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mon bonheur est dans la ville
29 août 2009

LA STELLA CHE NON C'E, de Gianni Amelio

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Tandis qu’à l’extérieur d’une usine en Italie les travailleurs manifestent, les responsables italiens fêtent la vente de cette usine aux investisseurs chinois. Vincenzo Buonavolontà (on verra par la suite qu’il est vraiment bien nommé, plein de bonne volonté) est ouvrier spécialisé dans la maintenance des diverses pièces ; il constate qu’une pièce du haut-fourneau est défectueuse et il conseille aux acheteurs de ne pas démonter le haut-fourneau avec rapidité et surtout pas à l’aide d’un chalumeau oxydrique. Lorsqu’il arrive à réparer la pièce, le haut-fourneau en question est depuis longtemps parti pour la Chine, étant donné que personne n’a tenu compte évidemment de ses observations. Vincenzo décide alors d’aller leur porter la pièce.

Dans une bibliothèque de Shangaï il retrouve Liu Hua, la jeune interprète qui a perdu son emploi par sa faute, lorsqu’il lui a fait remarquer devant tous les directeurs qu’elle se trompait dans sa traduction.

Ne parlant pas la langue chinoise, il lui demande toutefois de l’aider à retrouver le haut-fourneau moyennant paiement.

Malgré sa colère contre lui, elle finit par accepter et commence alors un périple à travers le pays, de transports urbains en train et camion, bref un voyage à la manière d’un  Marco Polo du 21ème siècle, de Venise au géant oriental.


Vincenzo commence à réaliser la démesure du pays, les contrastes et Liu lui fait comprendre qu’il voyait la Chine sans les Chinois.

La vision de Gianni Amelio sur la Chine n’est guère optimiste, ou du moins c’est un regard plein de désillusions sur  un pays où les enfants errent dans les rues, où la crasse est partout, où la bureaucratie fait obstruction, mais où il reste tout de même, chez les plus vieux, une certaine humanité. L’obstacle de la langue n’est certes pas l’un des moindres non plus.

J’avais craint en allant voir ce film de retomber sur une pâle imitation de « Lost in Translation », l’humour en moins. J’avais oublié que le cinéma italien porte toujours un regard réaliste et parfois amer sur la vie, fût-elle en Chine ou ailleurs dans la tradition du néo-réalisme à l’italienne.

« La Stella… » n’est pas non plus un film exempt de tendresse et d’une certaine poésie, mais je trouve le regard d’Amelio relativement cynique.

Le périple de Vincenzo Buonavolontà n’est pas une partie de campagne, n’est pas une balade touristique plaisante à travers un pays immense, par moment le pays lui paraît même carrément hostile.

18672183_w434_h_q80Le film est formidablement interprété par Sergio Castellito et une nouvelle venue, la jeune Chinoise Ling Tai qui n’a peut-être pas la beauté de Gong Li ou Ziyi Zhang mais elle n’a rien à leur envier du côté du talent.

Les deux interprètes sont émouvants, ils semblent parfois écrasés par le poids de l’immensité chinoise, mais ils sont toujours très justement dans le ton.

Vincenzo c’est l’homme qui décide d’aborder la montagne et d’y grimper, quels que soient les obstacles parce qu’il possède une certaine intégrité professionnelle et des valeurs qui bien vite s’avéreront peu réalistes face à la Chine.

Il paraît que la commission de contrôle cinématographique chinoise a envoyé un fonctionnaire afin d’étudier chaque ligne du scenario ; elle a également apposé son veto au tournage dans l’aciérie de Chongqing où les conditions de vie et de travail sont particulièrement épouvantables. Ce fut, aux dires du réalisateur, un film au tournage éprouvant. On le croit aisément à la vue de certaines scènes et on comprend aussi pourquoi la commission de censure s’en est mêlée, car le portrait de la Chine moderne n’est pas complaisant.

La fin du film m’a surprise, je ne m’attendais guère à un tel choix, mais après tout, pourquoi pas ?

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