THIRD GIRL, d'Agatha Christie
Titre français = La Troisième fille
RELECTURE
Une journée qui promettait d’être agréable pour Hercule Poirot – il a reçu l’exemplaire définitif de son essai sur les écrivains de romans policiers – elle se ternit brusquement. Une jeune fille, très mal attifée, se présente chez lui, lui dit qu’elle pense avoir tué quelqu’un, qu’elle venait chez lui parce qu’il lui avait été recommandé , mais non « ça n’ira pas, vous êtes trop vieux », qu’elle lui balance comme ça alors qu’il vient de terminer son petit déjeuner (brioche et chocolat chaud).
Ça lui en fiche quand même un coup à mon détective préféré et le fait que la jeune fille pense avoir tué quelqu’un ne peut qu’attirer son attention de fin limier.
Il prend donc contact avec son amie Ariadne Oliver qui vient de terminer un roman et tourne en rond, se demandant que faire. Elle lui confirme l’identité de Norma Restarick et Poirot décide de mener une enquête à titre personnel.
Le jeune fille semble avoir disparu ! Mrs. Oliver, de son côté, se rend au domicile que Norma partage avec 2 autres jeunes filles qui confirment également qu’il y a un certain temps qu’elles n’ont pas vu leur co-locataire. Même résultat pour Hercule Poirot, qui s’est rendu dans la propriété à la campagne, où vivent le grand-oncle de Norma, le père de celle-ci revenu récemment d’Afrique du sud, et sa nouvelle épouse.
Celle-ci confirme que ses relations avec Norma sont détestables, elle l’a même soupçonnée d’être empoisonnée par sa belle-fille.
Pendant ce temps, Ariadne Oliver a croisé Norma Restarick dans un café où elle se trouve en compagnie d’un jeune peintre, David Baker, très « Swinging London », adoré de Norma et détesté de ses père et belle-mère convaincus qu’il en a à sa fortune qui est immense. Car oui, Norma Restarick est une très riche héritière. Quant à Mrs. Oliver, elle se fait proprement assommer après avoir quitté l’appartement des trois filles. Poirot l’avait pourtant prévenue que c’est excessivement dangereux de suivre les gens.
Poirot de son côté ayant retrouvé la jeune fille, il la confie aux soins du docteur Stillingfleet, spécialiste des maladies nerveuses et mentales, ayant une approche très peu conventionnelle de son métier et absolument convaincu que Norma est saine d’esprit.
Alors, la jeune fille est-elle la victime d’un abominable complot destiné à la faire enfermer à vie ou est-elle une meurtrière particulièrement habile ?
« Third Girl » n’est pas l’un des romans que je préfère chez la Duchesse du crime, même si un Agatha Christie un peu décevant (intrigue compliquée comme par plaisir) reste encore un excellent moment de lecture.
C’est aussi une histoire à multiples rebondissements, avec des personnages qui apparaissent en cours de lecture, d’autres qui se font assassiner, ce qui la rend un peu difficile à résumer sans trop dévoiler.
Je le répète, j’ai trouvé l’intrigue longue et compliquée, mais bien sûr lorsque ce cher Hercule Poirot réunit, comme toujours, tous les protagonistes pour leur expliquer ses résultats d’enquête, tout paraît lumineux – même si assez tiré par les cheveux.
Un peu comme les postiches que Mrs. Oliver rajoute à plaisir à ses cheveux naturels et qui en tombent toujours au moment le plus inopportun.
Certains critiques ont estimé que le roman comportait beaucoup trop de « coïncidences » mettant les fouineurs (Poirot et Oliver) sur la piste - il paraîtrait que dans les pays anglo-saxons, cette méthode s’appelle « authorial manipulation » - c-à-d manipulations d’auteur.
Personnellement cela ne me choque pas, après tout une romancière comme Agatha Christie a bien le droit de faire ce qu’elle veut avec ses protagonistes et son intrigue.
D’autres critiques ont trouvé que cette histoire était « pathétique » car Agatha Christie semblait absolument vouloir se mettre à la hauteur des Sixties, avec jeunes gens bohèmes, chevelus, filles pas soignées, mal coiffées, et vies dissolues avec consommation de drogues, et que malheureusement vu son âge, elle n’était plus vraiment à la hauteur de comprendre son époque – ce qui se sent un peu dans la manière critique dont la romancière parle des jeunes (première publication en 1966).
De là à utiliser l’adjectif « pathétique » tant pour l’intrigue que la romancière, c’est réellement une insulte – le genre d’insultes dont ne sont pas avares ces grands frustrés de la littérature que sont les critiques.
Dans ce roman, Ms. Christie réintroduit deux personnages ayant déjà paru dans des nouvelles (le docteur Stillingfleet et Mr. Goby, un enquêteur privé que Poirot utilise pour être ses « jambes et ses yeux » ce Mr. Goby possède une flotte de limiers dans tout Londres et ailleurs).
J’ai aussi eu la surprise d’y retrouver Miss Lemon, qui n'apparaissait plus tellement dans les romans depuis un certain temps.
Et j’ai été, comme toujours, fort agacée par Ariadne Oliver, véritable mêle-tout, n’écoutant jamais aucun conseil, fonçant comme un pitbull à ses risques et périls.
Point d'inspecteur Japp ici, mais un inspecteur Neele qui a l'air assez complice avec Poirot lui aussi.
Ainsi que je le dis et répète à chaque fois = dès que je suis « en panne de lecture », au risque de me jeter sur la collection Harlequin (celle où il ne faut pas trop réfléchir), rien de tel que de lire ou relire Agatha Christie pour que cela aille mieux.
Adaptation télévisée = avec David Suchet et Zoe Wanamaker (excellente Ariadne Oliver, aussi exaspérante que dans les romans) – l’adaptation prend pas mal de libertés avec le roman, notamment sur des ajoutes et/ou suppression de personnages – je n’en dirai pas plus au risque de dévoiler l’intrigue.
L’adaptation ne suit pas non plus l’époque de l’intrigue, mais la situe dans les années 1930, alors que le roman se situe dans les années 1960.
Pas de Miss Lemon dans le téléfilm (à l'époque, Pauline Moran avait déjà décidé de donner une nouvelle orientation à sa vie).
Le jeune femme interprétant « Norma » est Jemima Rooper, l’interprète pleine d’humour de « Lost in Austen », amusante mini-série télévisée que j’ai adoré (merci Manu ^-^).