LE HERISSON, de Mona Achache

Renée Michel est concierge dans une immeuble très huppé, où vivent des gens riches pour qui elle est une quantité négligeable. Tant qu’elle fait son travail …

Madame Michel a un caractère un peu ronchon, un chat (hé oui !), heureux et ronronnant nommé Léon, et un secret bien caché derrière une porte de son appartement.

Dans l’arrière-cour de l’immeuble loge un SDF, Jean-Pierre, simple d’esprit mais pas méchant.

Paloma Josse est une petite fille de 11 ans, très intelligente, qui vit dans une des familles de l’immeuble. Chez les Josse, il y a le père ministre, la mère maniaco-dépressive qui adore la psychothérapie à deux balles et parle plus à ses plantes qu’à ses filles, la fille aînée Colombe, brillante étudiante, amoureuse de Tibère, méprisant sa mère et sa sœur, souhaitant égaler le père.

Il y a encore deux chats : Parlement et Constitution. On s’étonnera alors que Paloma ait décidé de se suicider à la fin de l’année scolaire – il lui reste donc 165 jours à vivre, pendant lesquels elle dessine et filme sa famille, dont elle se cache autant que possible. Malheureusement ses cachettes sont toutes grillées.

C’est alors qu’elle se lie avec Madame Michel qui, à ses yeux, a trouvé la cachette idéale : personne ne vient jamais dans sa loge. Sauf Manuela, la femme de ménage des Josse. Et à présent, la petite Paloma.

Arrive dans l’immeuble Monsieur Ozu, riche Japonais, qui partage avec Renée le goût de la lecture d’Anna Karénine de Léon TolstoÏ. Paloma apprenant le japonais se lie aussi d’amitié avec Monsieur Ozu.

Kakuro Ozu est intrigué par Renée et éprouve de la sympathie pour elle, au point de l’inviter à dîner, et ce malgré ses réticences – oublierait-il qu’elle est la concierge de l’immeuble, pas supposée frayer avec des gens d’une classe qui se croit supérieure ?

Cela ne rebute guère le nouvel arrivant et une amitié s’installe entre ces trois âmes solitaires.

Quelle merveilleuse surprise que ce « Hérisson », émouvant, piquant et tellement humain.

Josiane Balasko n’a plus besoin de prouver quelle excellente comédienne elle est, mais de rôle en rôle, elle s’éloigne des rôles de clowns dans lesquels on la confinait.

Ici, en femme faussement bourrue, seule et (presque) heureuse de l’être au milieu de son jardin secret – une formidable bibliothèque – elle est bouleversante de vérité et de fragilité.

La petite Garance le Guillermic est une Paloma convaincante et attendrissante. Toko Igawa est une très honorable et distingué Kakuro Ozu.

Il faut encore citer Ariane Ascaride en sympathique Manuela, heureuse que son amie puisse enfin un peu sortir de sa loge.

La famille Josse se compose d’Anne Brochet (la mère), très convaincante en pleurnicharde bourgeoise ; Wladimir Yordanoff est le père et Sarah Le Picard est la « puante » Colombe.

Gisèle Casadesus apporte sa participation en vieille dame riche, perdant un peu la mémoire. Jean-Luc Porraz interprète avec conviction un SDF à côté de ses pompes.

Le film de Mona Achache est joliment entrecoupé d'animation dessinée, véritablement artistique sous la direction de Cécile Rousset, dont j'envie le talent.

Librement inspiré du roman de Muriel Barbery, je suis heureuse de ne pas avoir lu le livre avant de voir le film, ainsi ai-je pu éviter l’écueil de la comparaison et de connaître la fin, très surprenante.

Par contre, à présent que je puis mettre un visage sur les personnages, je vais me précipiter pour découvrir le roman.