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mon bonheur est dans la ville
16 juillet 2018

THE GUERNSEY LITERARY AND POTATO PEEL PIE SOCIETY, de Mary-Ann Shaffer & Annie Barrows

guernesey

coe14

Titre français = Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates

En janvier 1946, après une tournée littéraire avec son ami et éditeur Sidney Starck, tournée où elle a signé et discuté du livre tiré de ses chroniques durant la guerre publiées sous un pseudonyme, Juliet Ashton reçoit une lettre d’un certain Dawsey Adams.
il a trouvé ses anciennes coordonnées dans un livre de Charles Lamb.
Un échange par lettre s’en suit et commence alors une belle aventure épistolaire entre les habitants de l’île anglo-normande de Guernesey.
Juliet apprend ainsi l’anecdote concernant la création du « Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » - cela lui donne une nouvelle idée d’un livre qu’elle publierait enfin sous son patronyme (la première incursion dans ce domaine fut une biographie d’Anne Brontë, qui hélas remporta peu de succès).

Dawsey Adams en parle à ses amis du « Cercle », et chacun d’entre eux envoie des lettres à Juliet, avec le ressenti et surtout l’abominable occupation de l’île par les nazis.
Au centre de toutes les lettres émerge une figure emblématique, celui de la créatrice du « Cercle » Elizabeth McKenna, dont toute l’île vit dans l’espoir de son retour, après qu’elle ait été déportée à Ravensbruck, pour avoir aidé un travailleur Todt, mourant de faim.

La correspondance est intéressante, mais Juliet n’arrive pas à en tirer un livre, aussi décide-t-elle de centrer l’histoire autour d’Elizabeth McKenna. Pour ce faire, elle se rend à Guernesey au grand déplaisir de son nouveau soupirant américain, éditeur aux USA, le très riche et arrogant Markham Reynolds Jr.
Inutile de dire que Ms. Ashton est accueillie à bras ouverts par le « Cercle » et peu à peu s’intègre  bien à la vie de l’île, ainsi que dans la vie de Kit, la petite fille de 4 ans d’Elizabeth.
C’est une amie que cette dernière s’est fait à Ravensbruck qui va confirmer que Elizabeth McKenna ne reviendra jamais. L'histoire se poursuit sans elle, peut-être mais elle reste au centre des coeurs et des esprits.

Mon avis = excellent – comment ai-je pu passer à côté de ce petit bijou qui depuis sa sortie en version originale figurait dans ma PAL ? –
Je l’ai déjà dit, je le sais, mais il est des livres qui vous attendent patiemment dans votre bibliothèque parce qu’ils savent que vous allez les aimer beaucoup.

Je n’accroche pas toujours aux romans épistolaires (je me souviens du temps qu’il m’a fallu pour lire « Les Liaisons dangereuses ») – j’avais donc relégué le livre en attendant d’être prête et cette fois,  je l’étais.
Je dois dire que je suis une grande amatrice de ce que j’appelle la « vraie correspondance » (ce qu’Edward Lear appelle « snail mail ») en opposition aux courriels, et j’ai une amie de très longue date qui partage ce plaisir de la lettre écrite, nous ne nous voyons pas souvent, mais nous nous écrivons très régulièrement,
c’est toujours un plaisir de découvrir une « vraie » lettre dans la boîte ; c’est un peu pour cette raison que je comprends mal mes réserves à lire un livre d’échanges épistolaires (peut-être que Freud aurait une explication ? =^-^=)

Lors de sa parution, le roman fit un tabac, et je suis aussi assez méfiante lorsqu’on couvre un livre d’éloges, unanimement – cela provoque toujours un mouvement de recul chez moi, ayant peur que trop d’enthousiasme ne puisse se partager.
Il est vrai que je viens de voir l’adaptation qui en a été faite au cinéma, de pouvoir mettre un visage sur certains des personnages m’a aidée à, en quelque sorte, les identifier.
Je suis contente d’avoir vu l’adaptation cinématographique AVANT d’avoir lu le roman, car le film me semble désormais tellement mièvre, il lui manque tout l’humour caustique de Juliet Ashton, notamment.

C’est réellement une jeune femme selon mon cœur = elle n’a pas hésité à envoyer une théière à la tête d’un critique de journal tenant des propos personnels insultants. Quant à ses deux ruptures d’avec deux hommes qui pensaient pouvoir la contrôler, ce sont de vrais petits moments fort drôles auxquels j’ai applaudi vivement.

Dès le départ, j’ai été emportée par l’humour caustique des échanges entre Juliet et son ami de toujours, son agent et éditeur, Sidney.
Mais tous les personnages sont savoureux, notamment Isola Pribby, excentrique à souhait, se prenant pour Miss Marple et se trompant totalement, contrairement à l’héroïne d’Agatha Christie.
Isola est aussi au centre d’un petit thriller littéraire se rapportant à des lettres d’Oscar Wilde.

Ecrit sur la période du  sortir de la guerre, le ton est léger au début mais devient un peu plus profond au fur et à mesure que Juliet découvre Guernesey et ses souffrances – souffrances dont les Londoniens ne furent certes pas exclus, tout comme toute l’Europe, et aussi le personnage d’Elizabeth qui créa le cercle littéraire.
Le roman  est à la fois drôle et poignant, tente de parler à notre raison mais la plupart du temps, parle surtout à notre cœur.

