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mon bonheur est dans la ville
15 février 2011

L'AMICA AMERICANA, de Margherita Oggero

9788804553816g

Titre français = L’Amie Américaine

Une enquête de  Camilla Baudino, professeur à Turin

Camilla Baudino a de l’humour à revendre, quoique pour l’instant l’humour lui fait un peu défaut : son mari et elle passent plus de temps à se disputer qu’à se parler intelligemment. Livietta, leur fille, aimerait bien que cela cesse et d’ailleurs, elle préfère se réfugier chez sa grand-mère qui habite l’étage du dessus. Cela non plus n’est pas fait pour aider Camilla, car sa mère ne peut s’empêcher de se mêler de tout. Quant à être prof,  ça pourrait encore aller s’il n’y avait pas la directrice de l’athénée. Heureusement qu’il y a sa petite chienne.

Depuis quelque temps, Camilla rêve en passant devant une superbe villa, à l’ancienne, dans un quartier élégant – elle rêve que peut-être elle pourrait l’acheter ! Rien qu’à l’idée son mari s’en étrangle sur son espresso matinal. Déjà qu’ils sont endettés à payer leur appartement, inutile d’imaginer combien coûterait une telle demeure et sa remise en état.

Par curiosité, la « profia » décide de téléphoner au numéro figurant sur l’affiche annonçant « à vendre ». La femme qui lui répond lui propose de visiter les lieux et Camilla, très franchement, lui avoue sa curiosité, son coup de foudre pour cette maison, son envie de la voir, de la « sentir ».

Dora Vernetti, veuve d’Andrea Cantino,  est charmée de cette sincérité, toute simple, et lui fait visiter la demeure lui expliquant qu’elle a décidé de vendre car elle coûtera trop à remettre en état.  Dora débarque de Washington,  après le décès de son époux et a des difficultés à reprendre sa vie en main.

Entre elle et Camilla naît une amitié, un peu trop possessive aux yeux de Renzo, le mari, bien qu’il soit plus absent qu’autre chose.

Mais les deux jeunes femmes s’entendent bien et pour Dora, Camilla est une bouffée de fraîcheur – les moyens financiers, très différents, font découvrir à Dora des lieux qu’elle ne fréquente jamais et elle s’amuse pour la première fois depuis bien longtemps. Malgré un souci de santé dont elle se refuse à parler. Et lorsqu’elle parle des activités de son mari aux USA, elle est tellement évasive que Camilla finit par s’imaginer  qu’il s’adonnait à l’espionnage.

Un samedi, alors qu’elles ont été se promener au marché, Dora perd l’équilibre et est percutée par le tramway. Elle meurt peu après à l’hôpital. En y réfléchissant bien, Camilla Baudino ne comprend pas ce soi-disant évanouissement ; lorsqu’on s’évanouit il y a une façon de tomber qui n’aurait pas dû faire aboutir devant le tramway.

Pour Camilla, qui est une grande amatrice de polars, il n’est pas impossible qu’elle ait été poussée. Mais qui aurait pu lui en vouloir à Turin ? La malheureuse venait à peine de rentrer des Etats-Unis, n’avait pratiquement plus aucun ami à Turin, faut-il chercher dans les activités du défunt des raisons de la mort de l’épouse ?

Seulement voilà, la profia n’est pas seule à trouver la mort de son amie étrange – bien vite, la police de Turin la suspecte, car coup de théâtre = elle hérite de la superbe demeure !

Allez convaincre des flics bornés qu’elle l’ignorait totalement. Et la tête de sa mère lorsque Camilla Baudino fait la une des journaux à sensation, mais quelle fréquentation a sa fille – à commencer par ce copain bizarre, qui se surnomme « l’indestructible », qui a l’air d’un clochard, donc d’un malhonnête.

La mère de Camilla n’est pas seule à avoir lu les grands titres ; à Rome, le grand copain de Camilla (qui voudrait bien être un peu plus), le commissaire Gaetano Berardi a décidé de voler à son secours, tel unpreux chevalier – il prend quelques jours de congé pour enquêter afin d’innocenter son amie.

Quelle jolie découverte dans ma PAL italienne que ce polar situé à Turin,  pas glauque pour deux sous, au contraire plein d’ironie, comme cette prof turinoise, un peu décalée, qui a de très bonnes relations avec une grande partie de ses élèves, qui adore jouer à la détective quitte à se mettre dans des situations peu confortables. Qui a des copains que désapprouve complètement son enquiquineuse de mère.

9782226177087« L’Amica Americana » est le troisième volet des aventures de Camilla Baudino, professeur à Turin, mère un peu débordée d’une adolescente qui n’a pas sa langue en poche. D’un mari qui semble se désintéresser d’elle et d’une mère envahissante – vous savez le style « après tout ce que j’ai fait pour toi, quelle ingrate tu fais ! ».

J’ai apprécié du début à la fin non seulement la belle écriture italienne,  un style et un vocabulaire choisis mais pas exagérément littéraires, au contraire. J’ai eu quelques petites difficultés à entrer dans l’histoire au début parce que les protagonistes, entre deux chapitres consacrés à l’enquête, partagent leurs pensées, leurs sentiments – ceci est alors écrit à la première personne et c’est un peu troublant de passer de la première à la troisième personne sans aucune transition. Mais on s’habitue très vite.

L’histoire est contée sur un mode caustique, plein d’humour, notamment dans les situations les plus compliquées, ce qui forme aussi un contraste amusant avec la situation tout de même assez dramatique dans laquelle se trouve notre héroïne – une héroïne qui approche de la quarantaine, qui a des problèmes existentiels comme vous et moi et qui parfois s’envoie un verre de grappa en trop, histoire de donner plus de goût au café.

Ce qui m’a le plus frappée et amusée est le contraste constant entre les complications de la vie quotidienne de Camilla, sa famille et ses amis, et la situation sérieuse à laquelle elle est confrontée. D’un côté l’enquête, de l’autre les petites misères quotidiennes. Le tout raconté d’un ton goguenard, gouailleur. Avec de légères touches sur Turin, ce qui m’a apporté un peu de dépaysement.

Voilà un roman qui m’a fait agréablement oublier que j’ai dû rester au lit pratiquement toute l’après-midi, on en serait presque souffrante par plaisir.

Chaudement recommandé. En plus c’est traduit en français !

(Et je pense qu’il me faudra un de ces jours passer par hasard à ma librairie italienne unique et préférée parce que si ceci est le 3ème opus, il faut bien que je découvre les deux autres. Non ?)

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Commentaires
N
si tu lisais "sangue marcio", tu pourrais constater qu'il est tout sauf indolent<br /> mais pour "l'amica americana" tu n'as pas tort
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C
J'ai noté. J'aime bien les romans policiers italiens en général même si je les trouve parfois (souvent) indolent. Cela me fait cet effet avec ceux de Magdalen Nabb et d'un autre dont le nom m'échappe.
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N
moi ? une tentatrice ? m'enfin, je n'ai fait que résumer une lecture ! :o)))
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M
Vilaine tentatrice, je pense que ce roman a tout pour me plaire !
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N
il est mieux que "pas mal", il a un ton un peu différent de ce qu'on lit pour le moment en polars
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