LE CRANEUR, de Dimitri Kirsanoff

Paris By-Night, dans les années 50.

« Le Toboggan » est un cabaret à la mode, où se côtoient bons bourgeois désireux de s’amuser et (un peu) s’encanailler, et d’autres personnes, plutôt canailles elles.

C’est là aussi que se produit Juliette, jeune et jolie chanteuse ; pendant son numéro, dans une cabine téléphonique au bas de l’établissement, se disputent  Philippe et Betty Bell, la danseuse de la boîte.

Le client anglais qui avait déjà tenté une première fois d’utiliser la cabine, y retourne et a la désagréable surprise de découvrir le cadavre de Betty. C’est sûr elle a dû recevoir un « coup de fil » qui lui a fait un choc ! Le brave Anglais retourne au comptoir du bar où Philippe  - celui avec qui Betty se disputait – sirote son verre et sa mauvaise humeur, puis quitte les lieux. Lieux où Betty est retrouvée par d’autres, à commencer par le patron de la boîte, Mr Georges. Comme dit l’Anglais : « je crois que c’est le moment d’appeler la police, non ? »

Les soupçons du commissaire Godet (un nom complètement de circonstance pour qui enquête dans un bar !) se portent sur Philippe, dernière personne à avoir vu Betty vivante et surtout se disputant violemment avec elle.

Malgré ses dénégations, Philippe est dans de sales draps, c’est avec son revolver que Betty a été tuée. Quant à ceux qui se prétendent ses amis, ils ne sont peut-être pas aussi sympathiques qu’ils veulent le laisser croire ; toujours est-il que Philippe est arrêté.

Seule Juliette croit en l’innocence de Philippe, pour elle il ne peut s’agir que d’une machination.

Excellent petit polar Série B, datant des années 50, situé dans Pigalle, le quartier glauque de Paris, du moins tel que le voyait le cinéma.

Le scénario se déroule sur le principe du « flash-back », les protagonistes contant leur récit au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue.

Raymond Pellegrin est Philippe, « le crâneur » du titre, pilote automobile et cascadeur, qui a accepté un travail rémunérateur mais peut-être pas très honnête.

Cet acteur, qui tournera cette même année le « Napoléon » de Sacha Guitry, fut entre autres la voix de « Fantomas » dans les trois films réalisés par André Hunebelle. Il a également tourné avec Marcel Pagnol qu’il considérait comme l’un de ses grands maîtres avec Guitry. Il fut  souvent présent dans bons nombres de « films noirs » du cinéma français, comme ici.

Sa première épouse, Dora Doll, interprète ici Betty, jolie danseuse aux mœurs quelque peu légères, victime d’un tueur qui reste dans l’ombre jusqu’à la fin de l’histoire.

La douce Juliette, jolie bouffée d’air frais dans la vie de Philippe, est bien décidée à prouver son innocence ; elle est interprétée par Marina Vlady, alors tout au début de sa carrière ; sa sœur dans la vie, l’actrice Hélène Vallier, interprète Paule, sa sœur dans le film.

Le commissaire Godet est joué par Georges Lannes et Paul Frankeur est le propriétaire du « Toboggan » ; son homme à tout faire est joué par Alain Nobis.

Il faut encore citer Robert Le Béal, dans un rôle assez court, celui de l’Anglais qui découvre le cadavre de Betty ; cet acteur, de par son élégante prestance, interprétait souvent des rôles secondaires de diplomate, ministre, homme d’affaires ou d’Anglais, comme ici.

Un bon divertissement pour qui aime les polars/films noirs, avec décors, costumes, voitures « made in années 50 » et quelques sympathiques mais brefs moments d’humour.

Comments

[denis47]

Je ne l'ai pas vu mais j'ai toujours trouvé Marina Vlady très-très jolie, bonne comédienne bien sûr et une voix qui me plaisait ! Dora Doll excellait dans des rôles secondaires de fille un peu facile, un rien vulgaire ! Je crois qu'elle a fait une belle carrière aussi au théâtre.