BRIGHT STAR, de Jane Campion

(jane campion et ses acteurs)

(john keats, peint par son ami Joseph Severn)

Scénario de Jane Campion d’après la biographie de John Keats, écrite par Andrew Motion.

En 1818, John Keats, jeune et talentueux poète sans grand succès, habite dans le village de Hampstead près de Londres ; son frère est gravement malade et cette situation pèse lourd sur les épaules du jeune auteur qui vit chez un ami, Charles Brown, un ami très possessif qui voit d’un très mauvais œil la jeune Fanny Brawne,  dont la famille est voisine de leur maison, se lier d’amitié avec John. Cette amitié se transforme doucement mais sûrement en un sentiment plus tendre et Brown voit cette relation d’un très mauvais œil, il tourne sans cesse en dérision Fanny et ses créations de couturière ainsi que son manque total de connaissance en matière de poésie.

Et de fait, Fanny Brawne qui reçoit une excellente éducation pour une jeune fille de son temps, n’est pas très versée dans l’art de la poésie, désireuse de se rapprocher de Keats, elle lui demande de lui apprendre ce qu’est la poésie, ce qui fait  se gausser encore plus Brown, dont l’amitié possessive commence à peser sur Keats. Conscient de sa pauvreté, le poète apprécie cette amitié qui lui procure un toit et le couvert, mais qui l’enferme aussi dans une relation étouffante.

Keats et Brown avaient fait un grand tour d’Ecosse ensemble et lorsque le frère du poète meurt de tuberculose, John vient s’installer dans le « parloir », qui servira de salle de travail aux deux hommes.

Lorsque John Keats est à son tour frappé par la terrible maladie, le médecin conseille un climat plus clément et ses amis se cotisent afin de lui payer le voyage vers l’Italie ; l’artiste peintre Joseph Severn accompagnera Keats en Italie et l’assistera jusqu’à la fin de sa vie.

Malgré ses demandes répétées d’accompagner celui qu’elle aime profondément, Fanny Brawne se verra refuser ce voyage, non seulement pour des raisons de bienséance, leur relation ayant déjà donné cours à des ragots, mais aussi pour des raisons pécuniaires. Cependant, Fanny Brawne a reçu de John Keats une bague ayant appartenu à sa mère, en guise de témoignage d’affection et de fiançailles non officielles.

Brown, entretemps, a séduit Abigail, la jeune femme de chambre des Brawne qui  a mis au monde un petit garçon, Charles – peu après, il vient annoncer à Fanny la mort de celui qu’elle aime.

En dehors de « Bright Star », le poème écrit pour elle par John Keats et que récite Fanny Brawne à la fin de l’histoire, des extraits de deux autres poèmes de Keats sont récités au cours du film = « The Eve of St Agnes » et le merveilleux « Ode to a Nightingtale ».

Les critiques cinématographiques, et quelques uns de mes copains cinéphiles masculins, n’ont pas réellement apprécié le film ; ils l’ont trouvé trop long,  trop statique, ne parvenant pas à faire passer l’émotion.

Je ne partage nullement ces critiques, peut-être parce qu’en temps que femme, le film m’interpelle beaucoup plus, surtout que je suis une grande romantique. Le film émouvant, les images très belles, l’histoire est vraie et tragique, ce qui la rend encore plus poignante. Les acteurs sont tout en retenue, plein de pudeur même dans les moments de passion. Comme l’a expliqué Jane Campion dans ses interviews, elle a conçu le film comme une ballade, comme un poème en images.

Les acteurs du film, même s’ils sont peu connus de ce côté de l’Atlantique, ne sont pas des nouveaux venus au cinéma =

Abbie Cornish qui interprète Fanny Brawne, avec énormément d’émotion et de retenue, a été vue dans « A Good Year » et « Elizabeth, the Golden Age »,  où elle interprétait des petits rôles, mais à chaque fois avec talent.

Ben Whishaw est John Keats, poète romantique par excellence au même titre que Byron et Shelley ; l’acteur est aussi émouvant dans cette interprétation qu’il ne l’était dans le rôle de Sebastian Flyte dans « Brideshead Revisited ».

Dans le rôle du très peu sympathique Charles Armitage Brown, on retrouve l’acteur Paul Schneider qui jouait dans « The Family Stone » et « The Assassination of Jesse James by the coward Roberd Ford ».

Quant à Thomas Sangster qui interprète Samuel (Sammy) Brawne, sa filmographie est déjà très impressionnante = « Love Actually », « Nanny McPhee », « Tristam & Isolde », sans oublier « The Last Legion » - depuis ce dernier film tourné il y a 2 ans, le jeune acteur a fameusement grandi ! Son rôle ici est plutôt discret, devant se contenter d’être le chaperon de sa sœur aînée.

Kerry Fox, qui jouait dans le film qui fit connaître Jane Campion « Angel at my table », interprète la mère de Fanny.

Les décors et costumes sont réellement très réalistes, le film se concentrant particulièrement sur la relation entre Fanny et Keats, on ne nous montre pas beaucoup la vie de l’époque.

La réalisatrice Jane Campion aime filmer des drames romantiques = elle nous a donné le très beau « The Piano » ainsi que « Portrait of a Lady », ainsi que « In the Cut », un thriller que j’ai moins apprécié et où Meg Ryan « cassait » son image de la « gentille fille » du cinéma.

Elle aime filmer les enfants et avait déjà offert à Anna Paquin son premier grand rôle au cinéma ; ici elle filme avec tendresse Edie Martin dans le rôle de l’adorable Margaret « Toots » Brawne, la plus jeune enfant des Brawne, et malgré mes réserves quant aux enfants-acteurs, elle est réellement craquante.

Pour découvrir un autre avis sur ce film = le blog de denis.

Comments

[niki]

tu sais, denis, je ne raffole pas non plus d'entendre d'autres lire la poésie à haute voix, mais j'aime beaucoup me réciter des poèmes à moi-même, pour la musique des mots que les poètes font chanter - je dois dire que keats est un poète que j'apprécie particulièrement, tout comme tennyson.
mais c'est vrai que je suis une grande romantique, souvent mon mari me taquinait gentiment là-dessus.

[denis47]

Je constate que tu as apprécié le film et que nous avons un avis différent ce qui est très bien, le même avis sur tout deviendrait lassant et empêcherait peut-être une oeuvre de vivre ! Peut-être, en effet, faut-il être romantique !? Je reconnais que je ne le suis pas trop ! La poésie, ce n'est pas ce que j'aime vraiment en littérature sauf exception et les poèmes lus m'ennuient en général, je ne parviens pas à ressentir de l émotion, ce qui n'enlève rien aux autres qualités du film que j'ai soulignées et à l'interprétation des acteurs !