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mon bonheur est dans la ville
29 août 2009

DELIRIOUS, de Tom DiCillo

15319_thumbLes Galantine est paparazzo (singulier de paparazzi), mais ne l’appelez pas ainsi, cela le vexe profondément. Il se considère personnellement comme un vrai pro de la photo à la recherche du cliché-événement qui le propulsera au sommet des photographes professionnels.

Toby Grace est aspirant-comédien, mais surtout SDF ; il fait les poubelles pour se nourrir, dort dans les rames de métro où il se fait voler ses baskets.

Kharma Leeds est une jeune chanteuse à la mode, très sollicitée tant par les paparazzi que par les émissions de télé-réalité ; elle est au bord du burn-out, son boyfriend l’a larguée et ses parents lui font un procès pour être remboursés des frais investis dans son éducation ! On déprimerait pour moins que ça !

Alors que les paparazzi guettent Kharma à la sortie d’une boîte, Toby fait en sorte qu’elle puisse partir sans être harassée par les photographes, puis il se rend chez Les qui lui offre, à contrecoeur, un asile pour la nuit. Les n’est pas le type qui fait facilement confiance aux autres.

Comme Toby est un bricoleur-né, il rafistole tout ce qui ne fonctionne pas chez Les et bien que ce dernier soit le roi des râleurs, il engage Toby comme assistant – non payé faut-il le spécifier.

Il l’emmène là où se donnent des soirées branchées, utilisant toutes les astuces et prétextes pour prendre un cliché.

En fait, Galantine est le type même du gars qui cherche désespérément d’être reconnu pour son talent, surtout de la part de ses parents qui passent leur temps à le critiquer lorsqu’il leur rend visite.

Le gentillesse inconditionnelle de Toby est mise à rude épreuve par ce manipulateur, aimant se faire passer pour un gars victime de sa générosité.

Dans un premier temps, le jeune gars sera dupe de cet homme à qui il offre son amitié, mais Toby est amoureux fou de la jolie Kharma et lorsque le hasard les réunit, Les va révéler son vrai visage. Toby n’aura d’autre choix que la fuite en avant où l’attend la célébrité au tournant, mais Galantine également.

De Tom DiCillo j’avais fortement apprécié le décalé « Living in Oblivion », un film d’auteur datant de 1995 ; ce fut aussi la première collaboration avec Steve Buscemi.

Son premier film jetait un regard très cynique sur le monde du cinéma intello newyorkais. Ici le regard se fait caustique sur le monde du spectacle, des télés soi-disant réalités, des gens du spectacle et leurs némésis, ces photographes-prédateurs qui les guettent comme des rapaces, à la recherche du cliché à la limite sordide qui rendra la paparazzo célèbre (pluriel : paparazzi, j’ai quand même retenu quelque chose de mes 6 années d’italien !).

Rappelons que Paparazzo est le nom du photographe, ami de Marcello Mastroianni dans «la Dolce Vita » ; c’est à la suite de ce film que le patronyme est devenu nom commun, synonyme de photographe traquant les célébrités.

Une fois de plus, c’est à New York que se situe l’action du film, c’est surtout la nuit qu’elle prend sa dimension dans « Delirious », où les plus paumés dorment dans les rues, à l’ombre des palaces luxueux et des buildings cinquants. Par moment, le film m’a fait passer à l’ambiance de « Macadam Cowboy », même si on est loin de l’atmosphère glauque de ce film-là.

Dans le rôle de Les Galantine, Steve Buscemi est une fois encore très bon, même si une fois encore on lui fait endosser le costume du loser, ici prétentieux, vantard, manipulateur, geignard et vindicatif.

Tout juste après « Delirious », Buscemi a tourné « The interview », où il interprète également un journaliste plutôt paumé.

C’est Michael Pitt – l’un des deux jeunes psychopathes du « Funny Games » d’Haneke - qui prête son visage poupin à Toby, le gars tellement gentil qu’on a envie de lui offrir le bouquin de Thomas d’Ansembourg « Cessez d’être gentil, soyez vrai » ; j’ai eu beaucoup de difficulté à accrocher à ce personnage ayant autant de candeur.

Il y a une scène très métaphorique où le jeune homme regarde une mouche engluée dans du sirop, se débattant pour en sortir; après des efforts surhumains - si on peut dire cela de la part d'une mouche - elle s'en tire et tout cela pour nous prouver à nous pauvres spectateurs lambda que le jeune Toby est lui aussi englué dans une histoire d'amitié dont il ne sait plus comment se sortir. Effet un  peu facile qui a le don de m'agacer fortement.

Quant à Alison Lohman, elle continue à prouver qu’elle a du talent, comme on le découvrit dans « White Oleander », son premier rôle. Elle interprète ici, avec beaucoup de conviction, un véritable clone de Britney Spears, la vulgarité en moins.

C’est Gina Gershon qui interprète l’attachée de presse qui découvre (au propre comme au figuré) le talent de Toby. Ses deux alter ego qui phagocytent la vie de la pauvre petite fille riche, sont interprétés par David Wain et Callie Thorne.

L’histoire cynique à souhait est aussi assez féroce dans son étude du star-system, avec célébrités paumées face aux photographes agressifs ; c’est une critique évidente du monde du « paraître », qui mérite amplement les prix obtenus.

Le rôle de Toby est particulièrement intéressant, ce nouveau Candide dans le monde du spectacle est fort bien étudié, même si comme je l’ai dit, je n’ai pas accroché à cent pour cent.

Dire que j'ai été aussi emballée par "Delirious" que par "Living in Oblivion" serait faux; j'ai souri à ce regard quelque peu amer sur le monde du spectacle, mais sans plus car la presse "people" nous a désormais permis de comprendre elle-même son rôle écoeurant qui transforme ses lecteurs en voyeurs complaisants.

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