MONSOON WEDDING, de Mira Nair
Titre français = Le Mariage des moussons
Scénario de Sabrina Dhawan
Lalit Verma est au bord de la crise de nerfs bien que son organisateur de mariage, P.K. Dubey, n’arrête pas de lui dire que tout ira bien, tout est sous contrôle. Le mariage de sa fille unique, Aditi, est très important aux yeux du brave père de famille, dans un pays où le paraître et la réussite sont devenus plus importants que tout. L’homme risque bien de sortir endetté à vie par ce mariage.
Il attend avec impatience tous les membres invités, et surtout le futur marié arrivant de Houston, Etats-Unis, avec ses parents.
Pendant ce temps, Aditi Verma tente de trouver une réponse aux questions un peu acerbes de sa cousine Ria, qui insiste sur le fait que le mariage est arrangé et qu’elle n’a jamais vu son futur. Aditi, qui a vécu une relation avec son patron de la télévision indienne, relation finalement teintée d’amerture puisque l’homme est marié et ne compte pas divorcer, lui répond que ça ou autre chose, il faut bien se caser. Et les amants mariés ne quittent jamais leurs épouses, c’est bien connu !
La rencontre avec Hermant Rai va s’avérer une bonne surprise, tant pour elle que lui, jusqu’à ce qu’elle se décide à lui parler de sa relation pas si passée que ça !
Lorsqu’arrive l’oncle Tej Puri, patriarche de la famille, beau-frère de Lalit Verma, Ria devient nerveuse, l’évite autant que possible, mais lorsqu’elle réalise qu’il s’approche un peu de trop près de son autre jeune cousine, Aliya, Ria n’hésite pas à jeter une pierre dans la mare, révélant avoir été subi des attouchements par cet oncle lorsqu’elle était toute jeune.
D’autre part, une autre cousine, Ayesha, flirte sans vergogne avec un cousin venu d’Australie.
Quant à l’organisateur de mariage, triste parce qu’il organise celui des autres mais pas le sien, il se sent de plus en plus attiré par la mignonne Alice, la jeune bonne des Verma.
Dans ce melting-pot de sentiments, quatre jours vont s’écouler avec des moments drôles, des moments heureux et des moments bien dramatiques, remettant peut-être le mariage en cause.
Découvert via le blog de l’ogressedeparis (son billet ici) je suis ravie d’avoir regardé cette belle histoire de famille, parfois drôle, parfois dramatique, dédicacée par la réalisatrice à sa propre famille.
Même si l’histoire de « Monsoon Wedding » n’a rien d’autobiographique, j’ai eu souvent une impression de prise sur le vif, comme ces instantanés photographiques qui vous saisissent dans un moment où vous ne vous y attendez pas et où l’on découvre un aspect de vous dont vous ne vous doutiez peut-être pas.
Il y a, dans la description des personnages, une immense tendresse de la part des auteures du film – en tout cas c’est ainsi que je l’ai ressenti.
Le père, particulièrement, Lalit Verma, qui tient tellement à offrir un mariage mémorable pour sa fille unique – un peu aussi pour se faire bien valoir aux yeux de la riche belle-famille, est magnifiquement interprété par Naseeruddin Shah. Que ce soit dans les moments drôles, de stress ou de chagrin, il est sans cesse vrai, naturel.
Le couple qu’il forme avec Pimmi est aussi fort naturel – elle est jouée par Lilette Dubay. Très protectrice vis-à-vis de leur fils Varun, adolescent, qui ne tient pas du tout à devenir un homme d’affaires comme le souhaite son père.
Vasundhara Das et Parvin Dabas interprètent respectivement Aditi Verma et Hermant Rai, le couple de futurs mariés. Plus qu’elle c’est Parvin Davas qui m’a séduite par son interprétation pleine d’émotion (et pas uniquement parce que c’est un jeune homme beau à croquer).
Celle qui remporte, selon moi, l’intérêt du film par ses souffrance et révolte intérieures est Ria, fort bien interprétée par Shefali Shah ; ce rôle la propulsa en avant de la scène et c’est amplement mérité.
L’objet de son ressentiment, l’oncle Tej Puri, est joué par Rajat Kapoor.
Citer toute l’interprétation serait trop long car il s’agit d’une grande famille invitée à la noce, mais il y a tout de même un couple qui vaut la peine que l’on s’y intéresse = celui formé par la petite bonne des Verma, Alice, une « intouchable » convertie au catholicisme pour sortir de sa caste. Elle est jouée par Tillotama Shome et l’organisateur de mariages qui tombe amoureux d’elle est interprété avec beaucoup d’humour par Vijay Raaz.
Je ne suis guère étonnée que la réalisatrice Mira Nair obtint le Lion d’or au festival de Venise lors de sa sortie, car ce film d’auteur le mérite.
Il aborde notamment un sujet particulièrement tabou en Inde = l’inceste. Il montre aussi, lors d’une scène entre Aditi et son amant Vikram, qu’en Inde on ne badine pas avec les amoureux dans une voiture (ceci m’a été confirmé par des copains connaissant très bien l’Inde = il est très mal vu de s’embrasser en public.)
La réalisatrice partage aussi les idées des mères dont le seul but, apparemment, est de devenir grand-mère !
Mira Nair est une réalisatrice qui, grâce aux recettes de ses films, tente d’aider les enfants démunis de l’Inde.
Ce film n’est absolument pas une réalisation « bollywoodienne », cependant il y fait parfois penser par la musique, les danses et surtout les magnifiques couleurs des costumes et des décors.
Par ailleurs, New Dehli filmée de jour, de nuit, sous la pluie des moussons, est un décor superbe – la ville est introduite par petites touches ça et là dans le film, vu que le principal de l’action se passe dans la propriété des Verma.
Elément particulièrement important également dans l’histoire est la musique ; la musique originale du film est composé par Mychael Danna, compositeur canadien qui a une longue liste de films à son palmarès. D’autres musiques sont aussi incluses comme celle de Nusrat Fateh Ali Khan, que j’apprécie particulièrement. Les numéros de danse ne sont pas des chorégraphies « bollywoodiennes » ; ce sont des moments où les femmes de la famille sont réunies et s’amusent.
Une agréable découverte cinématographique.