FRANCE BOUTIQUE, de Tonie Marshall

Après les salons de beauté de Vénus, leurs esthéticiennes et leurs clientes névrosées, après un grand détour romantique newyorkais avec "Au plus près du paradis" en hommage à "Elle & Lui" de Leo McKern, Tonie Marshall fait entrer le spectateur dans le monde du télé-achat avec bonne humeur et grincements de dents dans ce style aigre-doux dont elle a le secret.

La petite chaîne de télé-achat fondée par France et Olivier bat de l'aile à l'audimat, tout comme leur mariage après dix ans d'existence. Il leur faudrait absolument une bonne idée de présentation pour un article qui leur est imposé par une société de vente sur le net qui menace de les absorber et les faire disparaître.

Parallèlement aux petits problèmes professionnels et personnels du couple, on rencontre une galerie de portraits cyniques ou drôles et touchants comme la réalisatrice aime à les observer et les décrire avec tendresse.
On se demande comment Olivier (interprétré par un François Cluzet légèrement ahuri), attiré par une jeune artiste, va pouvoir se dépêtrer des griffes de jeune mante sado-maso.
La séquence futuriste pour une plaque de décongélation donne à Olivier, plein d'états d'âme pseudo-intellectuels, l'occasion de disserter sur notre devenir face à un morceau de cabillaud en train de fondre !
Un amusant moment d'anthologie cinématographique.

Judith Godrèche, en jeune actrice à la blondeur sexy, bourrée de snobisme et d'autres substances nettement plus illicites, est fort savoureuse en présentatrice prête à tout pour conserver son poste.

Par contre j'ai éprouvé un réel agacement à l'égard de Karin Viard, en France, qui semble se complaire dans ses rôles d'amours névrosées en plein pathos et qui est exaspérante en fausse victime. Je suppose que ce choix est délibéré, Viard semble réellement abonnée à ce type de personnage, mais je suis convaincue qu'elle serait excellente dans d'autres types de rôles.

Parmi les autres personnages secondaires qui passent à travers cette sympathique histoire, il y a Micheline Presle pleine de drôlerie et d'humour dans un rôle malheureusement bien trop court. Il y a aussi Nathalie Baye en jeune femme d'affaires sans scrupules au joli sourire carnassier.

Avec une mention spéciale à Bernard Menez, cet acteur si sympathique que j'ai eu vraiment grand plaisir à retrouver à l'écran dans le rôle du metteur en scène des séquences de vente.

Un petit film sans prétention, moins profond que "Vénus-beauté Institut", mais divertissant.