JULES & JIM, de François Truffaut

 

 

 

Scénario et dialogues de François Truffaut & Jean Gruault , librement adapté du roman partiellement autobiographique d’Henri-Pierre Roché

Paris, quelque peu avant le première guerre mondiale. Jules  est Autrichien, Jim est Français. Ils deviennent amis, très proches, rencontrent des filles qui leur plaisent – Jim conquiert les femmes avec facilité, Jules est empêtré par sa timidité. Mais c’est ensemble qu’ils s’amusent le plus, font du sport, discutent littérature & art. Un jour, l’un de leurs amis, Albert leur montre la photographie d’une statue ; elle les séduit tellement que les deux amis se rendent dans l’île méditerranéenne où elle se trouve.
Peu après, revenus à Paris, après avoir rencontré de nombreuses jeunes femmes qui ne font que passer dans leurs vies – comme l’amusante Thérèse, anarchiste et volant d’homme en homme.

Puis un jour c’est la rencontre avec Catherine, qui ressemble à cette statue qui les a tant subjugués. A partir de cette rencontre, plus rien ne sera jamais pareil, sauf l’amitié indéfectible des deux hommes. Pour son ami, plus introverti que lui mais très amoureux, Jim accepte de s’effacer malgré son attirance pour Catherine.

 

Juste avant le début de la guerre, Jules et Catherine partent pour l’Autriche où ils se marient. La guerre déclarée, les deux hommes sont enrôlés dans leurs armées respectives et n’ont qu’une crainte, qu’un jour ils tuent leur ami.

La guerre finie, Jim, qui écrit pour un journal à présent, rejoint Jules et Catherine dans le chalet où ils vivent avec leur petite fille. L’entente du couple n’est plus qu’une façade, Catherine, volage dès qu’elle se sent insatisfaite, trompe régulièrement Jules qui accepte. Tout plutôt que de perdre la femme qu’il aime. Et qui à sa façon l’aime peut-être encore, même si elle rejoint régulièrement Albert, l’ami artiste, qui a écrit une chanson pour elle.

 

A présent, c’est sur Jim qu’elle jette son dévolu. Jules accepte qu’elle soit la maîtresse de Jim ; complaisance de sa part ? Peut-être. Sans doute. Ne pas perdre Catherine est à ce prix.
Son comportement à elle toutefois ne sera pas très différent d’avec Jules, car après quelque temps de passion, de vie commune, un certain ennui s’installe et l’imprévisible Catherine recommence ses caprices. Or à Paris, la douce et patiente Thérèse souffre de l’absence de Jim, ne peut masquer sa jalousie lorsqu’il lui revient. Ce retour n’est nullement accepté par Catherine.
Elle n’est pas une femme que l’on quitte, c’est elle qui décide. Toujours. A n’importe quel prix.

 

Merveilleuse Jeanne Moreau qui porte le film sur ses épaules, même si c'est l’amitié de Jules & Jim qui m’a le plus touchée car les caprices de Catherine sont particulièrement agaçants, mais tellement bien interprétés.
Jeanne Moreau illumine l’écran même dans les moments où Catherine n’est pas heureuse. Elle est fantasque, exactement comme il le faut.

Jules est interprété par Oskar Werner, acteur qui mourut relativement jeune, qui apporte beaucoup d’émotion, de mélancolie au personnage, éperdument amoureux, prêt à tout pour ne pas perdre la femme qu’il aime. Cet acteur était un pacifiste et résolument anti-nazi, il désertera la Wehrmacht qui l’avait enrôle de force et où il était chargé des corvées patates et nettoyage latrines après avoir « prouvé » (par des maladresses volontaires) qu’il n’était pas apte à se servir d’une arme à feu.
L’acteur Henri Serre, qui interprète Jim, et qui fut aussi connu grâce au film de François Truffaut, interprétera beaucoup de rôles au théâtre et à la télévision ; il n’aura pas une très grande carrière au cinéma malgré son talent.

 

Albert est joué par Cyrus Bassiak, pseudonyme de Serge Rezvani, peintre, écrivain, parfois acteur et auteur-compositeur, notamment de la chanson interprétée par Catherine/Moreau dans le film.
En tant qu’Albert est plutôt falot, mais il est vrai qu’à côté de la personnalité de Catherine, tous les hommes semblent falots.

Vanna Urbino interprète Gilberte, la compagne de Jim, qui souhaite qu’il choisisse une fois pour toutes. On retrouve aussi Marie Dubois, Thérèse l’anarchiste, qui aura un parcours très varié qui se terminera en femme de lettres.
La mignonne Sabine Haudepin fait ici ses débuts au cinéma dans le rôle de Sabine, la fille de Catherine et Jules.

Par ailleurs, François Truffaut a préféré remplacer des moments du roman,  difficiles à transposer à l’écran, par la lecture desdits passages. C’est l’acteur Michel Subor qui est cette voix off.

Voici la nième fois que je revois ce film et à chaque fois la magie de l’amitié de Jules et Jim, et l’interprétation de Jeanne Moreau me bouleversent. C’est comme une nouvelle découverte à chaque fois.
« Jules et Jim » est une ode à l’amitié et à l’amour inconditionnel, également une ode à la joie et le chagrin, et finalement à l’amertume due à l’impossibilité de trouver le bonheur en dehors d’un couple traditionnel.

Comme dit en introduction, le roman d’Henri-Pierre Roché est partiellement autobiographique ; il s’inspire de son amitié avec Franz et Helen Hessel. Franz Hessel était écrivain et poète et traducteur en allemand de Marcel Proust.
Deux des romans de Roché furent adaptés par François Truffaut, ce qui lui apporta une célébrité posthume.

Comments

[niki]

l'amitié de jules et jim est très émouvante, je suis moins sensible aux caprices de catherine - j'ai un peu de mal avec les personnages qui ne savent pas ce qu'ils veulent



mais ce film vaut la peine d'être vu et revu

[niki]

même chose pour moi :)

[Voyelle&Consonne]

C'est l'un des mes films préférés. Je l'ai vu un nombre incalculable de fois, avec chaque fois autant de plaisir. Une liberté de filmer très fraîche, parfois naïve.

[Aifelle]

C'est curieux comme on reparle actuellement de ce film. J'entendais Stéphane Hessel récemment à la radio parler de cette histoire, les souvenirs qu'il en a, c'était émouvant.