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mon bonheur est dans la ville
6 février 2010

LA CUISINE D'ELVIS, de Lee Hall

photo

Au théâtre de la Toison d’Or

Traduction de Frédérique Revuz & Louis-Charles Sirjacq

Mise en scène de Georges Lini

Lumières = Philippe Warrand

Décor sonore = Laurent Horgnies

Une famille anglaise type.

« Type », dites-vous ? pas vraiment = le père (Dad) réduit à l’état de légume après que son automobile ait rencontré un camion d’un peu trop près, après une énième dispute avec sa chère et tendre.

Cette « chère et tendre » c’est « Mam »,  qui est prof ; elle approche la quarantaine, qu’elle porte bien, est alcoolique et anorexique depuis l’accident. A encore envie, besoin, de s’amuser, de plaire, d’aimer.

Et enfin, leur fille Gillian (Jill), 14 ans, pas de petit ami, plutôt ronde, sa mère la traite de « grosse » - bref, disons qu’elle est un peu enveloppée. Elle est aussi boulimique que sa mère est anorexique. Elle et sa mère semblent réellement se haïr, Jill reprochant à sa mère son manque d’intérêt pour le père, la nourriture, mais trop d’intérêt pour un homme plus jeune. Jill voudrait devenir chef-cuisinier et adore imaginer des plats tous plus originaux les uns que les autres, que Mam refuse totalement de manger.

L’homme plus jeune c’est Stuart. Sympa, pas vraiment une lumière, il est inspecteur dans une fabrique de gâteau. Mam et lui se sont rencontrés dans une boîte, il la croyait plus jeune, mais finalement l’âge, il s’en fiche, il trouve Mam « super ». Cela lui vaut l’inimitié immédiate de Jill.

Mam finalement installe Stuart chez eux, cela fait hurler Jill de rage, jusqu’au jour où elle est seule avec Stuart, qui est un brave gars et se sent tout à coup attiré par elle. Lorsqu’il lui fait comprendre que « c’était une erreur » (elle n’a tout de même que 14 ans !),  Jill se venge et là-dessus rapplique sa mère !

Et Elvis, que vient-il faire dans tout ça ? C’est simple, Dad était un fou d’Elvis, il avait décidé de se produire dans des soirées de « sosies » et karaoké.

Lee Hall est connu outre-Manche pour ses pièces radiophoniques, pour lesquelles il a déjà obtenu quelques prix. Il a adapté Brecht et Büchner et ces adaptations ont été créées avec succès dans les théâtres de Londres.

Il est surtout connu en tant que scénariste pour « Billy Elliot », un film plein de tendresse et d’humour, dans une Angleterre de Miss Maggie, où le chômage sévit.

Sa pièce « La cuisine d’Elvis » est un véritable drame – mais un drame où l’on rit du début à la fin, parfois c’est même du délire ! C’est le cas de le dire, avec cette pièce « On rit du malheur des autres », car cette « cuisine familiale »  est terriblement pathétique et cruelle, à travers des dialogues d’un humour anglais parfois fort « trash ».

Le quatuor est interprété par 4 comédiens qui s’y donnent « à fond » et qui jonglent avec les dialogues et les sentiments avec une maestria sans égale.

Jill est interprétée par Catherine Grosjean, Vincent Lécuyer est le malheureux Stuart qui débarque dans cette famille vraiment pas très typique ; le malheureux garçon est vraiment mis à toutes les sauces, c’est le cas de le dire.

La mère est jouée par Isabelle Defossé, que j’avais découverte dans « STIB », où elle interprétait avec talent  la jeune Eva, apprentie-romancière. Ici en mère encore fort jeune d’allure, qui n’a aucune envie d’être « enterrée » chez elle avec un mari qui n’a plus aucune réaction (sauf érection parfois), elle est émouvante, pitoyable, méchante … et particulièrement excellente.

Quant au père, il est joué par John Dobrynine, qui – en principe passe une partie de son temps en chaise roulante – sauf lorsque soudain il se met (probablement) à rêver à Elvis Presley. Le comédien surgit alors en costume du « king », et chante en playback. C’est hilarant, et pathétique lorsqu’il retombe dans sa catatonie.

« La Cuisine d’Elvis » est une pièce formidablement bien jouée, qui vous fait réfléchir aux drames quotidiens que vit cette famille dysfonctionnelle – oui, on rit beaucoup, mais c’est un rire qui se termine un peu en grimace lorsqu’on y repense.  Ce qui ne signifie pas que je n’ai pas apprécié à la fois le jeu des comédiens, et la mise en scène, et le texte.

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Commentaires
T
En lisant le titre, je pensais que tu parlerais d'un livre de cuisine, celui d'Elvis LOL - c'est fou ce que l'on peut avoir l'esprit focalisé sur certains trucs ;)<br /> <br /> Billy Eliot est vraiment un bon souvenir et si cette pièce est à la hauteur du film, je comprends que tu aies passé un bon moment !
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