Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
7 novembre 2010

THE WORLD OF LUCAS CRANACH THE ELDER

thmb_9136_img1

Un artiste au temps de Dürer, Titien & Metsys

J’ai la chance de posséder deux très jolis livres d’art sur le peintre Albrecht Dürer que j’aime beaucoup, tant pour son art que pour ses idées. Dans l’un des ces deux livres, qui s’intitule « Dürer et son temps », il était question de son contemporain et ami, Lucas Cranach the Elder, dont je ne savais rien.

Je comptais donc me rendre à cette exposition organisée par le palais des Beaux-Arts (Bozar pour les intimes) – quelle ne fut donc pas ma joie lorsqu’une amie me fit signe qu’elle possédait des entrées pour l’expo en question (un dimanche, malheureusement, ce que je considère le pire des jours pour une visite, mais ce ne fut pas trop horrible, car la foule arriva lorsque nous partîmes).

Mais quel  plaisir pour les yeux que cette exposition, à condition d’accepter l’art du 15ème siècle avec ses mièvreries religieuses autant que ses sujets profanes remplis de symboles (sujets nettement plus intéressants à mes yeux).

Je suis généralement peu touchée par les sujets religieux, souvent pompeux et dramatiques, du moins dans les gravures. J’éprouve d’ailleurs la même chose quant aux gravures d’Albrecht Dürer, dont je préfère – et de loin – les aquarelles.

Qui était Lucas Cranach l’Ancien ?

150px_Lucas_Cranach_d___C3_84__063

portrait de Lucas Cranach l'Ancien
peint par son fils, Lucas Cranach le Jeune
(
et non Autoportrait, comme le dit erronément wikipedia,
Cranach l'Ancien n'ayant réalisé qu'un seul autoportrait
figurant d'ailleurs dans l'exposition
)

Un graveur sur bois, un dessinateur et un grand peintre de la Renaissance – l’exposition le lie d’ailleurs à ses contemporains, replaçant son œuvre dans le contexte de l’époque (socialement, culturellement et artistiquement) et ce par le biais de dessins, tableaux et gravures (150 pièces d’une beauté exceptionnelle).

Lucas Cranach naquit en 1492 en Franconie – plus particulièrement à Kronach, on pense d’ailleurs que son patronyme est un dérivé de sa ville natale.

Vers l’âge de 30 ans, il part de la Franconie pour Vienne ; à cette époque, sa peinture est essentiellement d’inspiration religieuse.

En 1505 il s’installe à Wittenberg et est engagé comme peintre de cour chez Frédéric le Sage, électeur de Saxe.

En plus d’être peintre de cour, Lucas Cranach l’Ancien fut diplomate, homme politique (bourgmestre). De plus il a aussi reçu le droit d’être apothicaire, ce qui le met en rapport avec herbes, minéraux, lui donnant accès aux pigments qui lui permettront de développer ses coloris – notamment un bleu très particulier que les connaisseurs surnomment « le bleu Cranach ».

Les images qu’il peint de la cour de Frederick le Sage sont faites pour montrer la magnificence de cette cour, l’une des plus importantes de son époque. Il y montre des tournois, des parties de chasse, des fêtes.

L’électeur de Saxe, Frederick « le Sage » doit son surnom à la prudence avec laquelle il gouverne – bien que protecteur de Martin Lüther, il est très croyant, suit les pratiques du catholicisme (messe quotidienne, culte marial, culte des saints et des reliques).

En ce qui concerne les portraits montrés dans l’exposition, j’ai une nette préférence pour les études de portraits au pinceau (gouache, crayon, aquarelle), nettement plus belles à mes yeux que le travail fini à l’huile.

prev_pfile111642_activity9136Dans l’une des grandes salles consacrées uniquement aux portraits, figurent 4 adaptations du sujet « Lucrèce » - qui n’a aucun rapport avec Lucrèce Borgia, mais une dame romaine qui fut violée par Tarquin le Superbe. A la suite de ce crime, et après en avoir informé son mari, elle se suicide ; du coup les hommes de son mari marchent sur Rome – et selon la légende, c’est à la suite de cela que Rome n’est plus une royauté mais une république (dans l’antiquité s’entend - NDLRédactrice de ce blog).

