UNDER THE DRAGON'S TAIL, de Maureen Jennings
Non traduit
Une enquête du détective William Murdoch
Quel désarroi lorsque l’on se retrouve enceinte sans mari, avec le petit ami qui s’est évaporé dans la nature dès qu’il a appris la nouvelle – on perd son emploi si l’on en a un ; la seule solution semble être soit de mettre le bébé au monde et puis de le donner à l’adoption – avec parfois d’horribles conséquences pour le petit enfant – ou se faire avorter.
Comme l’avortement est illégal, on s’adresse en dernier recours à une femme s’y connaissant en herbes abortives.
Dolly Shaw était une sage-femme qui aidait les femmes, qu’elles soient riches ou pauvres, à se tirer d’un mauvais pas, hélas la sage-femme profitait de la situation, en n’hésitant pas à faire chanter les malheureuses.
Il n’est donc guère surprenant qu’elle ait été assassinée – d’autant plus qu’elle était particulièrement odieuse avec sa propre fille, sourde et muette, traitée en esclave, comme les 2 enfants adoptifs vivant sous son toit et obligés de mendier.
Le détective Murdoch est chargé de l’enquête – au départ, il semblerait que dans son habituel état de stupeur alcoolique, Dolly soit tombée contre un coin de l’âtre, mais selon la légiste, cette chute ne l’a pas tuée, assommée mais sans plus. Dolly Shaw a été étouffée par l’un des 2 visiteurs nocturnes qui se sont présentés à elle ce soir-là. Son précieux cahier dans lequel elle répertoriait ses actes a disparu.
Pour tous les bien-pensants, la fille a fait le coup, puisqu’elle a fui devant les policiers – les 2 enfants, dont l’un a vu quelque chose, mentent à Murdoch.
Ces mensonges vont coûter la vie au plus âgé d’entre eux qui semblerait avoir décidé de reprendre à son compte les chantages de sa « mère ».
Un témoin ayant reconnu une jeune chanteuse de cabaret, femme assez légère s’il en est, Murdoch dirige son enquête vers elle, mais elle aussi prend plaisir à mentir.
Tout comme Mrs. Pedlow, épouse d’un homme en vue dans la bonne société de Toronto, également juge.
Comment arriver à la vérité, à démasquer un assassin, si tout le monde vous ment ? De plus son habituel assistant, George Crabtree, a des ennuis de santé et Wiggin est tellement stupide qu’il faut pratiquement faire le travail à sa place.
Il s’est produit avec les romans de Maureen Jennings (6 au total, Murdoch Mysteries), le même phénomène qu’avec la Britannique Caroline Graham (6 romans également, Midsomer Murders) = leurs premiers romans ont été adaptés par elles pour le petit écran, ensuite la chaîne de production a « récupéré » les personnages pour en faire une série – tout comme les Midsomer Murders, les Enquêtes de Murdoch cartonnent.
Ceci dit, tout comme avec les « Midsomer Murders », les personnages des enquêtes de Murdoch sont très différents de ceux montrés dans la série, non seulement au physique mais également du côté caractère.
Dans cette enquête de William Murdoch, j’ai découvert qu’il était bien bâti, très sportif et portant moustache, tout comme le constable George Crabtree qui est une véritable armoire à glace, également moustachu et marié et bien que sympathique, assez peu futé.
Murdoch est de foi catholique, ce qui pose problème pour une éventuelle idylle avec sa charmante voisine de pension de famille, la jolie veuve Jones qui est presbytérienne.
Le constable Wiggin, remplaçant parfois Crabtree auprès de Murdoch (le plus rarement possible) est réellement stupide et carrément mesquin voire méchant avec les prévenus.
Quant à leur chef, l’inspecteur Brackenreid, il ne supporte pas William Murdoch, qu’on lui a imposé sans même lui demander son avis. Dans la série télévisée, que j’ai eu le plaisir de découvrir grâce à la m édiathèque de Bruxelles, même si Brackenreid est souvent agacé par Murdoch, au moins a-t-il du respect pour ses théories. Pas dans les romans, au contraire.
La légiste, le docteur Ogden, n’apparaît que par téléphone ici, et la seule chose que l’on apprend d’elle, est qu’elle est régulièrement prise pour une infirmière, étant l’une des très rares femmes-médecins dans le Toronto victorien.
Faut-il donc lire les romans avant la série ou regarder la série avant de s’attaquer aux romans ? Personnellement j’apprécie les deux, mais il faut se distancer des livres et vice-versa.
Pour en revenir à « Under the dragon’s tail », ici point de passages inutilement répétitifs, Ms. Jennings est une romancière qui va droit au but et en 300 pages, la procédure policière est terminée et le coupable découvert.
La description des conditions d'existence des pauvres de Toronto est bien présentée et l'on ne peut que plaindre ces habitants des bas-fonds, ayant peu de chances de s'en sortir dans la vie.
Quelques lecteurs américains ont traité ces histoires de sous-Anne Perry comparant les romans de l’une avec l’autre. C’est très sévère comme jugement, même si je reconnais qu’il puisse y avoir des similitudes entre les premières enquêtes de Thomas Pitt et celles de Murdoch puisque leurs enquêtes se situent au 19ème siècle, dans le Toronto de l’ère victorienne qui n’a rien à envier au Londres victorien.
Il est aisé de comparer les romancières d’ enquêtes situées dans l’ère victorienne, Ann Granger (Lizzie Martin, dans Londres) et Victoria Thompson (Gaslight mysteries dans New York) , il est néanmoins logique que l’ambiance « ère victorienne » s’applique automatiquement à ces types de romans puisqu’ils sont aussi situés au 19ème siècle = la misère des bas-fonds en fin de 19ème et début 20ème siècles était la même dans n’importe quelle grande ville, où l’on trouvait d’un côté les très riches, avec les codes rigides de leur société soi-disant bien pensante et de l’autre, la pauvreté et l’exploitation d’êtres humains, qui en perdaient leur humanité.
De tous temps il n’a jamais fait bon être pauvre et malade, et sans travail.
On surnomme William Murdoch le "Sherlock Holmes" canadien - c'est vrai pour la série - on sent qu'ils ont profité de la sherlockmania, ce n'est pas le cas dans les romans.
Une bonne lecture, et vu le peu de romans dans la série, je la poursuivrais bien si les autres romans étaient disponibles car ils ont été édités il y a près de 12 ans.
Le billet de maggie sur la série Murdoch