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mon bonheur est dans la ville
14 février 2010

Mrs. DE WINTER, de Susan Hill

manderley

Une “suite” à “Rebecca” de Daphné du Maurier

Les De Winter sont revenus en Angleterre, dix ans après l’incendie qui a ravagé Manderley, cette propriété qui obsède encore et toujours la seconde Mrs. De Winter. Celle-ci n’a pas beaucoup évolué depuis le début de leur histoire : elle est toujours la jeune femme timide, sans réelle force de caractère et toujours en adoration béate de son mari. Ce dernier est encore et toujours perdu dans son passé qui l’obsède.

Lorsque réapparaissent dans leurs existences les exécrables Mrs. Danvers et Jack Favell, la seconde Mrs. De Winter n’a toujours pas le courage de leur dire d’aller se faire voir ; elle est réellement une héroïne qui se laisse balloter au gré des vents de tempête qui traversent sa vie.

Le passé est donc revenu, mais les avait-il seulement jamais quittés ?

Les « suites » de romans célèbres Scarlett » pour « Gone with the Wind » ; les nombreuses suites à « Pride & Prejudice » de Jane Austen) sont toujours une partie de dés des plus hasardeuse. Je me retrouve actuellement dans l’impossibilité de dire du bien de « Mrs. De Winter » par Susan Hill et pourtant j’aimerais ne pas avoir à  démolir complètement cette suite à « Rebecca » de Daphne du Maurier.

Le problème des « suites » littéraires est le même que les « remakes » cinématographiques = on compare toujours à l’original. Du coup on est totalement déçu de ne pas retrouver totalement le ton de l’ « original », et en même temps, si l’auteur(e) a tenté de respecter le ton de l’original, on lui en veut aussi de toute façon.

Je crois que c’est ce qui m’est arrivé avec ce « Mrs. De Winter » ; j’ai retrouvé quelque peu le ton de Daphné du Maurier pour son magnifique « Rebecca », mais ce ton, ici, paraît ennuyeux et larmoyant. Sauf lorsqu’elle décrit les paysages, la campagne anglaise, là on se rend compte que Susan Hill a une belle plume. Il vaut mieux la mettre au service de ses ouvrages personnels, dont la plupart font d’elle l’égale de P.D. James ou Ruth Rendell.

La seconde Mrs. De Winter nous fait partager, tout au long du roman, ce à quoi elle pense ; il n’y a aucune autre action, sauf le « retour » de Mrs. Danvers – toujours aussi méchante. Maxim de Winter est toujours un homme perdu dans ses pensées, qu’il ne partage jamais, tout comme il lui est impossible d’exprimer ses sentiments à une épouse nettement plus jeune que lui et qui rêve d’une autre vie.

De toute façon, si on y réfléchit bien, de par leur passé les protagonistes principaux ne peuvent pas avoir d’autre destin que celui du non-bonheur (qui n’est pas, à mes yeux, exactement le malheur), la vie ne les a pas épargnés et ils ignorent tout simplement comment être heureux ; après tout il a été accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis et n’a jamais pu prouver son innocence ; elle est une espèce de petite « souris grise », un peu simplette à mes yeux – mais soyons réalistes, elle vit en un temps où peu d’épouses se secouent du joug de leur époux – tout le monde n’est pas la sulfureuse Rebecca.

Je n’ai jamais vraiment trouvé Maxim De Winter comme un personnage sympathique et je me suis d’ailleurs toujours demandé comme il avait pu épouser cette falotte petite personne après un personnage aussi flamboyant que sa première épouse.

J’ai acheté ce livre par désoeuvrement, « comme ça en passant », dans une bouquinerie, je ne l’ai payé que 1 euro, et j’ai envie de dire que c’est encore payer trop cher « pour ça » ! le « ça » en question étant une déception à mon égard pour m’être laissée emporter par la curiosité qui – comme on le sait – peut à la fois être une grande qualité et un  vilain défaut, comme dans ce cas-ci.

J’ai aussi acheté le roman car je connais les romans policiers de Susan Hill, comme par exemple le très gothique « The Woman in Black » (qui n’a aucun rapport avec le roman de Wilkie Collins).

A part cela, j’ajouterai encore, pour la défense de Mrs. Hill, qu’elle n’est pas la seule écrivaine à s’être laissée tenter par l’expérience des « suites à Rebecca », il y a – entre autres – « Rebecca’s Tale », « The Other Rebecca ».

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Commentaires
N
tu sais, ce n'est que mon avis cette chronique, peut-être que tu accrocheras ...<br /> c'est le premier livre de susan hill que j'ai lu, mais je sais que ses polars ont très bonne réputation; j'ai commandé "the woman in black" après tout le bien que j'en ai entendu. Et je suis certaine que je ne serai pas déçue - je pense que cette "suite" est une erreur de sa part, mais comme je l'ai dit, ce n'est que mon opinion. Il est vrai que j'adore "Rebecca", dont je relis parfois des passages, l'original m'a trop marquée, je crois, pour avoir été capable d'en apprécier une suite. Une copine anglaise a adoré par contre, donc ...
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K
Ah, je suis déçue... j'aime beaucoup Susan Hill alors j'espérais un truc bien. J'ai vraiment adoré Rébecca... :(
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N
les écrivains qui le font prennent comme prétexte qu'en réalité il s'agit de rendre hommage aux originaux. Mais je suis totalement d'accord avec ce que tu dis.<br /> Mieux vaut encore un pastiche qu'une suite !
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M
En fait, je ne trouve pas très intéressant de lire la suite d'un roman écrit par un autre écrivain. Quel est le but de cet écrivain, sinon financier ? Je ne vois pas comment il pourrait retrouver le style ou même l'imagination du romancier qui a écrit l'original :-/
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N
dommage, j'aurais aimé avoir ton avis ;)
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