LES FEUILLES MORTES, de Thomas H. Cook
Titre original = Red Leaves
Lorsque tout va bien, on ne s’attend jamais à ce que tout cela vole en éclats. Eric Moore n’a rien vu venir ; pour lui sa vie était parfaite = une femme aimante, intelligente, belle, un magasin de photographie et une jolie maison dans une petite ville calme et sympathique. Son fils et lui ne communiquent pas beaucoup, mais pour Eric ce n’est pas grave, après tout Kevin est un adolescent renfermé, comme tous les adolescents.
Un soir, Kevin est sollicité pour garder Amy, la fille des voisins. Le lendemain, les parents de la petite fille constatent sa disparition. Les soupçons vont rapidement se porter sur le jeune garçon, maladroit dans ses réponses. Le père de la petite fille disparue est convaincu que Kevin est coupable, qu’il a fait du mal à sa fille. Et sa haine commence à tout faire pourrir.
Eric Moore veut absolument croire à l’innocence de son fils, pourtant lui aussi doute. Entre son épouse et lui, une faille se creuse aussi. Et plus ça va, plus Eric Moore comprend que sa vie n’était pas pareille aux photos de ce qu’il concevait comme le bonheur.
Bon moment de lecture que ce thriller psychologique (mais pas non plus le livre de l'année), où les soupçons, insidieusement, comme un lent poison fait son œuvre destructrice.
Les soupçons, comme le poison, s’infiltrent dans les esprits, dans les corps et tuent tout aussi sûrement.
La narration est simple et efficace – en quatre chapitres, Eric Moore raconte sa vie, telle une autobiographie, et tout cela est empreint d’énormément de mélancolie, on se sent presque aussi écrasé que le narrateur par ce qu’il apprend sur lui et ceux qui l’entourent. Assez curieusement, j’ai ressenti peu de sympathie pour cette famille qui vole en éclat, même si le suspense est excellent – ce père semble débarquer d’une autre planète et regarde tout sa vie se déliter.
Ce qu’il y a d’effrayant dans tout cela, c’est la violence, la rage, que l’on sent sous une narration calme, voire presque terne. Cela vous prend à la gorge et ne vous quitte pas pendant un certain temps.
La description des lieux, de ce bel automne (été indien) à tout jamais détruit, est fort bien rendue, tout comme d’ailleurs l’introspection que le père est enfin obligé de faire pour tenter de comprendre l’incompréhensible.
Ce livre est un prêt de Manu, son avis ici