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mon bonheur est dans la ville
6 juin 2011

MEMOIRES CANDIDES D'UN BRUXELLOIS ORDINAIRE, de Jean d'Osta

9782873863395

Amusante promenade au cœur de la mémoire de cet écrivain impertinent et sympathique qu’était Jean d’OstaJean Van Osta – parfait bilingue et parfait « ketje » de Bruxelles. Un ketje est l’équivalent du poulbot à Paris.

C’est l’éditeur qui publia son premier recueil de poèmes « Primevères » qui changea son nom de Van Osta en d’Osta.

Longtemps chroniqueur à l’hebdomadaire Vlan, mais aussi à l’ancien « Pourquoi Pas ? », Jeand’Osta, né en 1909, connaissait le vieux Bruxellois comme sa poche.

 

Ce sont ces mémoires qu’il partage dans son autobiographie « Mémoires Candides d’un Bruxellois Ordinaire » ; un livre qu’il n’avait prévu qu’en 5 exemplaires = un pour chacun de ses petits-enfants. Edité pour la première fois auc éditions Paul Legrain, le livre a été réédité assez récemment chez « Racine » et ce serait bien que les Bruxellois de tous âges puissent découvrir ce livre fort drôle mais aussi souvent très émouvant.

 

Né dans une crèmerie  d’Ixelles, située rue de la Longue-Vie – ce qui fit dire à un acteur-client des lieux « Tu vivras vieux toi, vu où tu es né ! » -  ce livre donne plus la place aux anecdotes personnelles, à une vie pas toujours facile pour sa famille qui n’était pas riche – mais qui était prête à se saigner aux quatre veines lorsqu’elle réalisa à quel point le jeune Jean-Jean était doué pour les études.

 

Décédé à l’âge de 83 ans, Jean d’Osta a connu le temps où Bruxelles chantait, le temps où Bruxelles brusselait  pour paraphraser un autre poète bruxellois. Il a connu le temps où le « Vismet » (le marché aux poissons) n’était pas encore un bassin vidé d’eau en hiver, entouré de restaurants – le Vismet de Jean d’Osta voyait encore les bateaux arriver en ville.

 

A côté de son humour, il avait une immense connaissance de l’histoire de sa ville, de ses rues qui changèrent d’appellation au fil des regroupements de communes ou des caprices des bourgmestres. Son Bruxelles est celui d’une enfance pauvre et pourtant très heureuse, entourée de beaucoup d’affection et de l’humour des voisins. Sans radio, télé et autres jeux video, les ketjes de Bruxelles envahissaient les rues pour jouer aux billes, aller tirer les sonnettes en riant – parce que l’automobile n’était pas encore la reine des rues.

 

Lorsqu’il a disparu en 1993, beaucoup ont dit que c’était une partie du vieux Bruxelles qui s’en était allée – en lisant le livre je le crois aisément.

 

Et puis comment ne pas apprécier ce monsieur qui était un grand ami des chats, qui sans cesse se vautraient sur la documentation accumulée au fil du temps et dont il se servait pour rédiger ses livres documentaires sur l’histoire de Bruxelles. 

 

Dans cette autobiographie écrite avec simplicité, Jean d’Osta parle aussi de ses difficultés de journaliste-écrivain – j’ai beaucoup apprécié l’anecdote consacrée à son épouse qui donnait des cours de piano pour aider à apporter un peu de douceur dans l’ordinaire et où son patron lui demanda si ça ne lui faisait pas peur une femme de caractère aussi moderne ! Tout le livre est à l’avenant.

 

Ce sont d’ailleurs ces leçons de piano que donnait son épouse qui permit à Jean d’Osta de faire la rencontre décisive de sa vie = l’un des élèves était le journaliste-chroniqueur Louis Quiévreux, qui fit qu’après la guerre d’Osta entra au journal « L’Eclair », puis à « Front » et finalement au « Peuple ».

 

En 1976, il entreprend pour le quotidien « Le Soir » des chroniques nostalgiques sur « Notre Bruxelles oublié », qu’il poursuivra jusqu’en 1982. Sans oublier « Jef Kasak » pour Vlan.

 

Les gens y ont la première place et du coup, l’histoire perd ce côté un peu pompeux qu’on lui connaît pour se mettre soudain à notre portée, même les guerres y sont racontées au travers d’anecdotes qui auraient pu tourner au tragique.

 

Ce livre n’est pas un livre nostalgique, c’est l'histoire simple d'un homme simple, racontée avec des mots simples – qui m’a fait faire un bond dans le temps durant tout mon dimanche.

 

L’autobiographie est  illustrée de photos noir et blanc, faisant partie des archives de l’écrivain, qui adorait se promener du côté de la Place du Jeu de Balles (notre marché aux puces) afin d’y glaner  des documents d’époque, vieilles cartes postales, se baladait aussi avec son appareil photographique.

 

(Le couverture en début de chronique est celle de la réédition – ce livre est pour moi, à sa manière, une agréable préparation à l’exposition « Bruxelles à l’Aquarelle » que je compte visiter incessamment).

 

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Commentaires
N
un gamin des rues de montmartre, ce que d'autres appellent "un titi" ;)<br /> rendus célèbres par le dessinateur Francisque Poulbot qui les a beaucoup dessinés, et d'où est venu le surnom :D
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L
?? et un poulbot a paris, c'est quoi? ...
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N
et bien, disons que malgré mon âge canonique, j'ai effectivement connu plein d'endroits (à uccle et ixelles notamment, mais aussi ailleurs dans bruxelles) mais dans leur version plus récente :D<br /> en tout cas tu as raison, cela plaît beaucoup de retrouver ces lieux tels qu'on ne les a pas vraiment connus
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M
Ce genre de mémoires de gens simples sur leur vie me plaît toujours beaucoup. On apprend plein de choses, surtout quand le livre parle de lieux et d'époques que l'on a soi-même connus, ce qui semble être ton cas ici, il me semble, non?
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