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mon bonheur est dans la ville
6 août 2009

COEURS, d'Alain Resnais

692_ma16887Il neige sur Paris. Nicole cherche un appartement pour elle et Daniel, qui passe la plupart de son temps au bar, où travaille Lionel. C’est Thierry, agent immobilier, qui guide Nicole dans ses choix, mais ceux-ci s’avèrent compliqués, comme sa relation avec Daniel qui se saoûle pour oublier qu’il a été viré de l’armée. Quand Thierry retourne au bureau, il y retrouve Charlotte, sa collègue très croyante, limite bigote, qui cache pourtant un jeu assez pervers. Charlotte garde le père de Lionel, pendant que celui-ci est derrière son bar. Et le père de Lionel est un odieux vieillard, grossier, hargneux, cloué au lit. Quant à Thierry, lorsqu’il rentre chez lui, il retrouve sa jeune sœur, qui espère toujours l’homme de sa vie et sort chaque soir dans l’espoir de le rencontrer.

Pendant une semaine, ces personnages tour à tour désabusés, en colère, tristes, émouvants, poignants ou drôles, vont plus ou moins se croiser, certains vont se rencontrer, d’autres vont se perdre.

Ici aussi, comme pour le film de Robert Altman, on a parlé de film- testament …

Personnellement je préfère dire que « Cœurs » résume à lui tout seul toute l’œuvre d’Alain Resnais, dont l’un des thèmes fut souvent la difficulté de communiquer, d’aimer, sujets tristes s’il en fût, mais que ce fantastique réalisateur qu’est Alain Resnais a souvent traité avec un certain humour un peu décalé.

Une fois encore, il s’est inspiré d’une pièce d’Alan Ayckbourn. Comme pour le très jubilatoire « Smoking / No Smoking » (d’après « Intimate Exchanges »), on retrouve le sujet préféré de l’écrivain de théâtre anglo-saxon, à savoir les petits travers humains, observés à la loupe comme un entomologiste observerait une colonie de fourmis. Chez Ayckbourn, rien n’est jamais simple et si on rit souvent, c’est souvent d’un rire un peu grinçant, un peu jaune. C’est tellement bien observé qu’on ne peut s’empêcher de regarder en soi et de s’y retrouver dans cette manière de compliquer les choses les plus simples.

Alain Resnais a réalisé un très joli film avec ces « Cœurs » à la dérive, on sourit souvent, mais on éprouve aussi une immense tendresse pour tous ces paumés, qui aimeraient trouver quelqu’un à aimer sans les habituelles complications de l’existence. C’est une histoire pleine de mélancolie, teintée d’un petit sourire de temps en temps. J’ai beaucoup aimé aussi cette manière de laisser la neige séparer chaque plan, chaque tranche de vie.

Inutile de dire que les six acteurs plus un (que l’on entend beaucoup, mais qu’on ne voit jamais) sont fantastiques ; Resnais a réuni autour de lui ses acteurs-fétiches, Sabine Azéma, Pierre Arditi, André Dussolier, Lambert Wilson. Il leur a ajouté les charmantes Laura Morante et Isabelle Carré. Mais tous sans exception sont excellents. Et surtout ne pas oublier Claude Rich, hilarant en horrible vieillard libidineux, hargneux, agressif, que l’on entend mais ne voit pas.

« Cœurs » est à voir absolument et bien qu’il soit un film un peu pessimiste dans son ensemble, on ne sort pas de là écrasé par le poids de la mélancolie mais au contraire avec beaucoup de tendresse au cœur pour ceux qui souffrent du mal d’amour.

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