Parmi les 4 portraits de cette dame, 2 sont de la main de Lucas Cranach.

300px_Bernaerd_van_Orley_002Dans cette même salle, je « retrouve » un portrait de Marguerite d’Autriche, peint par Bernard van Orley et qui illustra mes cours d’histoire.

Les nus peints par Lucas Cranach l’Ancien sont célèbres pour leur grâce et leur sensualité ; ils furent admirés de tous temps, y compris par Picasso.

lucas_cranach

prev_pfile111639_activity9136 prev_pfile111646_activity9136

L’ « Eve » de Cranach est un tantinet plus sérieuse que celle de Dürer – les 2 tableaux figurant côte à côte ; celle de Dürer vous a un petit air coquin, qui donnerait réellement envie de croquer la pomme qu’elle est en train de cueillir. Une constante dans toutes ces représentations d’Adam et Eve, est l’air à la fois accablé et idiot d’Adam.

prev_pfile111647_activity9136Quelques très belles allégories se trouvent aussi exposées – et j’ai beaucoup aimé l’humour dans le tableau de « Venus et Cupidon voleur de miel », où le petit cupidon a l’air bien triste d’être entouré d’abeilles qui ne lui veulent pas du bien – sa Vénus de maman le regarde d’un air maternel et tendrement ironique, comme si elle lui disait « Je t’avais pourtant prévenu ». Le même humour sur le même sujet se retrouve dans un dessin de Dürer, exposé à côté du Cranach. (L’inspiration de cette mésaventure de Cupidon se trouverait dans un texte de Théocrite.)

220px_Lucas_Cranach_d___C3_84__071 prev_9136_img1

La Réforme

cranach_sr_overspeligevrouw prev_pfile111635_activity9136 

A la suite des thèses de Martin Lüther, imprimée à Wittenberg en 1517 grâce à l’électeur de Saxe, la réforme religieuse déferle sur l’Europe. Martin Lüther y dénonce les iniquités de l’église catholique par rapport au vrai message de la bible. Ces bouleversements ont des conséquences sur l’œuvre de Lucas Cranach l’Ancien, qui doit se trouver d’autres commanditaires, compte tenu de la position de son ami le réformateur à l’égard des images et tableaux religieux.

Désormais Cranach réalise de nouvelles images, pratiquement à fonction didactique pour illustrer le dogme protestant. Ses thèmes à présent représentent des images auxquelles les Protestants peuvent s’identifier. (« Femme Adultère », « Samson et Dalila », «  Judith et Holopherne », « les amants mal assortis (le très vieil homme et la jeune femme) » et une très jolie « Mélancolie »)

prev_pfile111645_activity9136

Les dernières années de Lucas Cranach l’Ancien sont marquées par la défaite de la ligue protestante par le très catholique Charles V. Frederick le Sage est emprisonné à Augsburg et Cranach, homme intègre, suit son maître en exil. Lorsque le prince sera libéré mais déchu de sa dignité d’Electeur de Saxe, Lucas Cranach l’Ancien le suivra à Weimar, où il mourra deux ans plus tard.

(je n’aurai pu rédiger cette petite chronique sans les intéressantes informations de l’exposition – images sur le site du Bozar)

Publicité
Publicité
Commentaires
N
j'ai été très surprise car je ne le connaissais que de nom, pour l'avoir lu dans les livres d'art que je possède sur dürer - il y avait réellement des peintures superbes<br /> une belle découverte
Répondre
O
j'aurai aimé voir cette expo. J'ai déjà eu l'occasion de voir des Cranach et j'ai trouvé ça sublime!
Répondre
D
Quant à moi, je reconnais être plus curieux concernant la photo ! Et tu devrais reprendre les pinceaux avec le talent que tu as !
Répondre
N
ce n'est pas mon style préféré, mais je suis très curieuse sur le monde de l'art, peinture plus particulièrement<br /> (si seulement cela pouvait m'influencer à reprendre mes pinceaux et mes crayons ... hélas !)
Répondre
D
Oui, je suppose cette expo très intéressante mais j'avoue ne pas accrocher à ce style de peinture. Donc je postpose cette visite à moins d'un élan..!
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 075
Archives
Derniers commentaires
Publicité