BRUXELLES A L'AQUARELLE
C’est toujours un immense bonheur pour moi de découvrir des choses nouvelles – je suis une incorrigible curieuse.
Comme une suite aux « Mémoires Candides d’un Bruxellois ordinaire » de Jean d’Osta, chroniqué tout récemment, j’ai eu envie de voir cette exposition dont plusieurs personnes m’avaient vanté les mérites.
Je n’ai pas été déçue – d’abord parce que j’adore l’aquarelle (et que j’ai le plaisir d’un peu barbouiller dans ce domaine), mais aussi parce que ces « Instantanés » sont des images souvent charmantes des gens et des lieux à présent disparus.
Tout ceci sans nostalgie, mais parce que dans nos vies et nos villes toutes choses évoluent et changent.
Tout d’abord, l’exposition se trouve dans cette « Maison du Roi », devenue « Musée de la Ville de Bruxelles » (et qui abrite toute la garde-robe de Manneken-Pis – que j’irai découvrir une autre fois) - un lieu que je ne connaissais pas du tout, car comme tout cordonnier mal chaussé, il y a des lieux de ma ville que je ne connais pas. On y est accueilli par des fresques en plâtre, des hérauts à l’allure austère et des lions héraldiques, ainsi que par les statues de saint-Michel et sainte-Gudule – statues monumentales provenant du transept de la cathédrale Sts-Michel & Gudule ; ces statues ont fort souffert d’avoir passé leur temps en plein air – elles n’y furent remplacées qu’au 19ème siècle, mais celles que l’on découvre au musée datent probablement du 17ème.
Instantanés 1894-1897 – par Jacques Carabain
A propos de l’exposition
C’est en 1994 que la ville de Bruxelles acquiert les premières aquarelles de Jacques Carabain – cette acquisition fera l’objet alors d’une exposition à l’hôtel de ville. Ce fut une exposition réalisée avec peu de moyen et ne tint pas l’affiche très longtemps, mais remporta pendant ses 3 semaines à l’affiche une immense succès de visiteurs.
Il faudra toutefois attendre jusqu’en 2010 pour que puisse se concrétiser la promesse de reprendre une telle exposition – le projet ayant pris forme entretemps, la nouvelle exposition replace les aquarelles dans leur contexte historique et j’ai particulièrement apprécié l’alternance des aquarelles avec des photos prises plus tard permettant ainsi de resituer certains lieux, pour autant qu’ils existassent encore. (Autorisation ayant été donnée de prendre des photos sans flash, j’en ai profité mais compte-tenu des spots et vitraux, mes « instantanés » personnels ne sont pas de très bonne qualité.)
Les aquarelles montrent des quartiers ayant subi de grands changements, mais aussi les gens qui y habitaient – et ce n’est pas le moins émouvant de l’exposition. J’ai vraiment beaucoup aimé la précision dans ces petits détails dans les personnages.
Les organisateurs de l’exposition ont aussi choisi d’ajouter une photo sur la situation actuelle.
Il paraît que l’on se pose la question de savoir pourquoi le bourgmestre Charles Buls, grand défenseur du patrimoine bruxellois à une époque où ce n’était pas encore une préoccupation majeure, s’est adressé à un peintre d’origine néerlandaise, naturalisé belge, et déjà assez âgé.
La réponse se trouverait dans les éléments de biographie retrouvé à propos de Jacques Carabain, que je partage ici (ma chronique est basée sur les informations figurant dans l’exposition).
plan des quartiers de Bruxelles choisis pour les aquarelles de Carabain
panoramas de Bruxelles au 19ème (n&bl) et au 21ème siècle (couleurs)
Jacques Carabainnaquit à Amsterdam en février 1834. Il mourut à Schaerbeek en 1933. Issu d’une famille bourgeoise de La Haye aux Pays-Bas, il fait ses études artistiques à l’académie d’Amsterdam.
L’artiste se marie jeune (en 1855) et le couple quitte les Pays-Bas pour s’installer à Bruxelles, comme le firent beaucoup d’artistes hollandais au 19ème siècle.
Comme d’autres artistes de l’époque, le couple s’installe dans les communes de la périphérie (en bordure du pentagone de la ville ancienne). Trois fils naîtront au couple, qui marcheront sur les traces artistiques de leur père avec moins de succès semblerait-il.
Entre les années 1850 et 1870, Jacques Carabain voyage beaucoup à travers l’Europe et sa peinture témoigne de ces voyages – il ramène des illustrations d’Allemagne, de Suisse, de Hollande, de France et surtout d’Italie, mais également de Belgique. Ces peintures lui valurent quelques prix. C’est dans le courant des années 1880 qu’il récolte de plus en plus de récompenses de pays lointains au gré d’expositions nationales et internationales, même universelles, qui se multiplient et auxquelles il est convié.
C’est en 1882 que Jacques Carabain sera naturalisé belge. Il poursuit ses voyages lointains, vers l’Australie et en Nouvelle-Zélande, notamment, dont il ramène des vues très détaillées des principales villes de ces continents. Les villes sont ses thèmes privilégiés et il expose à Bruxelles, dans des galeries privées.
C’est entre 1894 et 1897 qu’il réalise – à la demande du bourgmestre Charles Buls - 59 aquarelles de Bruxelles – images baignées de couleurs et de lumière, parmi lesquelles de nombreuses peintures du port de Bruxelles, entre autres, mais aussi des impasses bruxelloises et leurs habitants.
aquarelles de Jacques Carabain
(trouvées via la bibliothèque d'images google)