THE MANDALA OF SHERLOCK HOLMES, de Jamyang Norbu
Based on the reminiscences or Hurree Chunder Mookerjee CIE, FRS, FRGS, Rai Bahadur
Titre anglais aux U.S.A. = Sherlock Holmes, the Missing Years
Titre français = Le Mandala de Sherlock Holmes
Le jeune Hurree Mookerjee, travaillant pour le colonel Creighton, au service de Sa Majesté, sous des dehors d’employé à la reconnaissance du territoire, ses monts, ses rivières, etc, doit accueillir un certain Mr. Sigerson, un mystérieux Norvégien qui tout d’abord refuse son aide, expliquant qu’il n’a nul besoin d’un assistant pour son voyage.
Toutefois, le jeune Mookerjee va rapidement prouver son utilité et sera accepté par Sigerson.
Quelle ne sera pas la surprise d’Hurree de découvrir qu’il a, face à lui, le célèbre Sherlock Holmes, que le monde entier croit mort, voyageant incognito et bien déterminé à se rendre au Tibet – de Simla à Lhassa – bien que cela lui soit fortement déconseillé, vu que ce malheureux pays est sous la coupe chinoise et que les étrangers y sont très mal reçus, même par les Tibétains.
Nous le savons toutes et tous, Sherlock Holmes n’est pas l’homme à qui l’on dit « non », s’il a décidé quelque chose, il le fait.
Mookerjee va avoir plusieurs fois l’occasion de s’en rendre compte. Car lui aussi est bien déterminé à l’accompagner, bien que le colonel Creighton rechigne un peu à la dépense supplémentaire pour ses services.
Mais ce sera l’occasion pour Mookerjee d’observer la situation sur place, sans se faire remarquer de préférence, contrairement à une première incursion où il faillit perdre la vie et surtout mettre les espions de sa majesté en danger.
De Simla à Lhassa, le lecteur suit le chemin de Sherlock Holmes et son efficace jeune assistant, poursuivis par les assassins à la solde du colonel Sebastian Moran, bras droit de Moriarty, le génie du crime, mort dans les chutes de Reichenbach.
Moran et ses sbires sont bien décidés à venger la mort de leur chef.
Le but de cet odyssée est d’aider à sauver le jeune dalaï lama et lui permettre de monter sur le trône, après que ses jeunes prédécesseurs aient tous été assassinés.
Pour y arriver = un superbe thangka – peinture sacrée bouddhiste – sur lequel figure un mandala, représentation symbolique du monde.
Au verso de ce mandala, une inscription secrète.
Inutile de dire qu’il est également convoité par les criminels.
Dans « The Final Problem », Sherlock Holmes disparaît dans les chutes de Reichenbach, assassiné par son auteur Arthur Conan Doyle, exaspéré par la gloire de « sa créature » lui faisant de l’ombre pour ses autres ouvrages ; il le balança donc en compagnie de son nemesis Moriarty, le « napoléon du crime » dans les chutes.
Tollé unanime de la part des lecteurs, de son éditeur, bref 2 ans plus tard, Conan Doyle se décida, la mort dans l’âme, à ressusciter le génie de la détection.
Que fit donc le plus grand détective du monde pendant ces 2 années ? Dans « The Empty House », il confie au Dr Watson, après s’être révélé vivant à ce dernier qui s’en évanouit (heureusement qu’il n’était pas cardiaque, il aurait pu passer dans l’autre monde lui aussi !), il confie qu’il est parti au Tibet !
C’est du moins la version de ce sympathique pastiche, dont – sans vouloir « faire mon intéressante » - j’avais très rapidement deviné qui étaient ceux qui attentaient à la vie d’Holmes.
C’était tellement évident !
Mais soit ! comme d’habitude, cela n’a strictement rien enlevé à mon plaisir de lecture, au contraire puisque cela m’a conforté dans le fait que j’ai souvent (toujours =^-^=) raison
Roman d’aventures et d’espionnage, il nou.s offre aussi beaucoup de détails sur les croyances attachées au bouddhisme, la spiritualité – peut-être un petit peu trop de ce côté-là.
Le paranormal tient une grande place dans le 2ème grand chapitre, celui dont l’action se situe au Tibet.
La fin est particulièrement grand-guignolesque, bien dans le ton d’une histoire à multiples rebondissements.
Beaucoup de notes en bas de page aussi, un peu trop parfois car cela oblige à se détourner de l’aventure.
Et un chapitre-épilogue que je n'ai guère trouvé utile.
Le roman parle aussi abondamment, dans le prologue, de Rudyard Kipling, contre lequel le personnage d’ Hurree Mookerjee semble avoir une sérieuse « dent », depuis la parution de son roman « Kim » dont le contenu aurait fait, dit Hurree, beaucoup de tort à la cause de l’espionnage anglais en Inde.
Ce très bon pastiche, écrit par Jamyang Norbu, écrivain et activiste de la cause tibétaine, adopte totalement le ton des écrits du docteur Watson.
L’auteur en profite pour parler de la situation du Tibet et son peuple, maltraités, humiliés, écrasés par la Chine qui tente d’éradiquer leur culture, leur langue, toute leur civilisation en fait. Le territoire du Tibet intéressant les Chinois pour ses ressources mais aussi pour son étendue, vu que les Chinois sont à l'étroit dans les grandes villes.
Bien que transposée au 19ème siècle, cette situation reflète fortement celle du Tibet actuel.
Un roman à la fois divertissant et instructif.