Il est truffé d’allusions à des auteur.e.s du passe = Oscar Wilde, les sœurs Brontë, Jane Austen, les poètes Auden et Wilfred Owen, Chaucer, Shakespeare, Charles Lamb plus particulièrement.

Livre comme film m’ont donné une furieuse envie de découvrir Guernesey – mais comme disait Kipling, ça c’est une autre histoire.

Qui était Charles Lamb grâce à qui Dawsey et Juliet entament leur correspondance = Charles Lamb était un poète, écrivain, essayiste et critique littéraire dont l’œuvre la plus connue semble avoir été « Essays on Elia » et l’essai qui lui fait suite. Il est aussi l’auteur, avec sa sœur Mary, d’un recueil pour la jeunesse basé sur les pièces de Shakespeare – ces « Tales of Shakespeare » ont souvent été réédités depuis la première édition au 18ème siècle, qui fut illustrée par William Blake.
L’une des plus belles éditions à ce jour est l’édition illustrée par Arthur Rackham.
Il régnait hélas dans la famille Lamb un problème de troubles mentaux – lui-même passa quelque temps dans une institution mentale, mais c’est sa sœur Mary dont il était proche qui était la plus touchée – dans un accès de démence, elle poignarda leur mère alors que son frère était absent.
Il lui trouva, ce même jour avec l’aide d’un ami médecin, une place dans une institution privée, alors que leur frère aîné voulait la faire enfermer dans un asile d’aliénés. 
Grâce à ses amis, Charles Lamb parvint à éviter à sa sœur un enfermement en prison pour le reste de sa vie.
Charles Lamb était un ami proche de Samuel Coleridge, avec qui il avait fait ses études ; avec lui il fréquenta les salons littéraires et notamment celui des Wordsworth.
Dans les cercles littéraires qu’il fréquentait, il rencontra entre autres Percy Shelley.
Lamb ne se maria jamais, la seule personne dont il fut amoureux était la comédienne Fanny Kelly, célèbre dans les théâtres de Drury Lane, qui refusa sa demande en mariage.
Dans mon illustration des auteur.e.s dont il est question dans ce petit bijou de livre, Charles Lamb est le premier en haut à gauche (quand on regarde l’illustration =^-^=). Il y manque Senèque, il est mentionné dans les premières correspondances. 

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L’auteure Mary Ann Shaffer était éditrice, bibliothécaire et aussi libraire. Son rêve de toute une vie était d’un jour écrire un livre et être publiée.
Ce roman = The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society a été son premier roman, hélas elle est tombée gravement malade (cancer) et elle demanda à sa nière, Annie Barrows, auteure d’une série de livres pour la jeunesse, de l’aider à terminer « The Guernesey …. ».
Ms. Shaffer est décédée en février 2008, à peine quelques mois avant la parution de son premier (et seul) roman.

Elle découvrit Guernsey en 1975 alors qu’elle faisait partie d’un cercle littéraire elle aussi.  
Son roman offre un regard documentaire sur l’île anglo-normande de Guernsey au cours de la 2ème guerre mondiale, qui fut le seul territoire dépendant de la couronne britannique à être occupé par l’armée allemande.

Ms. Shaffer s’était rendue à Guernesey car elle avait l’intention d’écrire une biographie sur Kathleen Scott, l’épouse de l’explorateur du pôle Scott ; malheureusement les informations glanées sur Mrs. Scott n’étaient guère suffisantes, aussi la romancière décida-t-elle de s’informer un peu plus sur Guernesey ; à peine arrivée à l'aéroport, un brouillard rendit son vol impossible, aussi passa-tt-elle son temps dans l’aéroport à lire plusieurs livres sur l’occupation nazie dans l’île.
Vingt ans plus tard, Mary Anne Schaffer avait définitivement abandonné l’idée d’une biographie sur Kathleen Scott et se mit à écrire un roman autour des informations recueillies sur Guernsey.

les autres avis concernant le livre = critiqueslibres, textes&prétextes, leblogdenoisette, legoutdeslivres, dasola, cynthia, l'ogressedeparis, doucettementviolette, cecile'sblog, karine-moncoinlecture, leslivresd'aline, lamaisondemilly, myloubook

auteurs cités dans le livre

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Commentaires
M
Je suis ravie que tu as aimé et j'aime beaucoup ta chronique, si bien documentée comme toujours. Tu as raison, certains livres attendent leur heure :)
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T
Ton billet enthousiaste et qui explore toutes les facettes du roman fait plaisir à lire. Comme toi, je pense que certains rendez-vous avec une oeuvre attendent leur heure et c'est parfois mieux de les découvrir en dehors du "bruit médiatique" à leur parution.
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D
Bonjour sheherazade2000, merci pour le lien. Si tu n'as pas encore vu le film, va le voir. Il est sympa et bien joué. Bonne fin d'après-midi.
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C
J'en garde un bon souvenir de lecture, même si elle commence à dater :-) J'ai aussi furieusement envie de découvrir Guenersey !
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T
Il est aussi dans ma PAL depuis belle lurette et à chaque fois que je le vois je me dis une autre fois peut-être.<br /> <br /> Ce billet va le faire remonter ;)
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