LA COLLEGA TATUATA, de Margherita Oggero
Titre français = La Collègue tatouée
1ère enquête de Camilla Baudino, professeur à Turin et détective amateur
Elle lui a été immédiatement antipathique cette Bianca De Lenchantin, nouvelle collègue de la professoressa Baudino, vous pensez = belle, bronzée au soleil des Maldives, épouse de l’un des hommes d’affaires les plus richissimes de Turin, qui ne porte que des vêtements avec signature « bling bling » - et en plus, elle déteste les chiens qu’elle trouve dégoûtants.
Trop c’est trop ! Notre « profia » a décidé que sa nouvelle collègue était une greluche (le terme italien est quelque peu plus vulgaire et imagé), d’ailleurs elle a un tatouage sur l’épaule !
Son amie Gina (qui est vosine de la « greluche ») est du même avis, elle dont un chien vient de souffrir d’un empoisonnement suite à une altercation avec la superbe créature. Pour Gina (et notre prof), la seule responsable ne peut être que cette Bianca. Dans un mouvement d’humeur, Gina a même déclaré qu’elle l’étranglerait avec plaisir.
Bien sûr, vous devinez la suite = Bianca De Lenchantin est retrouvée morte étranglée, dans une décharge le long de la voie ferrée – immédiatement la Baudino panique = c’est Gina !
Renzo - l’époux de notre prof, qui se souvient surtout que son épouse ne sait pas cuisiner mais oublie d’aller chercher leur fille à l’école – la traite de folle (comme c’est original !), on voit bien qu’il ne comprend même pas que leur adorable petit chien risquait sa vie avec cette greluche dans les parages. Manquerait plus que sa mère, qui vit à l’étage du dessus, s’en mêle.
Gina lui confirme qu’elle n’est strictement pour rien dans le meurtre de la collègue tatouée, mais déjà les enquêteurs se tournent vers elle – pas de panique, la « Profia » est là.
Oui mais ça, ça ne plaît vraiment pas au séduisant commissaire Gaetano = encore une folle qui se prend pour Miss Marple, Kay Scarpetta et tant d’autres que l’on trouve dans les polars, qui pensent tout résoudre mieux que les flics. Ne parle-t-on pas d’intuition féminine ? et ça, elle l’a, du moins c’est ce qu’elle affirme !
Après avoir découvert « La Profia » alias la professeur Baudiano et son humour caustique dans ce qui était alors sa dernière enquête, à savoir « L’Amica Americana », j’ai eu très envie de retrouver cette prof de littérature italienne pas comme les autres, pour qui enquêter est une seconde nature, même si cela fait enrager le séduisant commissaire Gaetano Berardi.
Il est impossible de nier que l’auteure Margherita Oggero ait elle-même été professeur de littérature italienne avant de prendre sa retraite et de se lancer dans l’écriture de polars = l’écriture est très belle mais parfois fort ardue, même en connaissant relativement bien la langue italienne. J’ai donc mis plus de temps à lire ce court roman que d’habitude.
Ce qui est drôle dans le roman est l’alternance entre les scènes de la vie familiale et professionnelle (parfois épuisantes) de la Profia et ses envies de fourrer son nez partout – ça, c’est terrible elle ne peut pas s’empêcher de se mêler de tout. Surtout de ce qui la met dans de beaux draps.
J’ai eu les mêmes légères difficultés que lors de la lecture de son autre roman = alternance de passage à la première personne et ensuite le fil reprend à la 3ème personne ; c’est parfois épuisant à suivre, j’ai dû rester fort attentive pour ne pas perdre le fil de l’histoire.
Une histoire parfaitement plausible, très amusante – les réflexions de notre enquêtrice amateur faisant surtout rire la lectrice, car ceux qui l’entourent la trouvent un peu « fastidieuse ».
Je me suis divertie, je me suis promenée dans un Turin assez différent de celui que connaissent les touristes, j’ai beaucoup ri aux problèmes de cette prof pas comme les autres, la quarantaine s’approchant, petits problèmes de ligne, submergée par les tracas administratifs de l’enseignement en Italie (qui ressemblent curieusement aux tracas administratifs d’autres pays).
Que demander de plus que de passer un bon moment de lecture. (Un prince charmant serait bien aussi, mais c’est plus rare encore qu’un bon roman.)
Certains critiques littéraires italiens comparent les polars de Margherita Oggero à ceux de Fruttero & Lucentini (auteurs de « La Donna della domenica ») – comme il y a très longtemps que je n’ai plus rien lu d’eux, je ne ferai pas ce type de comparaison.
Néanmoins, notre romancière amène le sujet avec une certaine lenteur, comme pour appâter le poisson, puis l’enquête démarre et mieux vaut suivre les raisonnements parfois foireux de notre anti-héroïne dont j’ai très envie de poursuivre les enquêtes.
La « Profia » et ses comédies policières font désormais les beaux jours d’une série à la télévision italienne.