NOTORIOUS, d'Alfred Hitchcock
Titre français = Les Enchaînés – film tourné en 1945
Scénario original de Ben Hecht
Dialogues (scènes d’amour) = Clifford Odets
Aux Etats-Unis, le procès de Joseph Huberman, espion à la solde des Nazis, fait la une de tous les journaux. Sa fille Alicia, horrifiée par les actes de son père, l’a renié – lorsqu’il lui avoua qu’il espionnait pour les Allemands, elle lui a fait remarqué qu’elle n’était pas allemande mais américaine comme sa mère, née aux Etats Unis elle n’a aucune sympathie pour l’Allemagne.
Cela n’empêche la jeune femme d’être désespérée et elle a noyé son chagrin dans l’alcool et les hommes.
Elle est approchée par un certain T.R. Devlin, membre des services secrets américains, il possède l’enregistrement d’une conversation entre son père et elle où elle affirme son amour pour les Etats-Unis. Selon Devlin, elle devrait œuvrer pour ce pays qu’elle dit aimer au lieu de gaspiller sa vie.
Tombée immédiatement sous le charme de cet homme qui reste distant, elle accepte, ignorant cependant ce que l’on attend d’elle, à savoir aller à Rio, y séduire un certain Alexander Sebastian, qui a été amoureux d’elle. Alicia aimerait ne pas devoir jouer les Mata-Hari et implore Devlin de lui dire ce qu’elle doit faire. Il se comporte comme un parfait muffle et lui dit qu’elle n’a qu’à décider elle-même. Certaine qu’il la méprise, elle accepte. Sebastian est heureux de la retrouver et malgré les protestations de sa mère, il épouse Alicia. Qui communique régulièrement le peu qu’elle sait aux services secrets par l’intermédiaire de Devlin.
Il est évideent que le plus grand secret de nid d’espions nazis se trouve dans le cellier de la demeure des Sebastian. La jeune femme parvient à prendre la clé pour une soirée, Devlin et elle découvrent le pot aux roses dans la cave, mais Sebastian les a surpris. Lorsqu’il réalise que sa clé lui avait été dérobée, il est catastrophé = il a épousé une espionne américaine, mais ses « amis » nazis ne lui feront plus confiance et le supprimeront.
Sa mère ne le lui envoie pas dire qu’elle l’avait prévenu, mais concocte un plan pour se débarrasser d’Alicia sans éveiller les soupçons – après tout, il n’est pas rare qu’une jeune femme tombe gravement malade n’est ce pas ?
Au bout de quelque temps, Devlin s’inquiète de ne plus voir Alicia.
Dans ce thriller d’espionnage, Alfred Hitchcock a eu envie de combiner divers éléments = l’histoire « gothique » de la jeune femme séquestrée, le film noir dont la femme fatale accélère la chute d’un protagoniste.
Inutile de dire que la combinaison est parfaitement réussie.
Par ailleurs, Hitchcock, dans les débuts du film, use de la technique du « flou artistique » destiné à mettre plus particulièrement l’accent sur ce qui est le plus important à ses yeux = le couple Cary Grant/Ingrid Bergman dans l’avion et à la terrasse du café, où tous les autres personnages « disparaissent » dans un flou destiné à montrer que c'est le couple et le couple seul qui compte.
Et lorsqu’il nous montre la tasse de café, faisant disparaître tous les protagonistes dans le flou également, c’est pour bien montrer le plan machiavélique qui a surgi dans le cerveau de Madame Mère.
Le film est tourné en noir & blanc et c’est une grande réussite, jouant comme toujours avec les lumières et les ombres.
L’interprétation est formidable = Ingrid Bergman est attachante et émouvante dans ce rôle de vulnérabilité amoureuse, désenchantée, désespérée.
Ce rôle est le 2ème qu’elle interprète pour Alfred Hitchcock, après « Spellbound » l’année précédente (1945) – elle interprétera encore un film pour lui « Under Capricorn », dont j’ai déjà eu le plaisir de parler.
Face à elle, Cary Grant est parfait même si on l’a connu plus sympathique ; face à des sentiments qu’il éprouve mais une méfiance dont il n’arrive pas à se départir, il repousse avec cynisme et méchanceté un amour naissant tant pour lui que pour elle.
Claude Rains, par contre, bien qu’il soit le « salaud de nazi » est un amoureux vieillissant mais charmant, tellement heureux de ce qui lui arrive d’abord qu’on a presque mal au cœur pour lui de le savoir berné.
Par contre, Leopoldine Konstantin dans le rôle de sa mère est parfaitement odieuse, sans scrupule, prête à tuer pour sauver la peau de son fils. Cette actrice autrichienne quitta son pays après son divorce pour s’installer aux Etats-Unis avant la 2ème guerre mondiale. Elle était plus particulièrement comédienne de théâtre et de cinéma en Autriche et Allemagne – « Notorious » est son seul film américain.
Louis Calhern est le chef des services secrets, pour qui la mission est plus importante que tout – pour lui « tomber au combat » est logique !!!
J’ai apprécié la manière dont Hitchcock a présenté les services secrets américains = ils ne sont guère plus scrupuleux que ceux contre qui ils luttent – ils recrutent Alicia en lui faisant porter le poids de sa culpabilité d’être la fille d’un salaud, alors qu’elle n’y est pour rien – c’est à elle à racheter les fautes de son père !!! Et en plus ils la méprisent pour le travail qu’ils lui confient, parce qu’aucune « femme convenable n’aurait accepté ça » !
« Notorious » est un superbe portrait de femme.
Sur le blog d’armelle-laplume&l’image, un très beau portrait d’Ingrid Bergman.
L'avis d'armelle sur "Notorious"
la classique apparition-cameo d'Hitchcock dans son film
(ici au bout d'une heure - généralement c'est au début d'un film
qu'il s'amuse à apparaître)