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mon bonheur est dans la ville
6 octobre 2012

LES ANGES DU PECHE, de Robert Bresson

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Scénario de Robert Bresson, Jean Giraudoux, R.L. Bruckberger

Dialogues de Jean Giraudoux

Dans la nuit sombre et humide, la supérieure du couvent des dominicaines de Béthanie et une autre sœur arrivent à la prison où Agnès a terminé sa peine et a demandé à rejoindre la communauté.
Peu après, est admise comme novice la jeune Anne Marie, jeune fille de bonne famille, pleine de joie devant ce qu’elle appelle sa vocation = sauver si possible une âme dans la détresse.

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Bien vite les supérieures voient le côté orgueilleux de la jeune fille, estimant même qu’elle est vaniteuse; elle est toutefois appréciée de la mère supérieure, qui l’emmène à la prison. Là où se trouve la plus rétive de toutes les prisonnières, Thérèse emplie de haine pour l’injustice qu’elle a subie = 2 ans d’emprisonnement pour un vol qu’elle n’a pas commis. Elle a juré qu4à sa sortie elle se vengerait, sortie qui ne saurait tarder. Anne Marie se prend immédiatement d’affection pour Thérèse, elle est convaincue qu’elle pourra la « sauver ». Hélas, dès qu’elle sort, celle-ci achète une arme et tue celui à cause de qui elle se retrouva en prison, puis vient au couvent, cachant la vraie raison, laissant croire à sœur Anne Marie qu’elle l’a convaincue.

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Tout le monde pense voir clair en sœur Anne Marie, les ragots vont bon train à propos de la jeune novice pleine d’enthousiasme mais à la langue tellement bien pendue qu’elle se met mère St-Jean à dos; quant à sœur Thérèse, elle continue à refuser l’amitié d’Anne Marie, elle retourne sa haine contre elle, et prend plaisir à dire ce que les novices et nonnes racontent derrière elle.
Cela conduit Anne Marie à se révolter contre cette hypocrisie, au point qu’elle est rejetée par la communauté – au grand chagrin de la mère supérieure, qui doit se soumettre à la règle. Anne Marie ne pourra pas prononcer ses vœux définitifs et doit rejoindre son monde. Un monde auquel elle ne veut plus, ne peut plus appartenir, au point d’en perdre le goût de vivre.

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Après avoir vu l’aride « Lancelot du Lac », adaptation très bressonienne du mythe arthurien, j’avais envie de découvrir d’autres films de ce réalisateur qui est tout de même l’un des plus grands du cinéma français, ayant notamment fortement influencé la nouvelle vague dans sa manière de filmer.
La nouvelle vague française ne fut d’ailleurs pas la seule à subir son influence = Jim Jarmusch, Ari Kurismaki, Michael Haneke, les frères Dardenne, entre autres, s’en réfèrent également à lui.

« Les Anges du péché » est son premier long métrage ; il y emploie un beau florilège d’actrices françaises.
Ce sera après le 2ème long métrage, avec Maria Casarès et Jean Desailly en vedette, que Robert Bresson se déclarera complètement exaspéré (voire dégoûté) par les acteurs et actrices professionnels, et décida de n’utiliser désormais que des non-professionnels – ceux qu’il appellera ses « modèles ».
Maria Casarès confirme à quel point Bresson était obstiné, ne supportant aucune interférence de la part de l’acteur ou actrice – et ce, malgré qu’il n’ait pas encore énormément d’expérience dans la direction d’acteurs  = pour le réalisateur, dit la comédienne, nous devions nous comporter comme des marionnettes ou des robots.
Ce qui est certain, c’est que Robert Bresson bousculait toutes les conceptions des comédiens sur leurs habitudes d’acteurs, obligés par le jeune réalisateur d’exécuter les gestes que lui voulait et pas ceux auxquels ils étaient habitués.

Tout au début du lancement du film, certains insistèrent pour que le nom du dramaturge Jean Giraudoux figure en tête d’affiche – cela changera ultérieurement.
Jean Giraudoux adaptera le scénario, co-écrit avec Bresson et Bruckberger (un père dominicain écrivain, scénariste, traducteur et même réalisateur) en texte de théâtre pour « Béthanie ».
Comme toujours, un texte (dialogues) de Giraudoux est synonyme de qualité.

La photographie noir et blanc est très belle, surtout tout au début – on la sent inspirée par l’expressionnisme allemand, avec ses ombres, son brouillard, l’ambiance inquiétante, qui soudain se termine sur la quiétude du couvent.

Les thèmes préférés de Robert Bresson = sujet touchant à la religion, mysticisme, rédemption, besoin de sainteté. Comme celui qui semble habiter Anne-Marie, bien déterminée à  « sauver »  la rebelle Thérèse.
Chez Robert Bresson, les personnages sont souvent murés dans leur foi, isolés des autres et la charmante Anne Marie, qui se veut si « ouverte » aux autres, n’échappe pas à la règle.
Le dépassement de soi est aussi un thème qu’aborde le film.
Dès lors l’association avec Jean Giraudoux s’impose d’elle-même = deux grands esprits, refusant le mal que les hommes se font les uns aux autres. 

C’est également un « mélange de genre » puisqu’il y a une légère intrigue policière.

Renée Faure joue avec grand talent Anne Marie avec douceur, gaîté et franc-parler - Jany Holt est la sauvage Thérèse, la comédienne fait parfaitement passer la haine qu’elle éprouve. Elles sont entourées de Sylvie (la prieure pleine d’indulgence pour la trop honnête Anne Marie), Mila Parely (Madeleine, une amie d’Anne Marie, devenue sœur avant elle), Paula Dehelly (mère Dominique), Silvia Monfort (Agnès), Louis Seigner (directeur de prison).

Je réalise qu’on n’aborde par un film de Robert Bresson avec une idée de facilité – toutefois je me sens plus proche d’une réalisation comme « Les Anges du péché », que de son adaptation du thème de Lancelot, les légendes arthuriennes étant tellement empreintes de magie et de fantastique, il ne m’était pas facile de les voir comme le souhaitait le réalisateur = de la façon « réelle », réalité dont le mythe aurait dû se passer.
Jean Cocteau disait de lui que Bresson « était à part dans ce métier terrible – il s’exprime cinématographiquement parlant comme un poète avec sa plume ».

Le film de Robert Bresson a fait l’objet d’une complète restauration, en supplément sur le dvd, un documentaire d’Anne Wiasemsky, ancien « modèle » de Bresson, commentant la restauration du film = « Les Anges 1943, histoire d’un film ». A voir aussi, pour les témoignages.

L’histoire des « Anges du péché », bien que totalement œuvre de fiction, est cependant basée sur l’histoire de la congrégation de Béthanie, fondée par le père Lacaste au 19ème siècle, ayant pour but de sauvegarder le salut de femmes criminelles.

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Commentaires
L
Je ne connais pas du tout ! Mais, comme d'habitude, tes avis cinéma me donne envie d'en savoir plus et de regarder le film... me reste plus qu'à le dénicher !! :D
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T
:lol: <br /> <br /> <br /> <br /> Es tu certaine ? ;)
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T
Il n'a pas l'air très gai ce film ...
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M
J'aimerais bien voir ce film. Ça me fait réaliser qu'on ne voit plus de film de religieuses! Ça l'air très bon comme histoire.
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M
Beaux mais pas faciles, les films de Bresson. Je n'ai pas vu celui-ci cependant.
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