidents » se produisent, elle est même suivie et ce n’est pas par un policier assurant sa protection.
Elle en parle à Maurice Blanche, et lui explique aussi ce qu’elle fera pour son amie, il décide de l’accompagner en France, il a aussi envie de retrouver de vieux amis à Paris.
Quelque chose dans l’attitude de son ami surprend Maisie, mais elle n’a guère le temps de s’arrêter à cela, elle a plusieurs chats à fouetter et préparer un voyage en France.
La jeune femme ne réalise pas non plus à quel point cette enquête sur des disparus va faire remonter à la surface, pour elle, des souvenirs bien enfouis.
Mon avis = formidable thriller historique, une histoire plus empreinte de psychologie que la seule résolution d’un crime.
Les blessures de la guerre 14-18 restent très vivaces dans les mémoires, y compris pour Maisie Dobbs dont le docteur qu’elle aimait a été blessé à la colonne vertébrale, il ne peut plus se nourrir seul, ne peut plus parler, ne reconnaît plus personne ; ce voyage en France sera aussi très douloureux pour la détective-psychologue.
J’utilise à dessein le terme « thriller » au lieu de polar, car la mort des deux jeunes hommes sur lesquels elle enquête, est plus une descente sur la voie des souvenirs, auprès de tous ceux qu’elle rencontre dans le cadre de ses recherches De plus, comme dit plus haut, Maisie Dobbs se sent suivie, épiée et les quelques « accidents » qui lui arrivent ressemblent à des tentatives délibérés de la tuer. Plusieurs personnes conseillent d’ailleurs à la jeune femme de renoncer à cette enquête.
J’ai beaucoup aimé le ton général de l’histoire, l’émotion très vive ressentie par la détective est si bien décrite que les lecteurs la ressentent également. Par ailleurs, la manière de travailler de miss Dobbs est intéressante à lire également, c’est un travail difficile, interroger des gens qui immédiatement adoptent une attitude hostile, ou alors répondre évasivement, faisant comprendre qu’il vaut mieux que certaines choses restent ensevelies.
La romancière Jacqueline Winspear met beaucoup l’accent également sur les difficiles relations entres parents et enfants, l’as du barreau notamment ne semblant pas très enthousiaste à retrouver son fils.
Bref = à lire pour ceux qui lisent l’anglais, car malheureusement seulement deux romans de Jacquline Winspear mettant Maisie Dobbs en scène ont été traduits.
Quand je pense à tout ce qui est traduit dans les polars (et pas nécessairement les meilleurs), je suis franchement choquée que cette série ne le soit pas.