VILLAGE OF THE DAMNED, de Wolf Rilla
Scénario de Stirling Silliphant, Wolf Rilla & Ronald Kinnoch, d’après le roman de John Wyndham « The Midwich Cuckoos »
Titre français = Le village des damnés
Une chose curieuse se produit un matin dans le petit village de Midwich = tout le village s’endort jusqu’à un certain périmètre, plus rien ne fonctionne (téléphone coupé), bus arrêté dans le fossé, constable évanoui à côté de sa bicyclette, humains comme animaux sont inconscients pendant plusieurs heures – Midwich est complètement coupé du monde, même le pilote un avion venu en reconnaissance, en s’approchant plus de la terre tombe dans l’inconscience, l’avion s’écrasant au sol.
L’armée a organisé un cordon de sécurité autour du village, mais même un militaire s’approchant de la zone avec un masque à gaz s’évanouit, on le ramène rapidement grâce au cordon attaché à sa ceinture – l’homme décrit avoir terriblement froid. Exactement au même moment plusieurs heures plus tard, tous les villageois et animaux se réveillent. Le rapport sur l’incident mentionne donc « causes inconnues ».
Deux mois plus tard toutes les femmes en âge de procréer sont enceintes, y compris Anthea Zellaby ayant abandonné l’espoir de devenir mère. Si pour le couple Zellaby la nouvelle est un vrai bonheur, pour d’autres femmes du village, il en va autrement = accusations d’infidélité, de relations pré-maritales (très mal vu en 1960) ; ces problèmes sont cependant quelque peu mis à l’écart lorsqu’on s’aperçoit que tous les fœtus de 3 mois seulement, en sont déjà au 5ème mois de leur développement.
Toutes les femmes accouchent le même jour. Le médecin qui aide les bébés à venir au monde est étonné par leur apparence, totalement semblable = peau très blanche, cheveux d’un blond pâle presque blanc également.
Les enfants se développent à une rapidité surprenante, montrant des qualités intellectuelles bien au-dessus de leur âge ; par ailleurs, il est évident qu’un lien télépathique existe entre eux, car dès qu’un enfant a appris quelque chose, tous les autres le savent aussi.
Le temps passant, le gouvernement militaire s’intéresse de près aux enfants ; Gordon Zellaby, le scientifique père de David, l’un d’eux, assiste à cette réunion où il est établi que d’autres « colonies » envahirent aussi certains villages et peuplades – les enfants furent mis à mort, notamment par les Inuits et les Aborigènes où des enfants blonds sont un signe démoniaque. En Union Soviétique, on éradiqua carrément tout le village.
Bien que seulement âgés de trois ans, les enfants paraîssent en avoir 12, ils se déplacent toujours ensemble, s’habillent de manière très stricte, ils sont bien élevés mais ne ressentent aucune émotion ; le village commence à les détester et à en avoir peur. Dès que quelqu’un se pose comme une menace, les enfants s’unissent, leurs yeux se mettent à briller et la personne périt.
Gordon Zellaby, d’abord très intéressé scientifiquement et intellectuellement, comprend qu’il va falloir agir, d’autant plus que les enfants ont désormais des exigences bien précises = ayant compris télépathiquement que les autres colonies avaient été détruites, ils veulent un lieu sûr pour poursuivre leurs études et un avion pouvant les mener ailleurs, de manière à ce qu’ils se dispersent dans le monde.
Cette version de 1960, tournée en noir & blanc, avec peu d’effets spéciaux – sauf les yeux des enfants se mettant à briller lorsqu’ils communiquent - m’a toujours flanqué une fameuse frousse, et bien que je l’aie déjà regardé plusieurs fois, je me cache encore sous mon plaid lorsque les enfants regardent vers la caméra – vraiment c’est flippant et même si mes fils sont morts de rire, moi je suis morte de frousse. Par contre la version de 1994, nettement plus « gore » ne m’a pas du tout fait le même effet.
Il faut tout de même avouer que tous ces enfants à l’air parfaitement angéliques, comme autant de petits angelots tout blonds, ont de quoi faire peur.
C’est d’ailleurs l’argument de tous les critiques de l’époque = c’est la première fois que l’enfant, en principe un personnage charmant, apparaît comme moralement monstrueux dans un film.
Le scénario, il faut le dire, respecte parfaitement le roman de John Wyndham, un spécialiste du roman de sci-fi britannique, et ce contrairement au grand-guignol américain (je le reconnais = je ne raffole pas trop des remakes, même si je sais qu’il en existe de valables).
Les producteurs de cette version 1960 furent assez choqués par le fait que des jeunes filles vierges du village aient également conçu un enfant – la MGM refusa que le film soit produit aux USA, ce qui était prévu tout d’abord, heureusement les Britanniques furent moins prudes.
Une « suite » fut réalisée 3 ans plus tard, vu l’immense succès obtenu par ce premier opus. La suite cinéma s’inspira du roman, mais sans plus - j'aurai le plaisir d'en parler dans une autre chronique.
La distribution est impeccable = George Sanders est très crédible en scientifique fort intéressé par son phénomène de fils, qui est joué par le charmant Martin Stephens, qui jouera aussi dans « The Innocents ».
Barbara Shelley est Anthea Zellaby, une mère remplie de tendresse pour un enfant qui ne témoigne aucune affection et qui en souffre. Cette actrice fut la principale vedette des Hammer Studios dans des rôles réellement très « horreur ».
Son frère, du ministère de l’armée, qui ne montre aucune pitié à l’égard de la suppression des enfants, est joué par Michael Gwynn, lui aussi un habitué des Hammer.
Citons encore dans la distribution Laurence Naismith, dans le rôle du médecin local, assez inquiet de la tournure des événements.
Je prends en tout cas, régulièrement, un grand plaisir à me faire peur avec cette histoire dont j’avais aussi lu le roman, mais qui ne m’avait guère impressionnée.
Je conseille, à ceux qui ne la connaissent pas encore, de découvrir cette version-ci.