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mon bonheur est dans la ville
16 juillet 2010

OPENING NIGHT, de John Cassavetes

OPENING_20NIGHT

opening_night_1977_05_g

cassavetes_opening_night

Titre français = idem

Scénario, mise en scène et interprétation de John Cassavetes

18917748Myrtle Gordon est comédienne de théâtre, appréciée de son public, des employés du théâtre, un peu moins de son metteur en scène, de la dramaturge et du producteur de la nouvelle pièce « The Second Woman ».

Car Myrtle, comme tous les comédiens, est  fragile et le devient  de plus en plus, au point de chercher du courage au fond de la bouteille. Elle se sent très seule, téléphone à Manny Victor,  metteur en scène, ex-amant, encore amant, à 4 heures du matin, ce qui ne plaît que modérément à son épouse Dorothy.

Elle voudrait renouer avec Maurice Aarons, son partenaire dans la nouvelle pièce, ancien amant aussi, qui en a assez de ses  caprices.

10359__1_john_cassavetes_opening_night_dvd_reviewA la fin d’une représentation d’une autre pièce, une jeune admiratrice est victime d’un accident de voiture, dont elle décède et cette mort va encore plus fragiliser les nerfs de Myrtle, qui ne supporte déjà pas le sujet de la nouvelle pièce de Sarah Goode, celle-ci supporte très mal la comédienne, elle estime qu’elle ne comprend pas le rôle.

En réalité, Miss Gordon comprend surtout que le rôle qu’elle doit interpréter représente une femme vieillissante, mais nettement plus âgée qu’elle. Or, bien qu’elle-même lutte contre l’âge qui pèse sur elle, elle aimerait interpréter le rôle de « Virginia » d’une autre manière que l’a conçue la dramaturge.

Ce qui désole particulièrement la comédienne, c’est le manque d’espoir que véhicule la pièce.

10359__4_john_cassavetes_opening_night_dvd_reviewDe conflit en soûlographie, Myrtle perd pied. Et commence à être « envahie » par la jeune morte – comme ces « amis imaginaires » que s’inventent  souvent les enfants.

Les répétitions se passent de plus en plus mal, jusqu’au soir de la grande première où Myrtle Gordon n’arrive pas, au point que tout le monde panique, surtout le producteur qui jusqu’à présent se montrait plein d’indulgence à son égard.

Lorsqu’elle arrivera, tellement saoule qu’elle tient à peine sur ses jambes, chacun présage la catastrophe. opening_night_1977_09_g

review_openingnightGena Rowlands qui avait déjà ébloui son public avec « A Woman under the influence », remet le paquet 3 ans plus avec le rôle de Myrtle Gordon, qu’elle interprète avec le même panache. Dans le rôle de cette actrice fragile, pathétique, capricieuse, au bout du rouleau, elle est une fois de plus magistrale. Et même sous un maquillage peu avantageux, elle reste superbe.

op062John Cassavetes s’est donné le rôle du comédien Maurice Aarons, cynique, pas du tout près à accepter les caprices de la « star » du spectacle, lui qui n’est qu’un comédien de 2ème ordre. La complicité du couple éclate littéralement sur la scène du théâtre, lorsqu’ils jouent la scène finale de « Second Woman ».

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10359__2_john_cassavetes_opening_night_dvd_reviewBen Gazzara (l’un des acteurs fétiches de Cassavetes) interprète Manny Victor, le metteur en scène qui commence à se lasser de devoir rassurer, réconforter et qui est convaincu que Myrtle/Rowlands et sa mise en scène vont droit dans le mur.

Son épouse est interprétée par Zorah Lampert.

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momafilm2xDans le rôle de la dramaturge, en plein désarroi de voir sa pièce pratiquement saccagée par une actrice qu’elle n’apprécie pas, on trouve Joan Blondell, une actrice qui eut son succès dans les années 30-40, dans des rôles très différents, nettement moins sérieux. Cette comédienne prouve ici qu’elle était capable de jouer bien d’autres choses que les fofolles de service.

Paul_20StewartLe producteur David Samuels, qui commence aussi à paniquer lorsqu’il pense à la somme investie, est joué par Paul Stewart, un acteur qui se tournera vers la mise en scène de théâtre et de télévision.

johnsonLaura Johnson est la jeune admiratrice tuée dans l’accident de voiture, qui commence à ressembler à une métaphore de la jeune Myrtle Gordon, le reflet de la comédienne jeune, qu’elle va devoir « tuer » moralement si elle veut poursuivre sa vie. Myrtle/Rowlands est profondément touchée par le fait que cette jeune femme meurt après lui avoir dit "I love you".

D’autres copains du couple (Peter Falk, Seymour Cassel, Peter Bogdanovich, etc.) font de la figuration le soir de la grande première.

jaquette_252339Dans « Opening Night », John Cassavetes dissèque une vie au scalpel, sans la moindre indulgence.

Entièrement novateur le scénariste-metteur en scène-acteur voulait montrer la femme – qu’elle soit ménagère ou comédienne – sous un autre angle que l’image « nette » que proposait le cinéma. Il voulait parler de la perte de la jeunesse, de la beauté.

Ici on baigne littéralement dans l’alcool dont Myrtle Gordon s’imbibe pour tenir le coup.

John Cassavetes fut un véritable précurseur du « cinéma vérité » qu’appréciera particulièrement la Nouvelle Vague française. Il acceptait des rôles « alimentaires » pour pouvoir produire ses créations.

faces2J’encaisse toujours un peu mal le fait que ses personnages doivent systématiquement hurler leur texte, comme s’il fallait convaincre le spectateur.

A part cela « Opening Night » est du grand art = non seulement d’écriture, mais aussi d’interprétation – seul bémol : 2 h 25, c’est un peu trop long. Même pour une admiratrice inconditionnelle du couple Cassavetes-Rowlands.

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Commentaires
N
merci beaucoup pour ce si gentil commentaire - j'ai été fort touchée par l'histoire de cette femme pour qui l'âge pose problème, si fragile dans sa peur de ne pas être aimée, je comprends cela si bien
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S
Comme toi, je suis une inconditionnelle de ce couple extraordinaire et j'ai adoré ce film que tu présentes, comme toujours, de façon lumineuse !
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